I - D'abord à Chevetogne sont réunies deux Eglises, physiquement et spirituellement :

a) L'Eglise de rite latin.

Superbe bâtiment tout neuf. Pour nous, ce n'est pas une vraie découverte, sinon par différence : nous nous rendons compte que notre culture, notre spiritualité de Chrétiens occidentaux est marquée par l'histoire séculaire du centralisme romain, l'accent théologique mis sur le Père et le Fils, le relatif effacement de l'Esprit Saint, une richesse faite de clarté, de rigueur, de moralisme, un sens très vif d'une intelligence théorique de la Foi, mais un peuple de Dieu qui, malgré Vatican II, reste mezzo voce.

Désormais, par réseaux successifs, c'est au peuple de Dieu dans son entier, et non plus à des spécialistes, qu'il revient de manifester une amitié entre des frères. A Chevetogne, cette amitié est vécue.

b) L'Eglise Orientale est un autre monde.

On doit à la vérité de dire que, dès l'orée de son pontificat, Jean Paul II avait rappelé que le Christianisme doit respirer avec "ses deux poumons".

A Chevetogne, "le poumon principal" est l'Eglise orientale.

Ce bâtiment construit dans le style de Novgorod s'orne de haut en bas, comme une figure de la demeure des cieux, des peintures hiératiques de Saints et d'icônes tandis que les chants magnifiques qui s'élèvent vers Dieu sont le témoignage d'une infinie noblesse dont le centre spirituel est la communauté entre les performances divines et les hommes grâce au Christ.

A l'exact opposé de la Pensée de Pascal selon laquelle "le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie", on pourrait presque sentir la présence du ciel déjà sur la terre. On craint qu'elle n'en devienne paralysante et ne mettre un frein à la liberté d'initiative des hommes.

En déposant à Constantinople, sur l'autel de Saint Sophie, la Bulle d'Excommunication qui allait donner naissance en 1054 au grand schisme d'Occident, le malheureux Légat pouvait-il imaginer quel traumatisme il allait provoquer dans le Christianisme ?

Chez un humain, couper en deux le cerveau ou le coeur c'est... le faire mourir immanquablement !!

La merveille -miracle au sens étymologique- que l'on doit probablement à l'Esprit saint, est que la tradition orientale n'est pas morte. Elle est même une source d'eau vive à laquelle le croyant peut s'abreuver s'il le souhaite, où il peut trouver une part du souffle. Ce qui lui manque dans sa propre culture.

II - Rencontre avec Maxime Gimenez

Notre but était de permettre à la Paroisse de faire de nouvelles rencontres et de nouer de nouveaux dialogues. Nous n'étions donc, en allant à Chevetogne, que des messagers. Mail il arrive aussi que les messagers ramènent à leur tour des messages de Foi et aussi un dialogue avec soi-même où l'espoir ne l'emporte sur le doute que si, pour succéder à la nuit, il est nourri, chaque jour, de lumières nouvelles.

De mon bref passage à Chevetogne, j'ai ramené un livre de Maxime Gimenez, dont je donne ici de brefs passages. Ce livre s'intitule : "LA PAIX la joie sans mélange d'être en vérité."

Ces passages, les voici (p. 54 à 57) :

"La compréhension de ce qu'est la paix messianique, objet de l'espérance biblique suscitée par le prophétisme en Israël touche à quatre dimensions connexes de la finalité de l'histoire.

1. L'effusion universelle de l'esprit

" Les oeuvres de Justice seront paix, et la justice maintiendra le repos et la confiance pour toujours." (Is. 32, 17-18)

"Et il adviendra après ces choses que je répandrai de mon esprit sur toute chair, et vos fils et vos filles prophétiseront et vos anciens songeront des songes, et même sur les esclaves hommes et femmes je répandrai de mon esprit." (Jo. 3, 1-2)

2. L'avènement d'une paix cosmique, c'est-à-dire d'une entente entre les règnes de la Création.

"Le loup paîtra avec l'agneau... un petit garçon les conduira." (Is. 11, 5-9). L'unité d

3 Au genre humain, symboliquement et mystiquement exprimée par la convergence des peuples vers Jérusalem.

"Vers elle afflueront toutes les nations... On ne lèvera plus l'épée, nation contre nation, et l'on n'apprendra plus la guerre." (Is 2, 2-5)

4. L'avènement d'un monde nouveau, compris comme un renouvellement universel dans la création, auquel toute création consciente est conviée à participer avec toute la liberté et toute la lucidité de sa foi.

"Il y aura un ciel nouveau et une terre nouvelle. Voici pour moi je fais de Jérusalem mon allégresse et de mon peuple ma joie." (Is. 65 17-18)"

Certes, on croirait rêver et chacun pourrait se demander à juste titre s'il s'agirait là :

- d'un entassement d'utopies propres à nous faire perdre pied d'avec le réel ?

- ou bien de l'effet en quelque sorte cosmique de la venue du Messie à travers sa mort et sa résurrection ?

Pour ma part j'ai retenu quelques messages que je me permets de partager :

"1°) Le messianisme de Jésus est un messianisme déroutant. Il accomplit des prophéties messianiques anciennes en les dégageant de leurs terribles ambiguïtés.

2°) Jésus ne se présente pas comme celui qui est venu instaurer la paix, il se présente comme étant la Paix, selon ce que dit le prophétie de Michée : "Et c'est lui qui sera la Paix".

3°) Il y a un monde pour ne pas dire un abîme entre faire la paix et être la paix. Cette distance représente le saut qualitatif entre l'attente légitime ou naturelle des hommes et l'espérance de celui qui, par la foi, accède à la vision unifiée de la connaissance."

- Qui peut nous faire accéder par la foi à la vision unifiée de la connaissance ?