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3ème dimanche du temps ordinaire
 
 
Is.8,23b-9,3 - 1Co.1,10-13,17 - Mat.4,12-23
 
     
 
Galilée, Lumière
 
     
 
24 Janvier 1999
 
     
 

Ce 3ème dimanche du temps ordinaire est marqué par l'appel de Jésus "Venez derrière moi." Les deux dimanches précédents, nous sommes entrés dans le mystère de la personne de Jésus, lors de son baptême, lors du témoignage de Jean le précurseur. Nous savons maintenant qui il est, devant Dieu et devant les hommes.

L'appel de Jésus fait aux quatre premiers disciples est un petit tableau esquissé en dix phrases. On ne peut être à la fois plus sobre et plus complet. St Matthieu nous donne d'abord le paysage du terrain que Jésus a parcouru, en allant chez les gens pour leur annoncer le Royaume des cieux. C'était en Galilée, le carrefour des nations, carrefour des peuples limitrophes. Nous sommes dans une région de passage, d'influences mélangées, à la frontière de terres non-juives

Jésus n'avait donc pas choisi la Judée où il y avait le Temple de Jérusalem et les gens qui observaient La Loi. Il a préféré la Galilée, ce lieu de rencontre où il y avait le brassage des ethnies diverses pour annoncer la Bonne Nouvelle. Car elle est destinée à tous, comme les prophètes l'avaient déjà annoncé. Nous pouvons noter une grande relation entre l'évangile de St Matthieu et le texte de la prophétie d'Isaïe que nous avons lu à la première lecture, souvent reconnue comme le poème d'Emmanuel Dieu-avec-nous. Sur ce territoire toujours menacé par la nuit des idoles, la grande lumière s'est enfin levée.

Jésus commence sa mission en Galilée juste au moment où la voix de Jean baptiste vient de se taire dans le sang. Il reprend le message de Jean, en le rendant actuel : " Convertissez-vous, car le Royaume de Dieu est là," et non pas qu'il est proche. Tout l'évangile est dans ce verbe à l'impératif : "Convertissez-vous."

Jésus ne nous dit pas tout de suite ce que peut être une conversion. Il longe le bord du lac comme s'il cherchait un endroit pour jeter son filet. Mais visiblement, ce ne sont pas les poissons qui peuvent l'intéresser. Dans une barque, il aperçoit de solides jeunes hommes pêcheurs. Il les appelle : "Venez à ma suite et je vous ferai pêcheurs d'hommes." Tous, ils ont répondu à l'appel. Ils ont tout laissé : père, barques, filets. Et "ils le suivirent."

En suivant le récit, nous comprenons l'appel de Jésus. "Se convertir" veut dire qu'on est attentif pour s'apercevoir qu'il y a un appel. L'appel attend une réponse. La conversion commence quand on honore l'attente par un dialogue avec celui qui appelle. On n'est plus le seul centre d'intérêt dans la vie. On ne fait plus le monologue du moi. On s'ouvre à un horizon hors de soi-même, qui n'a plus de limites.

On ne sait comment ces hommes qui vivent de leurs pêches, préfèrent les hommes aux poissons qu'ils mettent tant de peine à attraper. Le fait qu'ils ne retiennent de l'appel que la proposition d'une pêche, même si elle est totalement différente, nous dit qu'ils restent quand même de vrais pêcheurs. Au lendemain de la mort de Jésus, nous les reverrons retourner à leur lac. Ce n'est pas l'ambition de conquérir le monde, ni de convertir les autres qui leur fit abandonner leurs filets.

Pierre, André, Jacques et Jean, les quatre jeunes qui n'avaient d'autre horizon et d'autre ambition que le lac, ont accepté les risques de la proposition de Jésus. Ils ont cru en lui, en ce qu'il dit : "le Royaume de Dieu est là." Chaque fois que l'on revoit la beauté, la tranquillité de cette terre de Galilée, on apprécie mieux encore et l'appel de Jésus, et le renoncement de ses premiers disciples.

Et comment éviter ce pincement au cœur quand vous êtes devant l'austérité des collines dénudées et des déserts de la Judée et que vous sentez déjà les conflits inévitables autour des pratiques religieuses et la gravité des gens du Temple. Alors que la Galilée ne cesse de vous séduire avec ses collines vertes, les parfums des fleurs, la tranquillité et la beauté du lac qui donnent aux hommes de Galilée ce caractère à la fois paisible et entier.

L'appel que nous écoutons aujourd'hui nous conduit aux enseignements que Jésus va nous donner les dimanches suivants. C'est la Bonne Nouvelle du Royaume que Jésus se mit à proclamer, à partir de ce moment là. "Heureux êtes-vous". "Vous êtes le sel de la terre"."Je suis venu pour accomplir." "Soyez parfaits comme votre Père céleste. "Cherchez d'abord son royaume." Nous avons ainsi, en six semaines un grand ensemble de l'enseignement du Christ.

Pour le moment, avec l'appel de Jésus qui invite les gens modestes, de métier manuel, à le rejoindre dans sa mission d'annoncer le Royaume, nous sommes à l'origine de ce que Jésus considère comme son Eglise. Ce sera comme un corps vivant, mieux encore comme la vie intime en Dieu. Jusqu'ici, il est le premier dans la Bible à former autour de lui un groupe de disciples. On a pensé au regroupement des esséniens à Qumrân qui vivaient ensemble comme dans un monastère. Mais la façon de vivre de Jésus et de ses disciples est aussi différente de celle de Qumrân que la vie qui sépare la Galilée et la Judée.

Jésus nous donne déjà deux annonces qui ne se trouvent dans aucun des écrits de la mer morte. Les esséniens les ignorent complètement : Le Royaume des Cieux et le Fils de l'Homme. (1)

On peut se demander si ce n'est pas en écoutant la nouveauté de l'annonce de Jésus que les premiers appelés de Jésus au bord du lac de Tibériade ont trouvé les motivations profondes pour tout quitter et pour le suivre.

En ces derniers jours de la semaine de prière pour l'unité des églises, osons espérer qu'en relisant ensemble cette période de l'appel des premiers disciples, les chrétiens de toutes confessions retrouvent le sens de l'Eglise que Jésus a voulu. D.L.

(1) Les manuscrits de la mer morte. André Paul, Bayard Editions/Centurion