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6ème
dimanche de Pâques A
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Ac 8,5;17 1 Pierre 3,15-18
Jean 14,15-21
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L'ADIEU
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9
mai 99
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Nous sommes au terme du temps de Pâques avec le 6ème dimanche. Durant 40 jours, les disciples de Jésus ont bénéficié de la rencontre avec le Vivant, leur Maître, récemment torturé, mis à mort. C'est l'expérience avec le Premier Homme qui passe sur l'autre rive, celle de la vie. La liturgie pascale, avec les textes choisis, a su merveilleusement suivre la lente découverte d'un autre type de relation. Cette relation a enrichi l'héritage relationnel de notre monde. De l'appréhension, au doute, à la réticence, puis à l'approbation avec réserve, pour aboutir enfin au dialogue, à la rencontre personnelle, intime, chacun des disciples, l'un après l'autre, entre dans le mystère du Maître. " Demeurez en moi, comme je demeure en vous." Jean 15,4 . Il faut retourner à l'Evangile, comme la liturgie l'a fait, pour apprécier les événements de la vie du Maître qui reviennent à l'esprit de ses disciples. Nous avons remarqué que l'Evangile est comme leur cri de regret de n'avoir pas saisi sur le moment, ce que le maître a dit et fait, durant les 3 années vécues auprès de lui. Ils ont avoué que "jusque là, en effet, ils n'avaient pas vu que, d'après l'Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts." Cette constatation dit que, nous aussi, nous ne comprenons la Pâques qu'avec une confrontation avec la mort, celles des autres, celle de nous-mêmes. La Pâques se situe au sommet de la mort. Que de fois on découvre avec stupeur, que la mort d'un être cher, nous donne enfin de le comprendre. Sa disparition permet de percevoir l'esprit qui l'animait. On a l'impression de découvrir soudain, son vrai visage. A tous les disciples qui n'étaient pas au pied de la croix, face à la mort de leur Maître, Jésus montre ses blessures, les traces de la mort marquées sur son corps. Mais ils ont cette chance de voir ses blessures toutes refermées. La mort ne laisse plus de traces. La vie les a toutes guéries. Le vide creusé par la mort est comblé de présence, et de vie qui n'a plus de limites, puisqu'elle va jusqu'à la vie en Dieu.
Ressusciter ce n’est pas pour retourner à la vie qu’on a quittée, mais pour vivre en Dieu. Il faut alors, au départ, s’intéresser à Dieu pour apprécier la grâce de la Résurrection. Qui est Dieu pour moi, quel intérêt pourrai-je trouver en Dieu pour aspirer à la résurrection ? D’ordinaire, c’est plutôt la vie présente qui nous intéresse. Nous aspirons à ce qu’elle soit améliorée, à ce qu’elle se déroule comme nous le souhaitons. Comment aspirer à une autre vie qui n’a d’autres critères que Dieu lui-même ? C’est beau de chanter "solo Dios basta ! ". Mais peut-on réaliser ce "basta ", Dieu seul, et cela me suffit ? C’est ici que l’Evangile est venu à la rescousse de notre audace pour que la semence de l’éternité s’immisce lentement dans notre vécu quotidien. La résurrection est pour maintenant. C’est une force de vie qui nous mène au-delà des frontières de nous-mêmes, de celles des autres. Il n’y a alors plus d’ici-bas ni d’au-delà, mais seulement des hommes et des femmes en chemin vers Dieu, car ils portent déjà Dieu en eux.
En évoquant le doute de St Thomas, nous disions que ressusciter, c’est se laisser guérir de ses blessures causées par soi-même ou par les autres, ou par la vie. Au matin de Pâques, les tombeaux s’ouvrent. On peut aller alors vers les autres pour établir une relation d’un autre type. Le dialogue établi est le signe de toutes les espérances. Les différences s’atténuent alors comme des nuances personnelles qu’on garde pour soi, pour mieux s’accepter différents. Les fils conducteurs que nous tissons ensemble depuis trois ans sont inspirés de la spiritualité de Pâques : la foi est un dialogue ; dire à l’autre notre espérance ; s’accepter différents, fils et filles d’un même père. Comment ne pas apprécier tout ce qui a été dit, au cours de notre eucharistie de ce 6ème dimanche, car tout ce que nous cherchons et essayons d’exprimer a déjà été énoncé d’une autre façon. Nous lisons à la première lecture : " Les foules, d’un seul cœur, s’attachaient à ce que disait Philippe, car tous entendaient parler des signes qu’il accomplissait, ou même ils les voyaient. " La lettre de St Pierre donne une autre version de ce même message : " toujours prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect. " D.L. |
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