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1er
dimanche de carême A | ||
Matthieu
4,1-11 | ||
La Parole qui
nourrit, qui enseigne, qui porte à la louange. | ||
13 février 2005 | ||
La Parole qui nourrit, qui éclaire, qui porte à la louange. La Parole de Dieu dans notre vie est comme l'air que nous respirons. Toute vie est une parole gracieusement donnée. La gratuité du don fait que l'on vit souvent le don comme une évidence. Evidemment que nous vivons, évidemment que la parole parle. Tout ce qu'on a reçu est alors inaperçu. La parole, plus adroite que le silence, représente une manière de se taire. Dieu parle comme il se tait, pour que l'homme vive son autonomie, sa liberté. Nous sommes entrés dans le temps de Carême avec la Présence
du Père profondément ancrée tout au long de ce dernier parcours
de la vie de Jésus, le Fils en qui il a mis tout son amour. Il est écrit
qu'après son baptême, il est allé dans le désert. Vibration
lumineuse ou vibration sonore, le Verbe, la Parole de Dieu en action se fait entendre
à ceux qui ont le désert dans leur coeur. La Parole, en hébreu
se dit "Davar" et le désert, Midbar, le lieu "hors de la
parole". En suivant le parcours de Jésus, nous sommes admis à vivre à son côté comme ses disciples Jean, Jacques et Pierre. Nous entrons ainsi dans ses pensées profondes sur la Parole de Dieu. Nous n'avons pas à le chercher dans le passé ou dans l'au-delà. En l'écoutant, sa Parole est " dans ta bouche et dans ton cœur " comme dit l'Écriture. Le récit du séjour de Jésus dans le désert, du jeûne qu'il a mené durant quarante jours et quarante nuits, est déjà tout imprégné de cette lumière de Pâques. Partout le Père est présent, aimé, adoré en premier, dans toutes les circonstances de la vie. Il est écrit qu'après avoir jeûné, il eut faim. Privation, faim, désir, fantasme, frustration, sont des réalités qui appellent la psychologie des profondeurs. Ce sont des ingrédients psychiques qui se prêtent au jeu de la recherche de soi-même. Jésus porte en lui la condition humaine. L'évangile nous révèle sa personnalité tout habitée par la présence de son Père. Une psychanalyse qui respecte les données de l'évangile ne peut que constater que son intérieur n'ait jamais été vide. " En lui, était la vie, la vie est la lumière." La Parole du Père est sa nourriture. Il n'a pas à assouvir sa faim, à se servir lui-même en premier. Pour sortir d'une situation critique, il n'a pas besoin de se procurer du pain à partir des cailloux. Il est la Parole qui nourrit et qui guérit. Elle sort de la bouche de Dieu. La deuxième révélation de Jésus sur la Parole de Dieu fait disparaître l'image caricaturale du Dieu " bouche trou ", le Dieu créé par l'homme pour venir au secours de ses limites humaines. " Se jeter en bas, du haut du Temple, au milieu de la foule " c'est du multimédia moderne, images et sons, et les effets immédiats sont assurés comme la télé-réalité. En apparaissant dans les airs, atterrissant au milieu du Temple comme un superman, il aurait pu convaincre tous ses adversaires dont la plupart faisait partie de la gestion du Temple. Cela aurait été évident et visible qu'il était vraiment le Messie. Il aurait pu épater même les romains. C'est le choix de la facilité aux dépens du sens de Dieu que Jésus dénonce. La Parole de Dieu n'est pas donner pour parader, ni pour mettre Dieu au service du prestige, de la volonté de puissance des hommes. Le sommet de la Parole de Dieu apprend à l'homme le langage de la louange. Nous sommes au cœur de notre liturgie. C'est la prière de Jésus Ressuscité. " Tu ne prosterneras que devant le Seigneur ton Dieu. Ton Maître, c'est lui, et lui seul ". Le désert où est allé Jésus est l'environnement de la liturgie de l'Eglise. Elle a pris toutes les mesures de retenu, de discrétion, de silence, de respect pour sauvegarder le caractère de la prière du Christ Ressuscité. Dans tous les gestes, toutes les paroles chantées ou proclamées, tout doit être pensé à préserver la place de Jésus, invisible, mais réel. Quelle sera encore la liturgie, quand la présence du Seigneur ne prend pas toute sa place dans notre célébration ? C'est la gloire de Dieu que l'Eglise célèbre en union avec son Christ éternellement présent. Nous avons de quoi mesurer maintenant le chemin parcouru de la première lecture jusqu'à ce passage de l'évangile de St Matthieu. De l'image d'une humanité prise dans la griserie de liberté si grande qu'elle se croit égale à Dieu par le simple geste de consommer un fruit, nous arrivons aujourd'hui devant la personne de Jésus, image nouvelle de l'homme et de la femme. Avec lui, la référence à Dieu, la recherche de sa volonté ne nuisent en rien à la liberté de l'homme. La volonté de Dieu n'est-elle pas le projet de rendre l'homme uni à lui, capable du vrai amour ? Le programme du Carême nous promet d'autres révélations plus passionnantes encore sur la personne de Jésus qui se révèle dans l'intimité de son Père. On peut les écouter développées progressivement dans la liturgie de chaque jour, durant tout ce temps du carême. Nous pouvons connaître en détails le drame qui est en train de se dérouler jusqu'aux derniers jours de la semaine sainte où il y aura une mort d'homme. L'homme en question se dit Fils de Dieu. Il a vécu, il est mort comme tel. Personne ne peut dire qui il est sans écouter au préalable la Parole qu'il est venu nous dire. Denis LUONG | ||