Jésus Christ, le Vivant,
en qui, tout l'univers est réuni.

Qu'est-ce que l'homme dans la nature ? " Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout. Infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, incapable de voir le néant dont il est tiré et l'infini où il est englouti, que fera-t-il, sinon d'apercevoir quelqu'apparence du milieu des choses, dans une angoisse de ne pas connaître leur principe ni leur fin ? " * Repositionné dans son contexte fondamental, l'homme saisit mieux la présence de Jésus dans la communauté humaine.

" Toi et Moi " de la dernière parole du bon larron est le rapprochement des deux extrêmes à un niveau d'intimité qui n'existe que dans un monde nouveau. Rien désormais, même la mort, ne pourra les séparer l'un de l'autre. " Souviens-toi de moi… " "Aujourd'hui, tu seras avec moi… "

Il est bon de commencer ainsi à partir du dernier moment de sa vie remonter à l'idée de royauté qu'on veut attribuer à Jésus. Au sommet de l'année liturgique, dernier dimanche du temps ordinaire, l'Eglise célèbre le Christ, Roi de l'univers. L'Evangile a rendu étrangère certaine nostalgie des régimes dépassés par le temps.

Les rêves de faste et de puissance donnés à toutes les royautés de ce monde ont atteint les limites de ce qu'il y a de beauté et de richesse que les hommes ont voulu réserver à leurs rois. Nos musées, nos châteaux montrent ce que veut dire le qualificatif royal. Ce sont des acquis culturels durement payés par tant de générations vouées au culte de la royauté.

Si la qualité de ces acquis a maintenant des valeurs universelles, éternelles, la mission de la royauté n'a pas été vécue au même niveau de valeurs culturelles qu'on lui réservait. Où trouver à l'heure actuelle le roi qui est " le pasteur de son peuple ", selon le cœur de Dieu, comme dit le livre de Samuel ?

Il faut le génie d'un St Matthieu pour faire découvrir la vraie royauté de Jésus. Entre son ascension et son retour, Jésus reste présent parmi les hommes sous l'habit de tous ces "petits frères " qui croient en lui. Le Jugement des nations se fera selon la qualité de l'accueil ou le refus destiné aux envoyés de l'Evangile, aux témoins de la vie de Jésus. Ces hommes affamés, assoiffés, nus, étrangers ou prisonniers, désignent dans la pensée de Matthieu, tous ceux qui ont accepté de vivre les Béatitudes pour le Règne de Dieu, tous ceux qui, volontairement, se sont mis sur les pas du Christ avec le même comportement de pauvreté: le bonheur des hommes. A travers ses disciples, Jésus fait signe à tout homme.

Jésus, le très bas, est la voie royale de l'amour, plus puissante que la déchéance et le mal dans notre vie. Il est le passeur qui " nous arrache au pouvoir des ténèbres, qui nous fait entrer dans le royaume du Fils bien aimé. " Il n'est pas ordonné par les prêtres du temple. Le Verbe de Dieu, devenu chair en Jésus, est l'onction qui le fait l'Oint de Dieu, le Prêtre éternel, l'origine de tout sacerdoce. L'usage usé et le déficit du mot Roi nous révèlent la vraie identité de Jésus. Il est le Fils du Père. Par lui, nous sommes tous, fils et filles de Dieu, héritiers de la Résurrection.

Aujourd'hui, l'Eglise nous invite à contempler, à adorer le Visage du Christ dans la plénitude de sa Gloire. Il prend en charge tout l'Univers, toute la communauté humaine. Aucune convenance n'est possible de penser à mettre Jésus en dépôt. Son rayonnement ne supporte aucune ambiguïté puisqu'il rayonne devant le monde, au moment où il a été défiguré par les tortures, par la crucifixion. Humilié, réduit au rang de malfaiteur, de crucifié, il laisse voir, à coeur ouvert, la force de son amour à tous celles et ceux qui savent vivre dans le dépouillement. Comme l'histoire de son peuple, c'est seulement quand on se trouve aux limites du néant que l'on arrive à avoir une intuition de Dieu, de sa royauté.

Le temps de l'Avent peut venir. Ce sera dimanche prochain. Nous pourrons reprendre notre année liturgique depuis le début. Nous allons l'attendre et le suivre jusqu'au jour où nous pourrons voir de nos yeux son visage. Sa Présence est toujours le soutien vital de la vie de tous les hommes. A chacun est donné la possibilité de chanter notre Dieu et d'être présent devant Lui, les uns avec les autres. Puisque, chaque fois qu'on réserve un geste de sympathie à quelqu'un d'autre plus démuni, c'est à Lui qu'on le fait.

Denis Luong

* Pascal