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3ème Dimanche Avent A
 
 
Is.35, 6-10 - Jac.5, 7 - Matth.11, 2-11
 
     
 
LA JOIE.
 
     
 
13 décembre 98
 
     
 

Il est bien pour nous de reconnaître le geste attentionné de l’Église qui nous propose aujourd’hui la Joie comme le thème de notre prière. Chaque année, il y a deux périodes, l’Avent et le Carême, où l’Église ose dire au monde et à tous les chrétiens la nécessité d’une certaine austérité de vie.

Ce sont des temps de recueillement, de prière, de remise en question, de plus de générosité, pour Dieu et les uns pour les autres. Mais pour que ces temps ne soient pas trop longs, la Mère Église invente la Mi-Avent et la Mi-Carême. C’est le dimanche " Gaudete ", aujourd’hui, et celui de "latere " au milieu du Carême. C’est comme une pause, très appréciée dans le temps par la chrétienté observante, et par les chrétiens des monastères et des couvents.

Depuis deux semaines, nous suivons la spiritualité de l’Avent. Rester en éveil, changer le regard, préparer le chemin du Seigneur comporte des efforts. C’est une bonne nouvelle pour nous de savoir que la joie est là même si tout autour de nous, c’est la "galère ", comme nous l’entendons dire et le voyons vivre au quotidien par tant de gens. Face à toutes les souffrances, dans sept phrases de sa prophétie, Isaïe avance vingt-deux verbes qui actionnent et revitalisent la vie.

"Se réjouir, exulter, crier de joie, fleurir, se couvrir de fleurs, voir la gloire et la splendeur, s’ouvrir, fortifier, affermir, prendre courage, ne pas craindre, venir, arriver, s'ouvrir, bondir, se réunir, illuminer de bonheur, rejoindre, douleur et plainte s’enfuiront... "

La joie est donc possible, puisqu’elle est donnée à ceux qui veulent bien la désirer, comme le cultivateur qui travaille, qui sème et qui attend. C’est le fruit de l’Esprit qui, seul, peut dégager l’horizon de notre vie, de nos relations, souvent limité, fixé par nous-mêmes. Nous sommes à l’étroit dans notre tête et dans notre cœur. Il n’y a plus de place, ni pour nous, ni pour les autres. On est dans la joie quand on est au large, sauvé de tout genre de mesquineries, d’idées fixes qui détruisent les relations les uns avec les autres.

C’est la joie de Jean, le précurseur qui, même emprisonné, se sent délivré de l’image du Messie qu’il a cru bon d’annoncer aux gens. Jésus n’est pas le justicier qui tient dans ses mains la pelle à vanner. Il est celui qui cherche à guérir tous les handicaps des hommes. Avec son regard bloqué, l’homme ne peut plus voir. Avec sa langue de bois, il ne peut plus parler. Chacun avec son baladeur collé à l’oreille, n’entend plus. Jésus les guérit et donne à ceux qui le désirent ce même pouvoir de guérison.

Et il fait l’éloge de Jean, comme le plus grand parmi les hommes, car il n’est pas idolâtre de ses propres idées. Il cherche à comprendre, il rajuste ses vues. Lui qui a annoncé la venue de Jésus et maintenant il demande : " Qui es-tu ? " Combien y-a-t-il dans le monde de sages, de philosophes, de fondateurs de religions capables de se reconnaître seulement comme précurseurs? On apprécie davantage la grandeur de Jean quand il dit sa joie comme celle du " garçon d’honneur ". "  Celui qui a l’épouse est l’époux ; quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il l’écoute, et la voix de l’époux le comble de joie. Telle est ma joie, elle est parfaite. "

Les signes de la joie d’hier sont les signes de la joie d’aujourd’hui. Nous vivons dans le même contexte où les gens se demandent comment il faut faire pour sortir de la crise. Jamais on ne trouve autant de vocabulaires religieux descendre dans la rue : Tout ensemble, tout ensemble, solidarité, partage, etc. Mais ce sont des mots qui boitent et qui ont besoin d’être guéris pour être éléments de liaison des uns et des autres. Notre joie c’est de savoir qu’il y a quelqu’un qui est là et qui peut venir à la rescousse du manque d’imagination des hommes.

On peut le reconnaître à la fraction du pain, geste si simple mais éternel symbole du lieu de rencontre, Dieu et les hommes, communauté humaine différente, rayonnante de présence et de vie, de bonheur et de joie à donner. D.L.