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FORUM Germinal

 
   A propos de "fracture"  
     
   24 Septembre 1998  
   
A propos de "fracture"

Il ne s'agit pas ici de "fracture sociale" mais de "la fracture du myocarde" : on reconnaît le titre d'un film étonnant retransmis récemment sur Antenne II.

Un enfant sans père vient de perdre sa mère. Il a peur d'être placé dans un orphelinat et ses camarades de collège décident de l'aider à cacher l'événement. Il faut d'abord, avec les moyens que l'on a et la ferveur que l'on ressent, honorer la défunte par une cérémonie funèbre et l'enterrer décemment. Il faut ensuite expliquer ses absences, répondre à sa place aux appels du collège, trouver de la nourriture et de l'argent, dérober Martin aux recherches. Le pari fait est tenu quelque temps.

L'histoire est si joliment racontée, avec délicatesse et parfois humour, qu'elle est moins pénible qu'émouvante. Naturellement, elle est totalement irréaliste, mais elle illustre assez bien, avec la force de la naïveté, ce que peut être une vraie solidarité.

D'abord un élan du coeur, et non du portefeuille, pour plus malheureux que soi, à la fois proche (ici même âge, mêmes conditions de vie en classe) et différent par sa souffrance. Elle est aussi refus de l'apitoiement stérile : les amis de Martin ne veulent pas pleurer en sa présence (et cela suppose du courage !), ils veulent être efficaces.

Efficaces, ils le sont parce qu'ils sont de plus en plus nombreux à vouloir aider leur ami : le dévouement est contagieux. Ce mouvement généreux entraîne même les moins altruistes : le petit garçon dont les parents sont trop riches, la bonne élève qui ne pensait qu'à ses devoirs. Et tous deviennent meilleurs ! Sans cesse, il leur faut inventer de nouvelles astuces et même, pour aider Martin dans son travail scolaire, ils font en classe de grands progrès ! La solidarité est inventive, créative, et enrichit qui la pratique.

On pourrait ajouter d'autres lectures pour notre fable cinématographique :

- les adultes (le juge d'enfants, l'éducateur) paraissent souvent bien médiocres en face de la générosité des jeunes, et le plus sympathique est un peu marginal...

- les enfants n'hésitent pas à faire des faux ou à voler de l'argent à leurs parents pour aider leur camarade. Faut-il comprendre que la solidarité a tous les droits et qu'elle est impraticable dans la société telle qu'elle est ?

- l'Institut où le jeune Martin est finalement placé, et qui est dépeint - à l'excès - sous de bien sombres couleurs, est un établissement religieux tandis que c'est dans un collège laïque qu'il avait rencontré tant d'amis. Est-ce une pointe à l'adresse de la charité institutionnalisée ?

Nous ne sommes pas obligés de suivre ces pistes ou ces allusions. Mais nous pouvons garder le souvenir de ces collégiens aux yeux clairs à l'âme généreuse et au parler naïf, qui disaient "fracture du myocarde" au lieu "d'infarctus". De même que leur formule était à la fois inexacte et suggestive, l'histoire dont ils étaient les personnages est une illustration à la fois inexacte et suggestive de la vraie solidarité.

Jacqueline DAMOISEAU

 
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