FORUM Germinal

Il y a près de 2 ans, Chantal du Merle me demanda si je voulais assister à la réunion au cours de laquelle Soeur Marie Joseph présentait à quelques personnes, la formation d'une équipe d'accompagnement aux funérailles, susceptible de prendre sa place après de longues années durant lesquelles elle avait assuré ce ministère.

Il se trouvait que je me sentais suffisamment avancée dans la vie avec ses joies et ses peines, pour envisager de rendre ce service. Cooptée par Sr Marie-Joseph et les autres membres de l'équipe, c'est donc un peu par hasard (certains, plus bienveillants, y verront l'action de l'Esprit) que je me trouvai "embauchée", ouvrière de la 25ème heure.

Après une période d'apprentissage auprès de Soeur Marie Joseph, pendant laquelle l'émotion nous submergeait bien souvent, nous faisant douter de nous en sortir seuls, avec en parallèle une formation théorique, nous avons commencé, par équipes de 3 ou 4, à rencontrer les familles et à présider la cérémonie des funérailles que nous avions préparée.

Curieusement, ce rituel de mort, qui a des buts multiples, déculpabiliser, réconforter, revitaliser, est devenu pour moi un rituel de vie. Curieusement, si l'émotion demeure, elle n'est plus première.

Ce que j'envisageais comme un service devient pour moi, un exceptionnel moyen d'aller vers d'autres et de leur dire mon espérance en Jésus-Christ ressuscité et en retour, ce que je n'imaginais pas, nous avons la richesse de la rencontre, de la relation véritable et sans masque, découverte de frères et soeurs en Jésus-Christ, souvent bien plus impliqués dans le message évangélique puisqu'ils l'ont vécu en actes et non en paroles, par leur dévouement tranquille et leur simplicité.

Beaucoup penseront, peut-être, que je verse dans le panégyrisme ou l'angélisme, mais les personnes qui font la démarche d'une cérémonie religieuse ne cherchent pas à se débarrasser au plus vite d'une dépouille encombrante, bien que la plupart du temps elles se soient éloignés de l'Eglise, elles ont à l'occasion de la mort d'un être proche, soit le désir confus d'un au-delà, soit le respect des croyances de leur défunt.

De ces rencontres avec des vivants que l'on porte dans nos coeurs, on se trouve souvent retournés, convertis un peu plus. C'est, pour moi, une forme expressive de la Révélation, beaucoup plus parlante en ce qui me concerne, que les réponses d'un gourou ou la conversion fulgurante derrière un pilier : la Révélation à travers des hommes et des femmes d'une des facettes du visage de Dieu.

"Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant?" (Luc 24,5)

M.T. Chainet