|
||
|
|
27ème
Dimanche du temps ordinaire A
|
||
Isaïe 5,1-7 Philip.
4,6-9 Mt 21,33-43
|
||
La
Vigne.
|
||
3
Octobre 1999
|
||
C'est le chant du bien aimé à sa vigne qui revient constamment dans notre liturgie de la Parole. Ils sont vieux ces textes, mais le langage et les images sont si proches . Partout chez nous, c'est la saison des vendanges. La France, terre des appellations prestigieuses, aux millésimes de renommée mondiale, devrait vibrer en écoutant la chanson de la vigne. Pour apprécier cette exaltation de la vigne, dont les vers en langue hébraïque vont jusqu'à imiter les glouglous du vin qui coule, les exégètes nous recommandent de la chanter dans les vignes qui drapent les collines entre Bethléem et Hébron. C'est dans ces lieux qu'on voit avec quel amour les vignerons palestiniens soignent leurs vignes depuis des millénaires. Les images sont trop fortes pour échapper au regard des prophètes qui y voyaient le symbole de toutes les attentions de Dieu pour leur nation ! Israël était la vigne de Dieu! Quel peuple est comme lui choyé par le Dieu-Amour ? Jésus ne sort pas de la culture de son terroir. Il savoure l'image qui a inspiré les prophètes et qu'il a reprise pour dire le travail de son père, ses projets, sa patience, son choix, sa personne même. Il déguste ce produit de la terre avec les mêmes sentiments, les mêmes aspirations que nous. Il se dit la vigne de Dieu et nous regarde comme ses sarments. Il résume ainsi, dans le rôle que son Père lui a confié, les étapes de l'histoire de son peuple, celles aussi de l'histoire de la communauté humaine. Dieu s'est lié avec les hommes dans une relation privilégiée. Il a besoin des hommes. Tous les biens reçus ont une destination : rendre le bonheur possible à tous, sur cette terre. On œuvre pour Dieu et pour les hommes. L' interpellation que Jésus a lancée aux chefs des prêtres et aux pharisiens est la plus directe et la plus forte. Elle vient de ce rejet violent qui l'a conduit à la mort, crucifié. Ce drame fait partie maintenant de tous ceux qui sont conscients du don que Dieu a prodigué dans leur vie. Et Dieu, toujours présent dans notre vie, ne cesse d'intervenir pour que notre réponse soit réajustée au drame qui est toujours là dans le monde : le refus.
Ici, la question déborde la vigne choyée, sélectionnée de la Bible. Que représentent-ils, tous ces gens dont la situation de misère dépasse notre imagination et qui n'ont rien qui puisse faire penser à la vigne reçue en fermage ? Quelle place occupent-ils dans la pensée du Dieu-Amour dont nous voulons annoncer les bienfaits? Y a-t-il pour eux une lumière, pour ne pas dire une signification quelconque de la vie? Ce sont ces questions qui motivent les actions de la communauté internationale. Elle doit se sentir concernée dans les drames qui se déroulent de par le monde, sous nos yeux, en proposant tout de suite des aides massives. Et nous-mêmes, comment prier sans nous apercevoir que ces drames habitent notre réflexion et notre prière? Nous les voyons toutes ces victimes comme projetées dans le mystère de Dieu. Dans les épreuves, on regarde le ciel, mais on se tait devant les horizons qui n'ont pas de limites. L'immensité de Dieu seule peut répondre à leurs cris de souffrance. Leurs épreuves sont pour nous comme un approfondissement à creuser pour avoir le sens de Dieu, le Dieu qui s'est fait Jésus de Nazareth qui vit à la fois comme le dernier des hommes et le Bien Aimé de Dieu. Comme sa mort en croix nous a amenés jusqu'à la résurrection de notre chair, toutes les souffrances de nos frères représentent la force qui rend les hommes plus solidaires, plus respectueux devant toutes les épreuves de la vie, plus attentifs pour inventer des moyens capables d'apporter un répit à tous les maux qui existent dans notre monde. Le fruit de la vigne, ce breuvage qui réjouit le cœur des hommes, devient avec Jésus le geste du plus grand amour, le signe de sa présence et le fondement de la solidarité nouvelle. " Ceci est mon sang, versé pour vous et pour la multitude…" Ce don de présence donne la vision dynamique de St Paul quand il écrit aux Philippiens. " Tout est à vous et vous êtes au Christ. " A celui qui manque de tout, tout lui sera donné, mais de quelle royale façon. " Miens sont les cieux, et mienne la terre ; les justes sont miens, miens les pécheurs ; les anges sont miens et la Mère de Dieu, et toutes les choses sont miennes, et Dieu même est mien pour moi, parce que le Christ est mien tout entier pour moi. Que demandes-tu et que cherches-tu mon âme? A toi est tout cela et tout cela est pour toi. " (St Jean de la Croix.) Le sang du Christ, C'est tout le sang versé sur la terre des hommes, Celui des champs de bataille, celui des hôpitaux: Respecte- le, c'est le sang de ton frère. Le sang du Christ, C'est celui de toutes les croix du monde, Qui n'en finit pas d'être versé : Recueille-le, c'est le sang de Dieu. D.L. |
||