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4ème Dimanche Carême A
 
 
( 1 Samuel 16, 1-13 ; Ephésiens 5, 8-14 ; Jean 9,1-41 )
 
   
 
Le premier regard
 
   
 
6 Mars 2005
 
   
 


L'Aveugle né.


En suivant de près Jésus qui monte pour la dernière fois à Jérusalem pour y mourir, on aime contempler la figure de celui qui donne en toutes choses, la priorité à son Père sans oublier de nous la chance de nous dégager du mal, de reprendre notre autonomie d'aimer comme il a aimé. Jésus a le visage qui brille comme le soleil, qui parle à la Samaritaine en faisant jaillir de son intérieur la source d'eau vive.

Aujourd'hui, ce même visage brille d'une lumière que l'aveugle-né peut apercevoir. Dans ce long récit admirablement mené, plein de finesse et de détails, le conteur dit ce qu'il a vu, ce qui s'est passé il ne peut oublier les événements qui se sont précipités avec une rapidité telle que tout le monde fut pris au vif. " Voir, entendre, toucher, sont des miracles et chaque partie et chaque particule de moi-même est un miracle ". Que dire alors le geste de Jésus qui donne à ce mendiant aveugle la joie de voir ? On comprend mieux ce qu'il a fait en se rappelant la consigne qu'il a donnée à ses disciples comme la mission à faire pour le bien de tous: " Allez guérir les gens ".

Les disciples qui le suivent et qui se montrent ce jour-là particulièrement éveillés, piqués on ne sait de quelle crise métaphysique, ils ont voulu savoir pourquoi l'aveugle est né aveugle. Est-ce sa faute à lui ou celle de ses parents ? Une surprenante narration commence avec la variété et la véracité des caractères, avec la grandeur et la clairvoyance de la conscience de Jésus. Il rappelle la Présence de Dieu, son action dans chaque vie. Sa mission d'être la lumière dans notre monde.

Le fait que " la lumière du monde " brille sur un aveugle-né ne peut pas rester inaperçu. Le fait qu'il découvre la vue déclenche une série d'enquête. Les voisins sont interviewés. Cet homme qui voit est-il l'aveugle qui mendie dans le quartier ? Les réponses différencient selon l'appréhension de chacun face aux interrogatoires. Le miraculé intervient et dit que c'est bien lui-même, la recherche n'est pas poussée plus loin.

L'enquête des pharisiens est alors méticuleusement menée auprès de l'intéressé et sa famille. Les réponses ne sont pas celles qu'ils attendaient. Il était aveugle de naissance et maintenant il voit. Jésus lui a donné la vue.

Admettre ce fait revient à reconnaître Jésus, et mettre en question leur système religieux, source de leurs privilèges et de leur prestige. Ils se montrent alors douteux, accablent d'injures l'aveugle qui voit vraiment trop clair et qui, paradoxalement, mène aussi sa propre enquête. Elle aboutit à le mettre aux pieds du Sauveur pour lui dire ": Je crois, Seigneur. " Et il se prosterna devant lui.

La moralité de ces genres d'investigation révèle l'envie et la passion de détruire. On est miné par la fièvre de la jalousie. On ne supporte pas que quelque chose de bien puisse être donné gratuitement à des gens qu'on ignore. Jésus est le premier qu'on fait semblant de ne pas avoir aperçu et qui revendique le droit de réponse. On l'a considéré comme absent durant toutes ces enquêtes. Jésus sait pourquoi les gens se sont ainsi conduits. " Je suis venu en ce monde pour une remise en question, dit-il, pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. " Aujourd'hui, ce même visage brille d'une lumière que l'aveugle-né peut apercevoir.

Le miracle est qu'il rencontre le visage aux yeux de lumière qui peut lui dire sans mentir : " Je suis, c'est moi qui te parle ". L'homme qui était aveugle de naissance est le seul à voir ce qui se voit. Ouvrant pour la première fois ses yeux sur les visages des hommes, il a dû s'étonner de ne pas voir briller la lumière et la joie sur ceux qui l'entourent. La vue si précieuse pour la vie d'un homme n'est pas appréciée à sa juste valeur. Au contact de cette source plus pure encore que celle de Siloé, l'aveugle-né puise le sens de la vie, le terme de notre aspiration humaine : " Voir Dieu ".

Les événements de la vie nous ont emmenés souvent aux limites de la vie. Les épreuves sont telles que nous aimerions plutôt décliner : " Seigneur, éloigne de moi la tentation de vouloir Te voir. " On le sait bien, personne ne peut voir Dieu sans Le reconnaître, sans reconnaître les autres et leur droit de vivre dans la dignité. Le message de ce dimanche se retrouve actualisé dans " Le Décalogue pour la Paix " formulé par toutes les religions rassemblées à Assise.

Eradiquer les causes du terrorisme, éduquer le respect mutuel, développer la compréhension et la confiance réciproques, défendre le droit de toute personne humaine, engager le dialogue, vaincre la haine et la violence, être la voix des sans-voix, promouvoir l'amitié des peuples, édifier et consolider un monde de solidarité, donner à l'humanité de notre temps l'espérance et la joie de vivre.

D.L.