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NOËL 98
 
 
Is 52,7-10 He 1,1-6 Jn 1,1-18
 
     
 
La Parole qui donne Vie
 
     
 
25 décembre 1998
 
     
 

Il fait jour depuis un bon moment. Il n’y a plus d’étoiles dans le ciel. Les anges comme les bergers doivent retourner chez eux. Le calme s’est fait dans les campagnes de la nuit dernière. Quel déclenchement de féeries autour de la crèche, autour de nos crèches dans le monde !

Deux mille ans déjà, le troisième millénaire va venir et la féerie de la nuit de Noël continuera, en gagnant chaque année un peu plus de terrain dans les cultures de par le monde. L’enfant, sa famille, les anges, les bergers de Bethléem s’inscriront dans d’autres traditions, d’autres santons.

Tout ce déploiement de festivités, de lumières et de chants autour de la mangeoire où Marie a couché son enfant, n’est possible qu’au moment où Jean fait connaître au monde que "le Verbe qui était auprès de Dieu, le Verbe qui était Dieu, s’est fait chair et il a habité parmi nous. "

La tranquillité, le silence du jour qui se lève, permet à l’Eglise de nous faire quitter un moment la crèche illuminée, pour nous emmener jusqu’à l’origine de l’Enfant qui nous est né.

Nous savons le rôle et l’efficacité de la parole dans notre vie. Dès le premier âge, au moment où l’on peut balbutier quelques mots, le mot peut faire bouger le monde qui nous entoure. Il y a des mots d’enfants qui ne se construisent pas encore en phrases mais qui peuvent émouvoir, étonner, émerveiller ceux qui les écoutent. Et quand les mots se formulent en discours, ils peuvent déclencher les effets les plus divers, les plus riches comme les plus néfastes.

Les temps modernes accentue davantage le rôle médicinal de la parole : la parole qui donne vie, la parole qui éveille, la parole qui guérit ou qui tue.

Laissons-nous emporter par l’émission de la Parole, Verbe de Dieu, la Parole en action qui crée le monde et son univers et qui nous parle en cette fête de Noël.

C’est l’hymne au Logos, avec une cadence à trois mouvements que chante le prologue de l’évangile de St Jean. Le premier mouvement est dans le mystère de la vie intime en Dieu. "  Au commencement  était le Verbe, le Verbe était auprès de Dieu, le Verbe était Dieu. "

Au deuxième mouvement, l’hymne nous fait descendre par bonds vertigineux de l’éternité dans le temps. Pour appeler du néant à l’existence tout ce qui va exister par amour pour sa création, Dieu semble se retirer de lui-même à son infini, du plein de lui-même, de lui comme plénitude, pour que le fini puisse exister, hors de lui. L’infini ne prend pas toute la place du fini. C’est plutôt l’infini qui risque d’être obstrué par le fini.

Ce qui va se passer dans le troisième mouvement, la Parole qui donne vie : " Dieu dit que la lumière soit et la lumière fut " et ainsi de suite, pour tout ce qui existe dans l’univers. Tout est sorti de la Parole de Dieu en action, le Verbe. " Et le Verbe s’est fait chair. " L’enfant couché dans la mangeoire est la Parole qui ne sait pas parler, "In-Fans ", l’enfant. Celui qui était de toute éternité  "est devenue chair", fragile, mortelle.

Dans ces trois mouvements, on perçoit une secrète poussée qui part de la pensée éternelle de Dieu, parcourt tout le cosmos, le ciel la terre et ceux qui les habitent pour remonter dans l’infini de Dieu en ramenant tout "dans le sein du Père ". L’évolution qu’on croit découvrir sur la seule dimension horizontale se fait aux dimensions qui vont au-delà du cycle de la cause à l’effet, du visible à l’invisible.

Le monde de la matière ne se limite plus à parler de ce qui est visible et reste muet devant ce qui est invisible. Nous pouvons répondre au monde, à nos enfants qui nous demandent à quoi çà sert de croire. Çà sert à donner notre cœur, croire = credere, cor-dare, pour que tout s’illumine, comme la mangeoire où Marie a couché son enfant. La lumière ne trouve plus d’écran dans la chair. La promotion de l’homme atteint le niveau de dignité qui ne se trouve dans aucune culture humaine. D.L.