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13ème Dimanche A}
 
 
II Rois 4,8-11.14-16a - Romains 6,3b-4 ,8-11 - Matthieu 10,37-42
 
     
 
Le ciel dans un simple verre d'eau plate.
 
     
 
26 juin 2005
 
     
 

Le ciel dans un simple verre d'eau plate.


Le contexte géo politico-religieux de la Palestine n'est pas le seul qui apprécie le simple verre d'eau fraîche. Tendu à quelqu'un qui a soif, il est à la fois un grand geste humain et un symbole de l'accueil, de la générosité, de la relation au plus haut niveau. Jésus ne l'a pas laissé inaperçu. Il en a parlé et en a dit la dimension humaine et divine du geste.

L'Evangile de ce dimanche n'a que cinq petites phrases et chaque phrase est une énigme à résoudre. La première parle des préférences qu'attend Jésus des hommes et des femmes qui n'ont pas l'occasion de recevoir la Bonne Nouvelle. L'évangile naturel de tout l'Extrême Orient est fondé sur la famille. Elle est le lieu qui forme qui éduque et révèle les valeurs de l'homme : la piété filiale, la reconnaissance, le service mutuel guidé par la générosité et la gratuité. L'observance du quatrième commandement du Décalogue y est dans toute son intégrité première, sans que l'existence du Décalogue soit connue. Parents, enfants, parentés sont les partenaires de la solidarité sociale.

L'Evangile parle plus d'une fois du Christ qui cherche des mots, des simples expériences vécues pour apprendre au monde que Dieu est Dieu. Il est l Père, " son Père ". Seul le Père a la Parole qui peut répondre aux aspirations du coeur de l'homme. Tous les liens tissés sur cette terre sont des relations qui ont pour mission de conduire l'homme jusqu'à au " Père ". Jésus reconnaît les liens de parenté, père, mère, frère, sœur dans tous ceux qui connaissent la pensée du Père, son projet de vie pour tous. Ils sont des membres de la Maison du Père.

De cette Maison, Jésus ne retient que deux espaces. L'un est la porte qui n'est autre que lui-même. " Je suis la Porte ". L'autre est le lieu secret, le lieu de rendez-vous avec le Père qui parle et écouté le secret de ses enfants. Maison ou Porte, ou toutes autres réalités humaines - Pères, Fils, Maître, Parole, Ecritures, Présence, Chemin, Vie…- quand Jésus les utilise comme son langage, toutes s'écrivent alors en majuscule. La majuscule est le signe festif du mot ordinaire dans le langage quotidien, endimanché, porteur d'un sens, d'une dimension, d'une valeur sortie de l'ordinaire. Il rappelle à tous les lecteurs de la Parole qu'ils sont des serviteurs. L'homélie, en latin, homelia, qui vient du grec, homélètès, veut dire : l'entretien du disciple. Que tout ce qui sort de la bouche du disciple soit l'écho de la Parole du Maître.


L'année de la Parole est le temps d'appréciation, de reconnaissance de la valeur des Ecritures, de l'Evangile. Ecrites en majuscule, les Ecritures s'écoutent plus qu' " Elles " ne se lisent. Nous sommes au premier commandement de Dieu : " Tu aimeras ton Dieu de tout ton coeur de toute ton âme, de tout ton esprit et tu n'adoreras que Lui seul.. " La parole humaine a un débit d'un vélo à pédaler. On tombe si le vélo n'est pédalé à une vitesse qui permet l'équilibre du deux roues. La Parole de Dieu ne se débite pas. Elle se donne comme la nourriture qu'on goûte lentement.

Au gourmet de la Parole de Dieu, Jésus enseigne à ses disciples que ses relations personnelles de ses disciples, se situent au niveau du premier commandement. Il ne délaisse la famille humaine. Il fait remonter le culte des ancêtres jusqu'à l'Ancêtre des ancêtres. C'est la clé découverte par les premiers missionnaires pour annoncer Bonne Nouvelle, là où on ne sent pas la nécessité d'écouter une autre bonne nouvelle que la sienne.

Perdre tout pour le Royaume, pour le Grand Passage est un choix personnel ou un aménagement que le Père prend soin de faire pour tous. Tous laisseront tout un jour pour aller vers lui. L'Evangile nous initie à ce dépouillement, à l'entrée dans la terre de l'accueil où tous trouveront le bonheur d'être attendu. Accueillir, c'est croire. Croire, c'est donner son cœur, (credere ou cor dare) c'est accueillir. Un simple verre d'eau fraîche tendu à l'un de ces petits prend ici une dimension au-delà du temps.
Dans la Bible, à des degrés différents, chaque auteur qui contribuait à transmettre la Parole de Dieu qui parle, est le témoin de sa Présence, de son amour pour le monde. Matthieu, Marc, Luc et Jean ont ceci de spécial en plus. Ils nous font écouter Jésus ressuscité qui nous donne sa connaissance du Père, sa vision sur la communauté humaine qu'il assume toute. En lisant l'Evangile nous rencontrons Jésus vivant qui est là au milieu de nous, jusqu'à la fin du monde.
Voici ce que le monde pourra découvrir : alors que nous croyons recevoir et inviter chez nous le Christ sous le dehors de l'autre, nous nous trouvons en réalité‚ à table Dieu Père, Fils et Esprit :" Nous venons, ferons chez lui notre demeure." Jn 4,23.

Denis LUONG