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5ème
Dimanche de Carême A
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Ezech.37,12-1 - Rom.8,8-11
Jean 11,1-45
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L'amour
qui est plus fort que la mort.
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21
Mars 1999
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Libérés des conventions humaines qui limitent, qui excluent certaines relations dans la vie, entrés dans le désir de Dieu qui ne privilégie pas un lieu plus qu'un autre pour le rencontrer, à moins que ce ne soit le cœur de l'homme qui le cherche en esprit et en vérité, nous aimons la rencontre de Jésus au puits de la Samaritaine. Après les eaux du puits, vient l'eau de la source de Siloé où nous avons appris un autre type de renversement : les voyants ne voient pas, le non-voyant a vu. Délivré de toute exclusion, l'homme est disposé à entretenir des relations de cœur. Avec le récit de la Samaritaine, puis celui de l'Aveugle-né, l'évangile de Lazare fait partie des grands textes de rencontres dans St Jean. A Béthanie, Jean retient un luxe de détails dans cette scène toute frémissante d'amitié humaine. On sent que l'auteur y était et n'avait d'yeux que pour Jésus. Il voit monter sur son visage, la tritesse, l'émotion, le frémissement au point que ses traits sont perturbés par les larmes. C'est émouvant de voir que quelqu'un a pu observer dans Jésus, l'homme qui aime. Jean parle de la vie intime de Jésus avec la délicatesse qu'on a eue à la première rencontre. Il ne cesse de le regarder pour guetter les moindres nuances d'affection pour cette famille dont il nous a raconté tant de souvenirs : Marie qui lave les pieds de Jésus avec ses cheveux, Marthe qui fait la cuisine pour lui. Le génie de St Jean est de ne pas avoir cherché à bâtir un système de pensée . Il reste un narrateur. Il nous dit ce qu'il a vu . Jésus est entouré de ses disciples quand il reçoit le message des deux sœurs. Il retient son affection, son désir de voir tout de suite ses amis, pour informer d'abord ses disciples du plan de sa mission. Il va à la rencontre de l'homme à travers ses misères et les limites de sa relation, et enfin à travers la limite fatale de sa vie : la mort. Jésus se trouble. Il frémit. Il pleure. Il lève les yeux. Il crie. II se laisse gagner par la contagion des souffrances. Il prie.
Il nous faut revenir au chapitre 5, quand Jésus guérit le paralysé pour comprendre le récit de la résurrection de Lazare. " Amen je vous le dis, l'heure vient, et c'est maintenant, où les morts vont entendre la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l'auront entendue vivront. " Le récit est plus qu'un bouleversant témoignage d'un miracle, fût-il le retour à la vie du mort en état de putréfaction. St Jean veut parler de l'amour qui est plus fort que la mort. Tout doit être éternel pour le cœur qui aime. Le retour à la vie de Lazare annonce un amour qui va jusqu'au bout. Ce récit est devenu pour l'Eglise la catéchèse du Baptême, Mort et Résurrection. Mais il faut attendre le jour de Pâques pour voir réaliser en son corps la Résurrection qu'il nous a promise. Déjà, dans le passé, la vision du prophète Ezéchiel nous fait assister à cette scène grandiose des ossements desséchés qui reprennent vie au souffle de Dieu. Il ne voudrait pas que l'on oublie ces charniers qu'il a vus lors de la ruine de Jérusalem en 587, ou encore dans les mornes plaines de Mésopotamie. Ce ne sont plus des cadavres, mais des squelettes bien secs, nettoyés par les fauves. En prédisant le retour à la vie des ossements qui jonchaient le sol d'un champs immense, le prophète entend parler de la résurrection nationale de son peuple. Un " petit reste " purifié retrouvera sa terre, son temple, sa capitale, Jérusalem. Il annonce une restauration messianique : Ce ne sera pas seulement une réanimation de cadavres, mais une glorification de tout l'homme. Notre bonheur final sera total : il se vivra avec notre corps. " De ma chair je verrai Dieu. C'est moi-même qui contemplerai. Mes yeux le verront, non ceux d'un autre ". Ce que dit Job vers la fin de ses épreuves et que le prophète a annoncé, le Christ va la réaliser dans son corps lors du jour de Pâques. Mais, auparavant, il va vivre des jours de sa Passion. Nous allons le suivre tout au long des jours qui viennent. Le CCFD nous propose aujourd'hui l'horizon de partage de l'Eglise. Nous sommes appelés à faire l'expérience de Dieu telle qu'elle apparaît en Jésus. L'appel " Viens dehors ! " nous concerne aujourd'hui, là où nous sommes. Entre le temps et l'éternité, la terre et l'au-delà, l'humanité et Dieu, Jésus a effacé les frontières : Il n'y a qu'un seul royaume d'amour et de vie, celui auquel nous sommes appelés.
De naissance en naissance, de partage en offrande, tu réinventes pour nous un bonheur au présent. En inventant cet amour qui nous suit, tu nous rends éternels, Ô Eternel ! D.L. |
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