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3ème dimanche Pâques A
 
 
Ac 2,14;33 1 Pierre 1,17-21 Luc 24,13-35
 
     
 
Le chemin d'Emmaüs.
 
     
 
18 avril 1999
 
     
 

Sur les trois récits de la Résurrection de Notre Seigneur dans l'Evangile de St Luc, nous en sommes ici au deuxième. Chaque dimanche du temps de Pâques, nous célébrons successivement les douze récits de la Résurrection racontés dans les quatre évangiles. La liturgie byzantine les rassemble en un seul évangéliaire souvent avec des riches enluminures, appelé Evangile de la Résurrection.

A partir de cette Mémoire des mémoires, nous pouvons comprendre ce qui est dans " les Ecritures ". C'est Jésus Ressuscité sur la route d’Emmaüs qui donne la clé de l’explication de l’histoire du peuple de Dieu

" Or, voici que, ce même jour," raconte St Luc, c'est à dire le premier jour de la semaine, On vient d'apprendre par Marie de Magdala, puis par Pierre et Jean que le tombeau a été ouvert et vide et qu'ensuite c'est encore Marie de Magdala, la première qui a vu le Seigneur vivant. Mais toutes ces nouvelles n'ont pas pu empêcher les deux disciples de quitter Jérusalem pour retourner chez eux. St Luc les trouve sur le chemin d'Emmaüs qui, depuis, devient inoubliable dans la mémoire des hommes.

C'est le chemin du néant, de la "Shoah", de l'anéantissement. Il ne reste plus rien pour eux, de tout ce qu'ils ont cru. Leur cœur est dans une telle solitude que tout leur paraît absent. Le monde qui est là, les gens qui sont à leurs côtés, ils ne les voient même pas. C'est en eux un vide, le vide.

Ils ne peuvent pas penser que les "Ecritures" ont été données à partir de ce vide, la "shoah" du peuple de Dieu. Combien de fois a-t-il été réduit au néant ? C'est comme une immense plaine d'ossements desséchés, dit le prophète, ou pire, comme dans " l'holocauste " moderne, il ne reste même pas d'ossements. Tout a été anéanti par le feu.

Cette expérience est à l’origine des premières pages de la Bible sur la création du monde. La foi biblique commence avec ce néant vécu. Les expériences de solitude dans la Bible sont si grandes qu'elles recoupent les souffrances de l'homme.

Le Christ ressuscité qui marche à côté de ses deux disciples sait parler au désert. Il leur explique que l'expérience du vide et du néant est nécessaire pour découvrir les merveilles de l’œuvre de Dieu. C'est dans la souffrance de l'absence que l'on comprend ce qu'est la présence. Mais pour le moment, les deux disciples qui marchent à ses côtés ne pensent pas à le regarder.

Le fait de voir ne mène pas nécessairement à croire. Il faut garder dans son cœur et son esprit ce qu’on voit  et alors on se met à regarder et à comprendre.

Et au lieu de dire : je doute, on réajuste son langage pour dire : je ne savais pas. Il doit y avoir des choses qui me dépassent et qui me donnent le vertige et m’interrogent. Quand on croit, on cherche moins à voir qu’à connaître la personne de l’autre. "  Celui qui demande à l’amour ses raisons, aime peut-être déjà un peu moins. "

Nous pouvons réaliser maintenant comment l'Evangile de la Résurrection a l'ambition de nous communiquer l'expérience de la première communauté chrétienne sur sa rencontre avec le Christ Vivant. En Le voyant, c'est comme si on voyait le Mystère de Dieu sur le visage du Christ Ressuscité. Ressusciter veut dire alors vivre la vie en Dieu.

Le temps de Pâques est le temps unique dans notre histoire humaine où il a été donné de voir l'Eternel, de voir l'Invisible dans la Présence du Christ.

Le Christ Ressuscité initie les disciples au silence de Dieu, à la solitude du cœur. C'est la part que Dieu se réserve pour lui-même, le coin où rien du monde extérieur ne peut pénétrer, sinon soi-même en présence de Celui qui vit dans le silence. Il n'y a rien d'étonnant si l'on se trouve angoissé ou pris de vertige quand on essaie de voir Dieu avec ses mains, ou même avec ses yeux.

La grâce de ce temps de Pâques donne à chacun de nous, maintenant, dans l'immédiat, la joie de découvrir avec le Christ Ressuscité que nous pouvons voir Dieu, Le rencontrer maintenant là où Il a choisi d’établir son royaume : en nous-mêmes.

Dieu que, nous reléguons inconsciemment parmi ceux qui vivent loin, ne bénéficie de notre présence que d’un temps limité. Nous croyons, mais laissons : "  on verra plus tard ".

Jésus ressuscité est venu nous apporter le projet inouï de Dieu. Notre entrée comme notre départ de ce monde, nos défaillances morales ou physiques, nos relations, entre l’homme et la femme, entre la personne individuelle et morale, les fruits de nos labeurs, notre nourriture, le pain et le vin, tous nos vécus humains peuvent être le sacrement de sa présence. Désormais les générations successives de l'histoire, jusqu'à la fin des temps, peuvent Le retrouver comme Il l’a promis, comme c'est écrit, " il prit le pain, prononça la bénédiction et le leur donna. " Alors leurs yeux s'ouvrirent et Le reconnurent... c'est le Seigneur. " Depuis ce soir là, le pain rompu avec les autres peut nous faire rencontrer le Seigneur.

D.L.