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FORUM Germinal

 
   UN PEU D'OBJECTIVITE  
     
   19 Mai 1997  
   

Je n’ai pas assisté à la réunion du 23 Février , au cours de laquelle le Père Ela a fait un exposé sur la situation africaine. A lire le texte publié dans le dernier numéro de Germinal, je ne regrette pas mon abstention . Se faire interpeller collectivement , en tant que Chrétien et en tant que Français, d’une manière aussi peu objective est navrant. Le discours reprend des arguments simples, assénés sans exemples, ni preuves, mais qui ne sont pour autant ni complets, ni exacts.

 

  1. Le conférencier prétend que les échanges africains seraient essentiellement organisés avec les pays dits du Nord et que : "donc un grand nombre de richesses de 1’A%ique sont contrôlées par ceux qui maîtrisent les règles du marché mondial ." Cette phrase est gratuite, parce que les pays industrialisés n’empêchent pas les pays africains de commercer et de s’entendre entre eux .
    Après avoir cité la dette extérieure comme étant un autre facteur d’appauvrissement , ce qui est malheureusement vrai , l’auteur indique que ce sont les pays dits du Sud, dont l’Afrique fait partie, qui financent les pays fiches . Ce raisonnement n’est pas exact . En effet , celui qui est endetté n’est pas dans la position de financer son créancier, tant qu’il n’a pas remboursé le capital emprunté , ni payé les intérêts dûs , ce qui est le cas de l’Afrique jusqu’à présent. Il faut souligner au surplus que les pays émergents ( expression plus correcte que celle de pays du Sud ) portent une dette qui s’élève encore à plusieurs centaines de milliards de dollars vis-à-vis des pays industrialisés et des organisations internationales. Ce reliquat subsiste après qu’un certain nombre de ceux-ci aient cependant accepté des moratoires importants de dettes à la fin des années 80 et au début des années 90.
  1. Il faut savoir que ,pour sa part , l’aide publique française , directe et indirecte , c’est-à-dire celle qui est payée par le contribuable , aux pays émergents ,principalement à1’A%ique , atteint encore plusieurs centaines de milliards de francs. Il faut rappeler que la France , qui est l’un des tout premiers prêteurs au Tiers Monde par l’importance de sa créance totale publique (celle qui est versée par1’ Etat et par les organismes qui lui sont rattachés ) , a pris des mesures qui peuvent être analysées comme un effacement partiel de sa créance , à plusieurs reprises depuis quinze ans .

 

  1. - Par exemple, en 1996 , le gouvemement fiançais a effacé 600 millions de Francs de sa créance sur le Maroc et a transformé 400 millions de Francs de ses prêts en une subvention à la construction d’écoles dans le nord de ce pays . Il faut parler de la Caisse Française de Développement , établissement public qui est une entité étatique française ,qui emprunte des milliards de Francs à la Bourse de Paris et sur les marchés internationaux, avec la garantie de l’Etat fiançais - donc du contribuable - , pour les prêter ensuite aux pays émergents , en particulier à l’Afrque. Il faut dire que le Trésor français est lié aux Trésors locaux des pays africains francophones de la zone Franc par un compte dit d’opération qui permet à ceux-ci de tirer automatiquement sur la France les devises dont ils ont besoin pour leurs paiements aux autre pays dans le Monde -Ils remboursent la France exclusivement en Francs , généralement avec un grand retard.

4 - Il faut indiquer que les banques françaises ont perdu de fait plus de 80 milliards de Francs entre 1982 et 1990 sur des prêts qu’elles avaient consentis auparavant aux pays émergents ,qui ne leur seront vraisemblablement jamais remboursés , qui viennent donc en déduction des bénéfices et qu’elles ont dû inclure dans le calcul des taux de leurs crédits ,logement et consommation, aux emprunteurs fiançais ,particuliers et entreprises. Pour sa part , la Banque Mondiale a été et est toujours confrontée à des difficultés identiques.

5 - Qualifier les quelques milliers de militaires fiançais dispersés sur une vaste partie du continent africain de forces d’occupation étrangères relève d’une certaine affabulation . Une semblable qualification peut être donnée , dans un autre ordre d’idées , à la comparaison qui a été faite entre les tueries qui opposent les Hutus et les Tutsis au Burundi et au Rwanda et les controverses qui séparent nos amis belges ,francophones et néerlandophones.

Il est également dommage de parler d’une " certaine montée de l’intégrisme " au Soudan, alors que l’on sait que dans ce pays la dictature islamiste massacre d’une manière systématique les populations chrétiennes du sud. On pourrait relever un certain nombre d’autres partis pris, inexactitudes ou méconnaissances des réalités . Ainsi , il est fâcheux que le conférencier ait pu déclarer que la relève des ONG n’était pas suffisamment assurée et préparée avec les Africains, alors que l’action ,souvent ingrate et obscure ,toujours efficace et surtout continue de ces Organisations ,en particulier des Communautés religieuses , qui recueillent d’ailleurs les dons de dizaines de milliers de Français , devrait appeler l’admiration et la prière de tous.

Je regrette qu’un Prêtre puisse être aussi peu objectif dans ses propos et que la Paroisse ait pu offrir à l’intéressé une tribune et un retentissement qui n’étaient pas mérités .

 

Jean-Louis Butsch.

 

 
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