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33ème
Dimanche du temps ordinaire A
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Proverbes 31,10;31 1 Th
5,1-6 Matthieu 25,14-30
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La
cour des comptes.
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14
Novembre 1999
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Avec le cycle des saisons, notre célébration dominicale
a l'ambition de représenter, avec le Christ, la louange de notre
monde au fil de son évolution dans le temps et dans les événements
de la vie. L'automne avec ses feuilles dorées de toutes nuances
annonce le changement en cours de la nature. Elle va entrer dans le temps
du silence. La vie va y trouver le lieu de son hibernation et se cacher
pour se revitaliser et s'épanouir de nouveau.
Au lieu de retenir l'idée de changement pour un renouveau, le choix de l'évangile préfère nous proposer une révision de vie. Ecoutons l'évangile qui nous en parle, tout en évitant d'en faire des commentaires faciles, au risque d'aboutir à une sorte de cour des comptes dont le président est Dieu, fournisseur et prêteur. La parabole des talents nous mène au message de Paul aux chrétiens de Thessalonique qui rappelle les notions exactes des valeurs Temps, Talent, Travail. Temps: Nous entrons dans la vie apparemment nus, mais en vérité personne ne naît démuni. Naître c'est entrer dans la durée qui permet tout développement : assimilation, croissance, initiative, créativité, entretien. Il est pauvre l'adage : "Time is money." Le temps c'est le grand boulevard de la vie ouvert devant nous pour que nous allions là où nous voulons. Grâce à cette donnée de temps, notre vie n'est pas statique, elle est toujours en mouvement. De nouveautés en nouveautés, notre vie s'enrichit de tout ce que nous rencontrons sur le chemin. Talent: Avec la richesse du temps, s'ajoutent tous les réseaux de relations qui vont façonner notre personnalité. Les relations nous sont données avec la vie, en commençant par le projet de Celui qui nous a conçus dans sa pensée, qui nous a fait entrer dans l'existence par sa Parole créatrice, et nous a dotés de la force de communication de son Esprit. Le talent quitte son domaine pécuniaire pour devenir le génie, l'intelligence, la matière grise, la capacité : une richesse qui n'est pas dans le domaine de l'avoir mais de l'être. Travail : Notre personnalité vient alors du développement de toutes les relations reçues, dans notre vie personnelle. Un jeune, à peine entré dans la vie active, demande à un vieux journaliste comment faire pour devenir milliardaire. De par son métier, avec les personnalités et les célébrités qu'il a rencontrées, interviewées, il a donné à ce jeune cette étonnante recette : " Tu peux commencer par collectionner les cartes de visites ; tu les apprends par cœur, et selon les circonstances, tu fais fructifier les coordonnées que tu as en main. La richesse commence avec le réseau de relations qu'on a su entretenir bien à jour. " C'est une sorte de parabole moderne des talents que le jeune a reçue. Dans la parabole des talents, Jésus focalise notre attention sur le troisième homme, celui qui n'a reçu qu'un talent. Son cas est représentatif. Il se dit outré de l'exigence du maître. Il lui demande plus qu'il ne lui donne. Pourtant un talent, à l'époque, c'était une fortune. Les archéologues estiment qu' il correspondait au salaire de 6.000 journées de travail. L'argent représente bien ici la fameuse définition : l'argent, c'est de "la liberté frappée". L'investissement d'une telle somme de liberté comporte des risques et suppose de l'audace, de l'imagination et des relations. Mais le malheureux refuse toute forme de risque incluse dans toute forme de relation. Il gèle son avoir. Et il refuse ainsi à lui-même toute gratification. Jésus compare la foi à une graine. Toute petite est la graine, mais elle porte en elle la semence de la vie qui va éclore en cent pour un. La foi, comme dit le mot en latin : "credere", ou "cor-dare", est la confiance. Elle dépasse le savoir, la connaissance. Elle est la quintessence de ce que l'homme peut donner les uns aux autres, son cœur. Ainsi, quand Dieu nous donne quelques graines, il attend de nous en retour la moisson. Dieu qui est à l'instigation de toute relation doit y avoir sa part de prioritaire. Il s'agit même de la vie, consciemment reçue et donnée en retour, qui inspire l'appréciation, l'amour, la reconnaissance, l'adoration. La vie a marqué en nous une image unique, le reflet de Celui qui nous a conçus et façonnés avant même que nous ne soyons entrés dans le monde. Notre travail de fructification est de faire ressortir cette image devant les hommes, devant l'Eternel. S'il y a un inventaire à faire comme suggère l'évangile de ce dernier dimanche, ce sera de nous demander au fond de nous-mêmes : Où en est l'image de l'Eternel qui s'imprime en moi comme don de vie ? A quoi va-t-elle ressembler ? Où trouver l'Image Source pour trouver des retouches à faire ? Grâce et beauté ne sont que des reflets éphémères quand elles ne peuvent pas nous donner le rayonnement de la Présence de l'Eternel, comme disent les Proverbes qui font l'éloge de la femme. Nous sommes au dernier dimanche du temps ordinaire, de l'année 1999, le sommet de notre année liturgique. Car tout s'achemine vers le Christ et se retrouve dans le Christ, Verbe de Dieu et Louange éternelle de l'humanité dont il fait partie, en venant vivre au milieu de nous, homme parmi les hommes. Ce sera la fête du Christ, Alpha et Omega que nous célébrerons dimanche prochain. D.L. |
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