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1er dimanche de l'Avent A
 
 
Is.2,1-5 - rm 13,11-14 - Mt 24,37-44
 
   
 
Marcher à la lumière du Seigneur
 
   
 
28 Novembre 2004
 
   
 
Avent

Refuser la nostalgie, se tendre vers le désir de vivre est plus qu'une ambition psychologique. Tous ces arbres qui jettent par terre leurs feuilles en rafales, feuilles mortes ou feuilles d'or, n'inspirent-ils pas plutôt la mélancolie, les signes précurseurs de la finitude des choses, de la vie ? Bien rares sont les chants joyeux de l'automne !

" Dans le vent qui les tord les érables se plaignent.
Et j'en sais un là-bas dont tous les rameaux saignent. "
Albert Lozeau

L'expérience commune sait avec certitude que l'automne et l'hiver mourront à leur tour, que le printemps donnera d'autres feuilles, d'autres fleurs, que la nature resplendira toute nouvelle. Il arrive quand même que le cœur de l'homme se sente serré par cette tristesse vague, ce regret de la vie en fleurs qui change de couleur.

Il lui faut un autre regard qui ose laisser les choses qui passent pour recevoir les choses qui vont venir. La liturgie chrétienne utilise le mot " Avent " pour définir ce regard. Plus qu'un temps de vivre un avant la fête, l'Avent se propose comme l'avènement de toutes les attentes de l'homme, de toutes les évolutions dans le cosmos. Tout l'univers est en perpétuel mouvement. Expansion ou Implosion ? Chaque discipline du savoir humain a son propre langage pour le dire.

Chaque homme est l'histoire de mille aspirations formulées, réalisées, déçues, rebondies de déceptions en désabusements ou d'espoir en espérance. Tous les écrits sur la vie de l'homme, tous les romans du monde racontent la même histoire avec autant de ramifications que les nuances des couleurs d'automne, en commençant par "cette plus longue, plus grande aventure de l'histoire de l'humanité :

La quête de la compréhension de l'univers, de son fonctionnement et de son originet. Il est difficile d'imaginer qu'une poignée d'habitants d'une petite planète en orbite autour d'une étoile insignifiante dans une galaxie, ait un but, la compréhension complète de l'univers entier, pour une poussière de la création persuadée qu'elle est capable de comprendre le grand tout. " Murray Gell-Mann, prix Nobel de Physique.

La Liturgie chrétienne a son langage pour englober toutes ces aspirations à comprendre le grand tout dans le mot " Avent ", le temps de l'incubation, du silence, de la tension vers le demain. Il commence au premier dimanche des quatre semaines avant la fête de Noël.

Quatre semaines représentent le temps symbolique de la Bible qui situe au quatrième millénaire après la création du monde, la naissance de Celui qui doit venir, le Messie, " l'Emmanuel ".

Son nom, Dieu-avec-nous, explique l'implication de l'aventure humaine dans ce Frémissement inaugural, reconnu ensuite comme la découverte initiale du projet de Dieu. Il aboutit à ce qu'aucune imagination humaine n'aurait pu rêver : un enfant de la communauté humaine.

" Quelque chose avant sa venue le pressent. Quelque chose après sa venue se souvient de lui. La beauté sur la terre est ce quelque chose. La beauté du visible est faite de l'invisible tremblement des atomes déplacés par son corps en marche. "
L'homme en marche, de Christian Bobin.

Le Frémissement est en fait, la Parole créatrice de Dieu, le Verbe. Et il est écrit que " le Verbe s'est fait chair " .

Le temps de l'Avent fait vivre la longue préparation de l'enfantement de Celui qui doit venir. Pierre Teilhard de Chardin, jésuite, paléontologue, résume en quelques mots cette aventure inouïe.

" Il ne fallait rien moins que les labeurs effrayants et anonymes de l'homme primitif, et la longue beauté égyptienne, et l'attente inquiète d'Israël et le parfum lentement distillé des mystiques orientales, et la sagesse cent fois raffinée des Grecs pour que sur la tige de Jessé et de l'humanité la Fleur pût éclore. "
Teilhard de Chardin


Toutes ces préparations étaient cosmiquement, biologiquement, nécessaires pour que Celui qui doit venir prît pied sur la scène humaine. Et tout ce travail était mû par l'éveil actif et créateur de son âme en tant que cette âme humaine était élue pour animer l'univers. Quand l'Enfant apparut au bras de sa mère, il venait de soulever le monde. "

Ce constat rappelle que, avant l'arrivée de ces événements, il y eut des visions de l'avenir, faites par des hommes qui ont eu des expériences immédiates de Dieu. Ils ont reçu la révélation de sa sainteté et de ses projets pour les hommes. Ils donnent leurs appréciations sur le présent. Ils voient l'avenir à la lumière de Dieu. Ils parlent pour Dieu. " Dieu a dit " disaient-ils. Ils disent " Je " à la place de Dieu. Dieu apprécie leur audace d'utiliser le " je " qui leur appartient, pour lui prêter la possibilité de s'adresser en direct à son peuple.

" Voici mon serviteur que je soutiens,
mon élu, que préfère mon âme.
J'ai mis sur lui mon esprit
pour qu'il apporte aux nations le droit.

Il ne crie pas, il n'élève pas le ton,
il ne fait pas entendre sa voix dans les rues.
Il ne rompt pas le roseau broyé,
il n'éteint pas la flamme vacillante... Isaïe 42, 1-3

" C'est trop peu que tu sois mon serviteur,
pour relever les tribus de Jacob et ramener les survivants d'Israël.
Je ferai de toi la lumière des nations,
pour que mon salut atteigne
aux extrémités de la terre. Isaïe 48, 6

Denis LUONG