Comme
les eaux
qui recouvrent le fond de la mer.
A chaque saison
de l'Avent, les attentes du temps passé reviennent en force comme un nouveau
souffle dans notre vie. La force de l'attente s'enrichit des efforts de toute
la communauté humaine tendue vers son devenir. En ce deuxième dimanche,
la liturgie est dotée de beaucoup de force, d'imagination et d'amour pour
régénérer l'espoir, animer l'attente de notre monde. En dix
phrases, le texte d'Isaïe comprend vingt deux verbes. On y trouve mentionnés
toutes les mouvements qui rendent l'homme maître de sa vie. Chaque génération,
chaque temps a ses propres déceptions venues de toute part, des gens qui
nous gouvernent, de la société qui nous entoure, de nous-mêmes
qui n'avons plus de souffle et d'imagination pour réaliser nos aspirations.
C'est
dans ce contexte que la parole de Dieu parle et rassure en un langage humain imprégné
d'images les plus fortes. La consigne : " Marcher à la lumière
du Seigneur " du premier dimanche, s'éclaire de signification plus
explicite. La vie est la lumière. La lumière est la source de l'action.
" Voici que le Seigneur va venir pour sauver tous les hommes. " L'image
la plus vivante fait voir un rameau, un rejeton, un enfant qui va apporter au
monde un souffle nouveau. Ce sera de la souche de Jessé, fils de Booz et
de Ruth. Celle-ci était une moabite venue glaner dans le champ de Booz
qu'il a prise comme épouse.
" Booz vit un chêne
Qui,
sorti de son ventre, allait jusqu'au ciel bleu ;
Une race y montait comme une
longue chaîne ;
" Une race naîtrait de moi ! Comment le croire
?
Comment se pourrait-il que j'eusse des enfants ?
Pendant qu'il sommeillait,
Ruth, une moabite,
S'était couchée aux pieds de Booz,
Ruth
songeait et Booz dormait et Ruth se demandait,
Quel dieu, quel moissonneur
de l'éternel été,
Avait, en s'en allant, négligemment
jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles. " Booz
endormi-V.H.
Dans la terre labourée de l'histoire, dans notre
vie travaillée par les épreuves et les quêtes de vie inachevées,
le prophète voit Dieu qui fait pousser le " Germe de Justice. "
Il voit Dieu qui donne aux désirs de l'homme, encore flous, instables,
capricieux, une consistance de vie. Le " Germe " n'est pas un cadeau
tout fait. Il est la poussée de vie qui va lentement, progressivement,
patiemment. Les désirs ne prennent forme que par un travail suivi, continu.
C'est le grain de blé mis en terre. L'image utilisée dans l'Evangile
annonce les débuts cachés de Celui qui doit venir et l'intervention
discrète de sa mission.
Celui qui doit venir est le Verbe
de Dieu, sa Parole en action, comme le verbe dans une phrase. Sa première
action se réalise en la formation de sa propre personne. Il devient un
corps de chair, un humain, tel que chacun peut s'y reconnaître.
Ce message a la puissance d'une prophétie, d'une vision qui dépasse
les rêves les plus audacieux de l'homme. L'homme et l'univers retrouveront
l'innocence et l'harmonie des premiers jours. Il n'y a plus de férocité,
ni de violence même chez les fauves. Partout, c'est l'harmonie qui règne.
L'agneau peut rester à côté du loup, le nourrisson à
côté des vipères et les hommes à côté
d'autres hommes. Ces images deviendront des réalités grâce
à l'attention de chacun. Tout ce qui est catégorique se mue en compréhension,
diversité, nuance.
Ce changement, l'évangile nous l'annonce
comme la "conversion" de l'homme. C'est toute la prédication
de Jean Baptiste, celui qui vient préparer et annoncer la venue imminente
du Celui qui doit venir. C'est en images qu'il parle à la foule. Il faut
faire un chemin, enlever tout ce qui bloque la route de sa venue.
Le
monde, le cœur de chaque homme sera rempli de la connaissance du Seigneur, comme
les eaux qui couvrent le fond de la mer. Le mot est du prophète Isaïe.
Paul de Tarse va redire la même expérience : " Dieu sera tout,
en tous ". Le "désir-prière", l'évangile l'annonce
comme le retournement, la"conversion" de l'homme. Jean Baptiste, le
précurseur crie dans le désert.
Un passage de la lettre
de Paul, écrit aux Thessaloniciens, I, 3,12--4,2, évoque le dynamisme
de l'Avent. II sait que Dieu est allé à la rencontre de tout homme
en la personne de Jésus. C'est à chacun de se lever, de sortir du
chacun pour soi pour le trouver. Veillez et priez en tout temps : Rester présent
et entretenir la relation avec Dieu qui parle.
D.L.