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2ème
Dimanche Avent A
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Is.11,1-10 - Rm.15,4-9
- Matthieu 3,1-12
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ACCUEILLIR
comme le Christ, pour la Gloire de Dieu.( Rm.15,6)
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6
Décembre 98
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De par l’intérêt et l’attention de Dieu à notre vie, le temps de l'Avent, en ce deuxième dimanche, est doté, de tant de force, d'imagination et d'amour pour régénérer l'espoir, l'attente de notre monde, de chacun de nous. Pays, sociétés, communautés, familles, ou individus, beaucoup sont éprouvés au point de se demander si c’est encore possible d’attendre. La Parole de Dieu que nous venons de proclamer est d'une telle abondance qu'aucune de nos épreuves n’est oubliée. Ce qui doit arriver dépasse nos attentes et notre imagination et déjà nous pouvons rendre grâce à la prévenance de Dieu pour cet avenir. On ne compte plus les images que le prophète Isaïe a utilisées pour annoncer ce qui va venir. Il est le prophète de l’Avent. Nous l’avons écouté dès le premier dimanche. Tout au long de la semaine qui suit, l’Eglise chemine avec lui dans l’eucharistie de chaque jour. Du chapitre 2, nous arrivons ainsi au grand chapitre 11. L’avenir de notre monde n’est pas dans des promesses, mais dans un homme sorti de la communauté des hommes comme un rameau de sa racine. C’est dire que l’avenir n’est pas un paquet cadeau, mais une force, une culture qui fait pousser ce que nous attendons. Il réalise les attentes des hommes car, sagesse, discernement, esprit de conseil, esprit de force, esprit de connaissance, de crainte de Dieu constituent sa personnalité. Il est l’homme de justice, de droiture et de fidélité. Il se distingue ainsi des autres rameaux de Jessé, David, Salomon… qui ont apporté à Israël, puissance et gloire, mais aussi divisions, déchéances et destructions nationales Avec la venue du rameau qu’annonce Isaïe, Israël se relève, et le monde change. Le rapprochement des extrêmes, prédateurs et victimes, donne des images si fortes qu’on ne cesse de les répéter, de les paraphraser au point qu’elles risquent de devenir des images d’Epinal : loup-agneau, léopard-chevreau, veau-lionceau, nourisson-cobra, enfant-vipère. Il faut les convertir, comme on va convertir nos monnaies en "euro ", pour que ces images entrent dans notre vie. Les Serbes font la fête avec les Bosniaques, Les Turcs, les Kurdes et les Arméniens s’invitent. Les Tutsis gouvernent ensemble avec les Hutus. Les Juifs et les Arabes vivent dans une palestine unie. Les Chinois accueillent les Tibétains et reconnaissent leur terre natale au toit du monde. Il n’y a plus de gens ni de gauche ni de droite, ni d’extrême centre non plus, il n’y a que des rencontres, des vis à vis. On peut allonger encore la liste des opposés. Mais plus près de nous encore, en nous-mêmes, il y a aussi des rapprochements à réaliser. Je ne suis plus allergique à la présence de telle personne, je cherche à échanger avec celui que j’ai envie d’exclure, je vais au devant de celui que je voudrais fuir… On ne parle plus de " nous accepter différents " car le mot " différent " fait penser plutôt à la richesse de l’un et de l’autre. Tout le monde reçoit tout le monde en respectant les nuances respectives. C’est sur cette base que Jean le Baptiste crie dans le désert. Il interpelle les gens à se convertir car ce que le prophète Isaïe a annoncé est proche. Le message est si fort que les gens n’hésitent pas à gagner le désert " en grand nombre pour se faire baptiser par lui en reconnaissant leurs péchés. " L’intervention de Jean a mis encore au clair bien des choses. L’aveu du péché n’est pas seulement un acte de purification comme on va au bain pour son bien-être. Il doit conduire à des comportements nouveaux qui ne s’appuient pas sur des acquis héréditaires de sang. On est sauvé non pas à cause de la lignée de sang qu’on hérite, mais par le changement complet de sa façon de vivre. Jean a exprimé sa pensée en des invectives violentes à la façon des anciens prophètes. Comme eux, il est saisi par le sens de Dieu. Il n’est pas en colère contre ce qui ne lui plaît pas. Son langage n’est pas l’expression de sa propre vengeance, de sa rancœur envers les pharisiens et les sadducéens, camouflée sous les citations de la Bible. Il ne cite pas les Ecritures pour régler son compte avec ceux qu’il n’aime pas. Il revendique hautement le droit de Dieu, en commençant à être sévère contre lui-même. Il le dit : Dieu dépasse à l’infini son inspiré. Il n’est que le rite de l’eau alors que l’œuvre de Dieu est le souffle de feu qui infuse la vie divine à l’homme, dans son intérieur. On est à l’école de Jean Baptiste sans le savoir. C'est en image qu'il parlait à la foule. Il faut tout simplement faire un chemin, enlever tout ce qui bloque la route pour que le Messie puisse venir. Le monde, notre cœur sera alors rempli de la connaissance du Seigneur, "comme les eaux qui couvrent le fond de la mer. " Le mot est du prophète Isaïe. Et St Paul nous redit la même expérience : "Dieu sera tout, en tous". La prière de l'Eglise au début de la messe nous sert à intérioriser ce que nous pouvons retenir " : Eveille en nous cette intelligence du cœur qui nous prépare à accueillir Celui qui va venir et à nous faire entrer dans sa propre vie ". Notre attente va faire du bonheur à celui qui doit venir, car il sait qu’il est attendu. D.L. |
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