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DOUZIÈME DIMANCHE A }
 
 
{Jérémie 20,10-13 - Romains 3,12-I5 - Matthieu 10,26-33
 
     
 
" Plus que tous les moineaux du monde."
 
     
 
15 Juin 2005
 
     
 

" Plus que tous les moineaux du monde… "

 


Matthieu a organisé un petit discours de mission en regroupant plusieurs paroles de Jésus. Un triple lien unit les sentences de la lecture de ce dimanche : " Ne craignez pas ! " La tendance naturelle opte pour une action facile qui risquerait de rendre "l'Evangile décaféiné, absorbable par tous et qui n'empêcherait pas de dormir. " Brandir Gaudium et spes, ne suffirait pas pour voir le monde entrer dans l'Eglise ?

Il est toujours difficile de voir en Jésus - et en l'Eglise - un signe de contradiction. Il accule les hommes à l'option généreuse, alors qu'on est humainement réticent, et ne se hâte pas pour un tel engagement. Une relation profonde, avec une connaissance communiquée par le Christ est toujours nécessaire pour choisir Dieu. Il faut plus que de l'audace pur annoncer Dieu : il faut cette folie qui s'appelle la connaissance en Jésus Christ. Même les plus intrépides porte-parole de Dieu ont connu la peur. Peur de ne pas être suivis. Peur d'être incompris. Peur du ridicule. Peur de la solitude. Peur de la persécution. Peur de la mort, Aussi, depuis l'appel de Dieu à Abraham, ne cesse de retentir au coeur de chacun des appelés cette parole de Dieu : " Ne crains pas : Je suis avec toi". Jésus la redit avec plus d'expérience que jamais au moment de lancer ses apôtres dans l'évangélisation.

L'Evangile n'est pas fait pour être dégusté dans un petit cercle d'intimes. Certes, la pratique du partage de l'Evangile est excellente. N'est-ce pas ce que Jésus faisait avec sa communauté lorsqu'il s'isolait des foules ? Mais il ajoutait : " Ce que je vous dis dans le creux de l'oreille, proclamez-le sur les terrasses n. L'Evangile entendu dans le silence de la contemplation ou dans le secret de notre demeure n'est pas un recueil de définitions ou de petits secrets : il est " puissance de vie" à multiples répercussions dans la vie personnelle, sociale et politique. Jamais comme de nos jours nous n'avions perçu à quel point la parole du Christ est explosive jusque dans les questions internationales.


Mais pour 1e proclamer sur les toits, il faut l'entendre en soi-même. Comment prétendre convaincre les autres si l'on n'est pas soi-même convaincu ? A quoi bon interpeller les autres si l'on ne se laisse pas d'abord interpeller par la parole du Christ ?

Quel temps ne fut jamais plus fertile en reniements ? I1 y a les reniements de toujours, celui de Pierre et celui de Judas, ceux qui se commettent devant les tribunaux et ceux que provoque le respect humain. Mais aujourd'hui, la tentation est plus subtile. N'est-ce pas renier le Christ que de se glisser dans une société où priment la recherche du confort, l'indifférence religieuse, surtout les silences devant les injustices et l'hypocrisie généralisée ? Sous le prétexte que le drame actuel de la foi serait la carence du langage, n'irait-on pas jusqu'à élaborer une " théologie du mutisme " ?

Or le chrétien est " le disciple d'un Verbe qui l'a envoyé, non pour nous taire parmi les nations mais pour " porter l'Evangile à toute créature ". Le risque est grand à prendre parti pour l'Evangile. Jésus y a laissé sa vie. Ainsi que tous les apôtres. De nos jours, il est des chrétiens qui, à cause de Jésus, acceptent d'être rejetés de leur milieu, de perdre leur situation, de refuser une promotion. Ils réalisent l'unité de leur vie en passant tout entiers dans le seul acte de leur témoignage jusqu'à retrouver l'aveu le plus dépouillé et le plus audacieux de l'Apôtre : " Pour moi, vivre, c'est le Christ " (Ph. 1,21).


Dans le livre de Jérémie, nous trouvons à plusieurs reprises des pages brûlantes d'un journal intérieur : les confessions de Jérémie. Echo du mystère de Dieu qui a bouleversé sa vie d'homme, elles révèlent l'une des consciences les plus affinées et à la fois les plus torturées dans l'histoire des croyants. La Bible mentionne souvent la déception de ceux que Dieu a séduits : tentation d'abandon pour Moïse (Ex 32), découragement d'Elie (1 Rs 19), dépression de Jonas (Jon 4), désillusion amère de Jérémie (Jr 2Q). Et ne parlons pas du drame de Job ! Jésus lui-même n'échappera pas à cette loi de l'emprise de Dieu. On a souvent vu dans Jérémie lui-même la plus poignante prophétie du Christ de Gethsémani.

Rarement un homme a autant ressenti que Jérémie la conscience aiguë de ses responsabilités et entrevu les possibilités du mal - de 1a malice - enfouies dans le coeur des hommes. Est-il possible que tant de haine jaillisse de la nature humaine et se décharge de préférence sur les élus de Dieu ? Mystère de la vocation ! Jérémie est fou d'amitié et voici que se trace autour de lui un cercle de feu qui le relègue dans un isolement tragique. Même ses amis guettent un faux pas. Jérémie entrera-t-il dans la révolte ou cédera-t-il au Séducteur divin ? Il est certain que Dieu n'écrasera pas sa liberté. Finalement, Jérémie se laisse séduire et se donne à celui-là seul qui a le droit de le prendre.
Du péché originel reconnu comme un absolu, on a même tiré de lui toute une morale dite chrétienne : la morale du péché. A quels excès et à quelles névroses elle nous a conduits. Pour saint Paul, l'homme le plus important de l'histoire du salut n'est pas Adam, mais le Christ ; l'heure décisive n'est pas celle du péché originel, mais celle de la victoire pascale ; la morale chrétienne n'est pas celle de la chute, mais celle de la résurrection.

Pâques est la victoire de l'amour sur la mort, le passage d'une existence déchirée à une existence réconciliée, la liberté sauvée et la pureté originelle reconquise, l'expérience capiteuse de notre filiation divine, l'équilibre retrouvé de notre personne. Certes, la faille dans l'homme est un mal, mais Paul le signale comme une ombre qui fait mieux apprécier la lumière.

A.B.


N.B. pour votre information.

A propos du livre " Traité " d'athéologie "


Partout, observe Michel Onfray, Dieu, jadis chassé par la porte, revient par la fenêtre... D'où ce " Traité d'athéologie ", savant, polémique, conceptuel et sensuel, où le philosophe anti-platonicien tente de pointer, de dénoncer, de dépasser, cette "haine des corps" (sic) qui, semble-t-il, gît secrètement derrière le retour généralisé du divin, et du "désir de salut", dans nos sociétés. Dans ce livre, il est ainsi question de Jésus et des femmes, du désir et de la démocratie, de Saint-Paul et de Nietzsche. L'auteur, en matérialiste conséquent, provoque.

" La critique radicale de la religion est, même sous nos contrées, rare et mal considérée. Comme si une sorte d'obscénité s'attachait aux jugements péremptoires sur l'inanité des croyances religieuses. Il y a pourtant, sur ce terrain, des patronages prestigieux. Sigmund Freud, par exemple, pour qui toute religion procède d'une "névrose obsessionnelle". Et puis Karl Marx qu'on réduit à son "opium du peuple" en omettant la trouvaille poétique qui précède faisant de la croyance religieuse "le soupir de la créature opprimée". Mais, qui lit encore l'un et l'autre ? De sorte que l'athéisme revendiqué semble voué à être au mieux la marque de l'excentricité, au pire l'expression d'une rumination sectaire. On s'étonnera que Michel Onfray, dans ce Traité d'athéologie, croit devoir lui aussi sacrifier à l'ironie sur les petites chapelles rationalistes. Il en reprend pourtant, avec brio, le discours et les arguments au moins biséculaires - mais sans doute Michel Onfray doit-il, avant de lancer ses charges furieuses, se rassurer en s'assurant qu'il est seul contre tous. S'il lui paraît nécessaire d'être véhément, c'est parce que la notion d'athéisme reste l'objet d'une définition molle. Que l'on ne souscrive pas à un dogme fabriqué autour d'une révélation, et l'on a un titre à figurer dans la galerie des athées patentés. Or, c'est tailler trop large.


Certes, invoquer Rousseau, Voltaire, Spinoza ou Kant, conduit bien à ce moment essentiel où la raison s'en prend à l'autorité des dogmes et au pouvoir des Eglises mais c'est s'arrêter au seuil de l'effort nécessaire pour n'avoir pas à se demander si, finalement, il n'existe pas "quelque chose" en dehors, au-dessus ou à côté de la matière, du réel et du monde... "
Marc Riglet -


Le Traité d'athéologie

... Ce pamphlet gonflé par l'air du temps dénonce avec fureur la religion, "pratique d'aliénation par excellence". Après avoir présenté l'athée comme une victime, triste usage de la mode, le provocateur ne brille que par son absence de rigueur. Passe encore qu'au titre d'une véritable obsession Onfray se paie l'apôtre Paul à longueur de pages et en fasse un "hystérique", empli de "haine de soi", de "névrose" ; mais au titre d'un "diagnostic médical facile à faire" - sans blague ! - il en fait un impuissant et sonde pêle-mêle "l'estomac, les intestins, l'anus" de l'"avorton". Avec une passion jusqu'ici inavouée pour la gastro-entérologie, Onfray semble regretter que "Jésus n'excrète jamais". Comment ose-t-il écrire dans son introduction : "Je ne méprise pas les croyants" ?... Certaines têtes de paragraphe sont édifiantes: "Hitler disciple de saint Jean", "Le Vatican aime Adolf Hitler", et, sommet du genre, "Les compatibilités christianisme-nazisme". Michel Onfray déshonore l'anticléricalisme. Le moins que l'on puisse dire, c'est que son "athéologie" n'est pas une source de paix intérieure...
Christian Makarian - L'Express du 28 février 2005

" ... La philippique de Michel Onfray ne vise pas les hommes de foi, mais la foi lorsqu'elle se ferme ou se substitue au savoir, ni les hommes qui s'agenouillent ou baissent la tête, mais "ceux qui les invitent à cette position humiliante", non le croyant mais le berger donc, non le recueillement intime mais l'"affaire publique" que devient la religion lorsque, ne se satisfaisant guère de la "gestion du corps et de l'âme d'autrui", elle se met à statuer sur tout, antépose sa vérité,... Comment est-il possible que nous vivions toujours "à un stade théologique ou religieux de la civilisation" ? Comment est-il possible que la religion soit encore si prégnante,... Comment est-il possible que la fenêtre du monde s'ouvre tous les jours, à chaque heure, sur des masses de fidèles qui prient, vont en pèlerinage, acclament des pontifes, sur des théocrates qui pontifient, décrètent, situent ici le bien et là le mal, indiquent ce qu'il faut penser, ce qu'il faut manger ou ne pas manger, comment il faut s'habiller, sinon qui il faut tuer, ou sur des débats politiques et sociaux au cours desquels "le Talmud et la Torah, la Bible et le Nouveau Testament, le Coran et les Hadith" sont plus cités que la Déclaration universelle des droits de l'homme ? De Dieu, n'avait-on pas annoncé la mort ?

Trois millénaires, des premiers textes de l'Ancien Testament à aujourd'hui, n'ont donc pas suffi à montrer qu'au nom de l'Au-delà, du Dieu d'Abraham, de Jésus et de Mahomet, on a perpétré ici-bas guerres et massacres, et que "l'affirmation d'un Dieu unique, violent, jaloux, querelleur, intolérant, belliqueux a généré plus de haine, de sang, de morts, de brutalité que de paix" ? Il faut croire que non. Robert Maggiori - Libération du 24 février 2005

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C'est devenu un créneau, depuis le 11 septembre 2001. La religion s'est installée au coeur du débat social et politique. Elle est sortie de la sphère privée pour envahir le champ public... Ce n'est pas la ferveur qui sidère, mais l'affichage. Insensiblement prospère l'idée que les dieux auraient tous les droits et que les religions seraient au-dessus de toute critique. De quoi déchaîner Michel Onfray, philosophe "antiplatonicien" et hédoniste plein de santé. Dans un essai exaspéré (Traité d'athéologie, chez Grasset), il dénonce le mélange des genres - religieux et politique - dans nos sociétés dites laïques et démocratiques. En se défendant de tout mépris pour les croyants, il souligne le caractère irrationnel de leur foi : "De la pensée magique, dit-il, pour éviter de regarder le réel en face." Quand il n'y a plus ni beaux discours, ni grandes idées, ni horizons très nets, on se raccroche à Dieu : "Plutôt une fable que rien."... Michel Onfray... propose, outre Epicure, une solution collective : militer fermement pour un athéisme "vraiment athée", nettoyé de ses influences judéo-chrétiennes...

Jacqueline Remy - L'Express du 31 janvier 2005