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3ème
dimanche de Carême A
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Exode : 17,3-7 ; Romains
: 5,1-2,5-8 ; Jean : 4,5-42
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" Je
vous rassemblerai de tous les pays, dit le Seigneur, je verserai sur vous
une eau pure et vous serez purifiés, je vous donnerai un esprit nouveau.
Ainsi, par vous, je montrerai que je suis le Dieu Saint. "
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7
Mars 1999
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Jésus savait que cétait pour Lui la dernière montée à Jérusalem. En le suivant qui traverse son pays du Nord au Sud, nous trouvons le cadre vivant de tout ce quil a dit au long de son déplacement. Jésus chemine à travers le pays, vivant au milieu des hommes. Il les découvre dans leur intérieur, avec leurs fantasmes, leurs ambitions, leur complicité avec le mal, mais aussi leurs aspirations profondes. Quoi de plus simple que la soif et la faim ? De ces instincts de vie, Jésus les conduira loin, jusquau désir de Dieu. Servir Dieu et non se servir de Dieu, ladorer et se laisser imprégner de sa présence pour être présents les uns aux autres. Son enseignement nest que lapplication de ce comportement dans la vie. Nous le voyons quitter la Galilée, monter vers Jérusalem célébrer la Pâque et y mourir. Il est aujourdhui à mi-chemin, en Samarie, du côté de Naplouse, la ville dont on parle souvent dans les actualités. A lheure actuelle, vingt siècles après, la situation na pas changé. Quel juif aujourdhui sadresserait à une palestinienne de cette région pour lui demander à boire ? Lexclusion fait partie de leur identité, même si personne ne se souvient plus de lorigine de leur différend qui remonte au premier siècle avant notre ère. La rencontre de Jésus avec la Samaritaine reste la grande nouveauté où la relation humaine est gracieusement centrée sur la découverte de lautre. Le monde a appris et apprendra encore de cette conversation plus quaucune théologie ne pourra jamais le faire : Demander humblement un service à quelquun qui est censé être son ennemi. Bouleverser complètement la relation entre lhomme et la femme par une nouvelle vision faite de respect et destime. Découvrir la vraie soif de lhomme et la source deau vive dans le sous-sol de sa personnalité. Apprendre que Dieu cherche de vrais adorateurs en vérité et en esprit et que personne ne puisse prendre Dieu comme sa propriété. Dieu ne sest pas lié à un lieu, même si ce lieu est le temple de Jérusalem. Dieu est esprit. On peut le trouver dabord en soi. Il est toujours là nous demandant à boire. Et lultime découverte que lon peut faire avec la Samaritaine, cest que Jésus est le vrai "messie ", celui qui nous fait connaître le Père, toutes choses. Ce que la Samaritaine a appris de Jésus pourrait être bénéfique pour beaucoup de nos contemporains. Ils pourraient sortir de leur ignorance quils considèrent comme leur incroyance. Ils découvriraient que lEglise est simplement lassemblée des gens qui ont soif et qui va à la recherche de ce qui peut les étancher . La Samaritaine dit en effet à Jésus : " Je sais que lautre va venir " et Jésus de lui dire : " je le suis, moi qui te parle ". Le temps de lAutre est arrivé. Dans cette nouvelle annonciation, Dieu népouse plus la fidèle, mais linfidèle. Dieu ne se marie seulement avec la fille de Sion, mais avec lexclue et la rejetée. Lépouse nest plus lhéritière, mais létrangère. Les noces de Dieu ne sont plus un privilège du "peuple élu ", mais une tendresse pour celle qui est perdue. Le puits de Jacob est devenu dans lévangile de saint Jean le puits de la Samaritaine. Ce récit ne cesse de nous surprendre surtout quand on connaît létat actuel de ce puits. Il est comme le symbole de la dégradation des relations humaines. Pour le trouver, il faut en effet, entrer dans une chapelle construite dans lenclos dune église perdue au milieu dun faubourg. Il faut passer par plusieurs portes et plusieurs contrôles pour arriver au puits. Et rien ny est gratuit ni lentrée, ni leau du puits contenue dans de petites fioles vendues comme des reliques aux visiteurs. En sortant de ce lieu, on préfère rentrer chez soi et relire lévangile de saint Jean pour retrouver la fraîcheur du vrai puits où tout est gratuité de Dieu, tendresse de Dieu. Il reste maintenant à se demander comment un récit aussi subversif a réussi à franchir les siècles officiels sans être censuré ? Comment a-t-il pu parvenir jusquà nous malgré les bûchers, les consulteurs et les inquisiteurs et nos propres instincts de conservateurs qui ont tendance à exclure pour sauvegarder nos certitudes ? Ce que nous savons, cest que cette subversion de lEvangile donne à lEglise la possibilité de se renouveler, en faisant le deuil des certitudes fictivement façonnées. Noublions pas que celui qui a demandé à boire nen est pas sorti vivant ! Pour être plus proche de lui qui monte vers Jérusalem, lEglise a choisi lévangile de St Jean pour les trois derniers dimanches de carême. Son évangile est fait des récits de rencontre. Après les rencontres émouvantes avec les premiers disciples, André, Simon, Philippe, Nathanaël : " Avant que Philippe ne tappelât, alors que tu es sous le figuier, je tai vu. ". Puis vient celle qui sest faite nuitamment avec Nicodème, et enfin, nous voilà au puits de Jacob avec la Samaritaine. D.L. |
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