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21ème Dimanche A
 
 
 
     
 
Pour toi, qui suis-je?
 
     
 
22 août 99
 
     
 

Cette simple question de Jésus posée à ses disciples, il y a deux mille ans, représente pour nous comme l'initiative d’une civilisation de dialogue, de relation interpersonnelle, sans quoi, il n’y aurait pas de relations d'homme à homme. Et quand l’homme entend même les choses inertes lui poser la même question, "pour toi, qui suis-je ? ", il enrichit sa culture et élargit sa spiritualité. On est prêt à dialoguer même avec des inconnus, des invisibles. La question n'est-elle pas à la troisième personne : Qui est-il ? Elle s'adresse directement à l'autre et entend établir une relation avec lui, elle dépasse le simple besoin de connaître.

Qui suis-je pour toi ? C'est une invitation au dialogue entre le je et le tu, dans une ambiance d'intimité où seuls Je et Tu existent et n'ont d'autres intérêts que la connaissance intime de l'un et de l'autre. Le reste n'existe pas ou reste en dehors du regard de l'un et de l'autre, pour le moment.

Pour nous, ici maintenant, le fait de rester ensemble pour écouter la question posée à Pierre, il y a deux mille ans, nous place devant Jésus le Vivant. Il est là, autrement, mais pleinement comme la vie qui se vit en nous, la Présence de Dieu dans notre vie. Ne nous pressons pas de lui répondre ! Ce n'est pas une réponse de citation qu'il attend de nous. Prenons soin de relever tout ce que Jésus porte en lui pour chacun de nous quand il s'adresse ainsi à Pierre.

D'ordinaire, on ne pose pas ainsi de question sur soi-même, ni même sur un ami. Soit qu'il va vous dire du bien, soit qu'il vous redit ce qu'il a entendu de moins bien : dans les deux cas, ce n'est pas facile d'écouter la réponse. Surtout pour Jésus, car il est écrit que "lui, il ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous, et qu’il n’avait pas besoin d’être renseigné sur personne : lui savait ce qu’il y a dans l’homme. " Jean 2,24-25.

Et Jésus, expressément, aime et cherche à savoir ce que Pierre pense de lui. Ce n'est pas sa vie privée qui l’intéresse. Il veut connaître si son disciple arrive à saisir son identité d'Envoyé de Dieu, de Fils de Dieu qu'il ne cesse proclamer.

Le dialogue qu'il veut établir va au-delà du Je et du Tu, et nous amène jusqu'à son Père. Sa Mission est de nous faire connaître le Père et de pouvoir lui parler comme notre Père. Il a réalisé cette Mission au milieu de nous au prix de sa vie. Pierre est entré vraiment dans l’identité de son Maître quand il dit : " Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. "

La vraie personne de Jésus est d'être le Fils. A aucun moment il ne laisse entendre qu'il est autre que " Fils ". Il n'est ni le père, ni le roi, ni le prophète, ni le leader, ni aucun des titres que ses disciples utiliseront plus tard, pour se nommer ou pour se faire nommer, au nom des missions qu'ils remplissent dans son Eglise. Jésus ignore l’appellation "révérendissime père " ou bien d’autres titres au superlatif.

Il y a eu un temps dans l’Eglise où l’on faisait plus attention à bâtir les cathédrales, à garder les clés du Royaume (le pouvoir de lier et de délier) qu’à réfléchir au sens profond de la question posée par Jésus.

Par le fait qu'il soit juif, et Fils de Dieu, il nous fait participer à l'histoire de son pays, du peuple qui a reçu des connaissances sur Dieu, consignées dans la Bible. Son cœur a la dimension de l’infini.

Il est aussi notre histoire et celle de tous les peuples du monde. Nous nous y retrouvons, car c’est un livre humain où toutes les faiblesses apparaissent étalées devant Dieu reconnu comme Père.

Avec la Bible nous sommes initiés à la conversation de Dieu et avec Dieu. Ici la connaissance est réciproque, c'est parce qu'on a compris l'autre que l'autre nous aide à nous comprendre nous-mêmes. " Heureux es-tu Pierre, Simon fils de Jonas, ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé ce que tu viens de me dire, mais mon Père qui est aux cieux.

Il est quelqu'un de si spécial qu'une fois qu'on l'a rencontré, même un caillou sur le bord de la route, dit-il, peut devenir l'enfant de la promesse.

Pour toi qui suis-je ?

Les Evangiles et l’histoire de l'Eglise, avec ses hauts et ses bas, sont des éléments de réponse. Il n’y a pas une seule réponse pour dire qui est Jésus. Il y a surtout, la vie actuelle de chaque homme, chrétien ou non, mais qui a dans son cœur une attention pour l’autre. La façon d’être ouvert à l’autre est la réponse vivante du monde actuel. St Jean a raison de dire que si on écrivait tout ce que Jésus a fait, le monde lui-même ne saurait contenir les livres qu'on rédigerait.

Dans les cœurs de chacun, il y a des réponses non dites et que tu es seul à savoir. Tu es la Présence de Dieu dans notre chair, dans notre monde. Comment dire la Présence ? Un grand-père nous l’explique : " J'étais dans une pièce et mon petit enfant était dans une autre. De temps en temps il se sentait seul et m'appelait : " grand-père ! " Et moi de lui répondre à travers le mur. " Oui mon petit ". Il ne me voyait pas, mais il savait que j’étais là. Cela aurait pu durer tout le temps qu'il jouait seul dans l'autre pièce. C'est cela la présence.

On peut la saisir par des signes. Dieu ne cesse de nous en faire. Quand on a le cœur sur la main, comment dire que Dieu est absent de notre vie. Il y a tellement de signes, mais aucun ne peut le révéler pleinement. Quand nous arrivons à vivre devant cette Présence, nous sommes amenés dans l'abîme de Dieu. L'abîme de mon esprit ne cesse d'invoquer l'abîme de Dieu, avec les cris de mon cœur devant les souffrances de ce monde : dis, lequel est plus profond ? "

D.L.