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4ème
Dimanche de Pâques A
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Ac.2,14..36-4I 1P.2,20b-25
- Jean10,1--10
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La
Porte
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25
Avril 99
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Depuis trois semaines, avec la fête de Pâques, l’Eglise rappelle à la communauté humaine, que depuis l’apparition de l’homme, il y en a un parmi des milliards, qui atteint le sommet de ce que l’humanité peut rêver. C’est cet homme nommé Jésus de Nazareth, qui sort de l’orbite du temps et de l’espace, dépasse le monde de la matière, tout en restant le fils de l’homme. Sa présence apporte à notre monde une dimension d’éternité. Le temps de Pâques à la Pentecôte est le temps priviligié où l’on peut le voir, le toucher. Cette rencontre est devenue, à travers les siècles, un point de repère pour la civilisation qui rend l'homme plus humain, capable de parler de Dieu, de L'adorer, de le servir pour lui-même et de le servir dans les autres. L'évangile que nous venons de proclamer à l'instant ne comporte que quatre petites phrases, et cela suffit pour déclencher un grand changement dans le comportement des hommes, dans leur conception du pouvoir. Dans notre vie, comme dans l'histoire des hommes, nous souffrons de l’abus de pouvoir, de l'incompréhension, du refus de communication, sources de tant conflits. Le simple conflit personnel ou la grande guerre entre les nations est la conséquence de cette inconsidération des uns et des autres ou du pouvoir aveugle des despotes. Jésus ressuscité a établi une nouvelle relation entre les hommes. Il les dispose à savoir écouter pour arriver enfin, à la communion des coeurs. Le mémorial qu’il a demandé de faire à ses disciples est le geste qui crée un monde de relation nouvelle, fondée sur la reconnaissance de l’Autre, et des autres, sur le don de soi, du service mutuel. Désormais, la nature même du pouvoir a été changée par cette manière de présence au milieu de nous. C’est une délégation de service à rendre, pour apporter le bien-être aux autres, pour les rendre heureux. L’homme au pouvoir est comme un pasteur. Ce mot " Pasteur " avec la signification que Jésus veut faire connaître, est utilisé pour la première fois, quand Jacob bénit son fils Joseph: " Que Dieu en présence de qui ont marché mes pères, Abraham et Isaac, que le Dieu qui fut mon pasteur, depuis que j’existe jusqu’à ce jour, te bénisse. " Et c’est à Dieu de ratifier cette invocation quand il dit : " Je me fis donc pasteur du troupeau que les trafiquants vouaient à l’abattoir. Je choisis deux houlettes. J’appelai la première " Bienveillance " et la seconde " Entente ". Et je me mis à paître le troupeau. " Zacharie:11,7. Ce que rêve le prophète est pleinement vécu par Jésus qui, seul, peut dire: " Je suis le bon pasteur. " Jean:10 11. " Je suis la porte des brebis. " Jean:10,7. Les disciples ne saisissent vraiment ce qu’il veut dire que lorsqu’ils l’ont retrouvé vivant, après sa mort en croix. Qu’est ce qu’il y a de commun entre le pasteur et la porte ? La porte est un accès et une mesure de sécurité. Nous faisons l’apprentissage de la vie en découvrant d’abord l’accès à notre propre corps, puis à notre intérieur. La peur est l’une des premières expériences face à la vie. En position d’autodéfense, on découvre son intérieur comme le refuge, le lieu secret où les autres ne peuvent entrer. Il arrive que le refuge devienne l’espace fermé, limité comme un lieu d’emprisonnement. " Je pensais que ma fille allait rire, pleurer, courir dans mes bras, témoigne la mère d’une enfant autiste. Eh bien, elle ne fera jamais tout cela. C’est un peu comme si tout était gâché. " Pour tant d’êtres humains qui naissent dépendants, où trouver la porte de sortie, le guide ? Nous lisons dans les récits des miracles que des hommes et des femmes se montrent bien souvent incapables de dire comment ils se nomment et qui ils sont. Tout était détruit, la conscience de soi, la capacité à décider de sa vie. Combien de fois Jésus leur a-t-il imposé les mains ? Et dans leur cœur, dans leur esprit, tout commençait alors à s’ordonner, à s’animer. Tout se passe comme si, soudain, a été chassée une horde de démons. Ces hommes et ces femmes sont enfin rendus à eux-mêmes. Quand la porte intérieur s’ouvre à la vie, sans contrainte, naturellement, tels les pétales d’une fleur dans la lumière de l’aurore , on peut être certain qu’il y a quelque chose qui vient d’ailleurs. Nous appelons cet ailleurs, l’œuvre de Dieu que Jésus revendique comme sa mission dans le monde. L’évangile de St Jean décrit dans toutes les rencontres qu’il a retenues, un dialogue de confiance et d’amour, que Jésus incarne dans toute sa quintessence. Il nous éveille à notre propre nom qui n’existe qu’une seule fois, une seule et unique fois sur cette terre. Il souhaite nous rencontrer sous le nom qui est à nous, dans ce lieu où chacun se sent chez soi, et aspire à vivre. En la personne de Jésus, la parabole du bon pasteur nous rappelle, que c’est seulement dans la rencontre d’un être humain que nous avons accès à Dieu, en nous trouvant nous-mêmes. C’est seulement dans l’amour que notre cœur s’apaise, qu’il devient limpide, qu’il devient miroir reflétant le visage de Dieu. Sans cette expérience d’une relation humaine forte, Dieu, comme les cieux, nous serait infiniment lointain, et ce silence des espaces infinis nous effrayerait plus qu’il ne nous émerveillerait. Jésus se présente ici comme ce miroir en se disant : " Je suis la porte . " D.L. |
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