Le murmure d'une brise légère.

Dans la solitude du désert, Elie cherche à se réfugier auprès de la présence de Dieu ; au milieu de ses épreuves, de sa tritesse, Paul pense à tou
s les privilèges qu'il a reçus, et le plus noble entre tous: il fait partie de la race des fils d'Israël dans laquelle le Christ est né ; dans sa prière, Jésus qui se réfugie à l'écart de ses disciples et de la foule, marquant sa mission dans le monde comme la louange du Père. : trois expériences ont pour seul but de nous introduire dans la célébration du Mémorial du Seigneur, en ce 19ème dimanche.

La Bible est le recueil des vécus humains dans tous les événements, personnels ou communautaires, au creux ou au sommet des situations complexes de la vie. Ce qui y est spécial c'est que partout, Dieu est présent, dans la dignité des hommes ou dans leurs défaillances, ou dans leurs péchés.

Dieu que Elie a rencontré alors n'est pas le Dieu de la nature. Toutes les forces qui gèrent le cosmos ne sont que des signes du Mystère de Dieu. Notre Dieu est plus qu'un faisceau de forces cosmiques. Il est Celui qui tient à être présent dans l'histoire des hommes. Il les appelle. "Tiens-toi devant le Seigneur..." conseille le livre des Roi. C'est dans l'intérieur de l'homme que Dieu établit sa demeure. Elie a donné la piste de sa recherche à tous ceux qui vivent dans le silence et savent l'écouter. Ils sont légions ceux qui vivent dans le silence. Le temps des vacances avec les parcours à travers la France profonde fait découvrir ce monde qui vit continuellement dans un cadre de silence et de solitude.

Sur le visage de tout homme rencontré sur nos chemins, on peut y voir le lieu le plus intime de l'homme. Les visages sont souvent silencieux. Le sommet qui attire tous les hommes vers Dieu est dans le visage de chacun. L'expérience des réalités spirituelles se réalise à la fine pointe de l'intérieur de l'homme. Ce que la voix peut cacher, le regard le livre. Dieu est là comme " le murmure d'une brise légère. "

Chacun à sa façon, grand ou petit, tout homme a l'expérience d'Elie. Cette semaine, j'ai été appelé au chevet d'une personne en train de vivre les derniers moments de sa vie. Le malade était rongé par les souffrances depuis des années, Il ne restait chez lui que ses yeux vivants, brillants, cherchant une présence qui puisse le comprendre et partager ses angoisses. Quand il l'a trouvée, alors le miracle se fit : Il sourit. La famille m'a dit que depuis longtemps il ne savait plus sourire. Avec ce sourire qui résumait sa vie, il est allé alors chez son Dieu.

Dans une expérience douloureuse, décrite comme " l'écharde dans sa chair " " une grande tristesse et une douleur incessante en son cœur ", seul un juif comme Paul peut parler de la souffrance comme il le fait en ces chapitres 9-11 de la lettre aux Romains. Paul s'épanche en confidence aux chrétiens de Rome.

Quel drame déchirant, le refus de son peuple à reconnaître Jésus qui est sa propre vie, le Messie pour tout Juif, pour tout chrétien ! Nul n'est plus écartelé que lui. De la chair d'Israël, de la chair qu'il porte est né le Christ. Pourquoi ses frères juifs n'arrivent-ils pas jusqu'à ce sommet de tous les privilèges qu'ils ont reçus ? Et à Paul de se souhaiter d'être maudit pour qu'il n' y ait plus de refus chez ses frères.

Relié à nos vécus de tous les jours, l'Evangile de ce Dimanche laisse voir le Christ vivant au milieu de notre monde comme " le murmure de la brise légère." Il rejoint les hommes dans la nuit où ils se trouvent sans repère. Il devient leur référance en les invitant à sa rencontre :"Rassurez-vous, c'est moi. Je suis là ! n'ayez pas peur." II apprend à tous de rester à la fleur de l'eau des événements qui auraient dû nous submerger. Il apprend que la prière est le lieu de la rencontre avec l'Eternel.
C'est comme le murmure de la brise légère que Dieu fait reconnaître à tous, sa présence discrète. Ce murmure est audible dans le silence de la vie, dans nos relations de présence avec les autres. Dans les relations humaines, discrètes, attentives, on sait, on sent ce qu'est la présence. Dieu n'est pas si loin.

Denis LUONG