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7ème
dimanche après Pâques A
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Ac 1,12-14 1 Pierre 4,13-16
Jean 17,1-11
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L'Eglise
du Cénacle
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16
mai 99
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Ce 7ème dimanche après Pâques, le premier après l’Ascension est marqué par le vide et le silence. Le Seigneur est entré dans le mystère de Dieu. Et c’est admirable que la liturgie nous propose de célébrer ce silence et ce vide qui ne nous sont pas étrangers. Dans la vie, qui ne souffre pas d’un vide, d’une séparation, d’une absence ? Nous commençons notre vie de prière par l’ennui du vide. On ne sait pas quoi dire, on ne sait pas quoi faire. Comment entrer dans une église vide sans se laisser prendre par l’ennui, quand on n’y entend rien, on n’y voit rien ? L’expérience de l’ennui, causée par l’absence, nous fait comprendre la poignée d'hommes et de femmes qui prient, face au grand absent. Le Maître n’est plus là comme il l’était au matin de Pâques. Dans la chambre haute, tous ensemble, autour de la Mère du Seigneur, chacun des onze disciples est nommé par son propre nom. Avec elle, ils se remémorent la prière du Maître : " Père, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire. " Etre ensemble, se souvenir de ce qu’on a reçu est le premier pas vers la découverte de la présence. Ils sont dans la prière du Seigneur. Ils découvrent ensemble que le visible et l’invisible sont les aspects de la même vie, dans son sens plénier. Il n’y a plus de différence entre proximité et éloignement, présence et absence, parole et silence, quand on garde intact son cœur en éveil. Cette perception de la vie est l’expérience de tous ceux qui essaient de vivre le silence, de tous ceux qui sont éprouvés par la vie, par la solitude. C’est le lieu commun de la condition humaine où croyant ou non croyant, pratiquant ou non pratiquant, peuvent se rencontrer au-delà de toutes différences. A l’intérieur du plus délaissé, inconnu, démuni de tout, du non pratiquant, à l’intérieur d’un enfant, il y a une aspiration, forte comme la vie, qui cherche quelqu’un avec qui on peut parler. " l’Esprit et l’Epouse disent : Viens ! " C’est la prière qui se prie dans le cœur de tout homme. Cette dernière phrase du dernier livre de la Bible a été vécue par Jésus quand il était en mission avec ses disciples. Ils le surprenaient souvent, quand il priait en silence et dans la solitude. Mais ici, avant sa mort, Jésus prie à haute voix avec son Père et il instruit une dernière fois ses disciples. Jean l’a retenu en entier dans son évangile, comme la prière la plus longue. Elle est prononcée, vécue, entre ciel et terre, entre le temps et l'éternité : Jésus parle alors qu'il est encore de ce monde et en même temps comme s'il était déjà dans le Père. Il se laisse aller à une effusion de piété filiale comme nous n'en trouvons pas dans les relations de ce monde. Il nous fait participer à sa tendresse d'enfant, à ce lien unique, profond qui l'unit à son Père. C'est de ces longues heures de prières, de contemplation et d’attente que revient et revit dans leur cœur et leur esprit, la mémoire de la vie du Seigneur, de tout ce qu'il a dit et enseigné, de son comportement vis à vis de son Père, de sa présence au milieu des hommes. C'est le temps où cette mémoire est en train de se former, en eux, en un témoignage que nous appelons maintenant l'Evangile. Nous pouvons voir comment cet Evangile prend corps autour de cette prière la longue prière du Seigneur dans laquelle toute sa vie se résume, tout son enseignement, tout ce qu'il a à nous révéler. La prière de Jésus nous apprend à donner à nos relations une dimension d’intériorité. " Toi en moi, et moi en Toi, eux en nous. " Nous sommes amenés à cette profondeur de relation, avec la mission de faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ, Celui que le Père a envoyé au milieu de nous. " Vous serez mes témoins jusqu'aux extrémités de la terre. " Il nous a appris à glorifier le Père, à le glorifier lui-même, en proclamant qu'Il est l'Envoyé du Père. Nous avons maintenant un recul pour constater comment ce témoignage vécu, transmis, a changé notre monde. Des atrocités, des barbaries sont toujours commises comme le relèvent les actualités. Mais il y a quand même une civilisation qui sert de base d’éducation à nos enfants. L’histoire avance, les hommes sont plus sensibles au partage, à la solidarité, au dialogue, à toutes les valeurs qui rendent l’homme plus humain. Pour devenir humain, il faut qu’une semence divine soit semée dans l’homme. En reconnaissant Jésus " l ‘Envoyé " de Dieu, nous sommes en relation avec cette force de vie qui nous met sur le chemin qui mène à Dieu. Nous accédons à Dieu et nous pénétrons son mystère. Telle est l’espérance que Jésus voulait nous transmettre. " Si vous croyez, dit-il, vous ferez, vous aussi, les mêmes œuvres que moi. " Il n’y a pas de différence entre la foi en Dieu notre Père et notre vie humaine sur terre. Ces deux plans sont intimement liés ; indissociables, ils forment une seule et même vision de vie. Nous sommes en chemin vers une réalité qui nous attend et qui va devenir la nôtre. " N’ayez aucune peur, car je vais vous préparer une place. " D.L. |
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