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20ème Dimanche A
 
 
Isaie 56,1 et 6-7 - Romains 11,13-IS, 29-32- Matthieu 15,21-28
 
     
 
endrai tous, heureux.
 
     
 
14Août 2005
 
     
 



" Je les rendrai tous, heureux. "

La liturgie de la Parole de ce Dimanche, le vingtième, a l'ambition de nous faire retrouver le Dieu au-delà de tout, sans frontières. Pour rester hors frontières, il faut quitter les positions respectives, susceptibles de réduire l'immensité de Dieu. Dans sa vision, tous se retrouvent en son Fils, même le rôle de chacun est différent dans l'histoire de la communauté humaine.

Pour les Juifs, les musulmans et les chrétiens, les nuances de leur foi en un Dieu sont grandes et nous divisent. Mêmes les chrétiens, ceux qui croient en Jésus Ressuscité, l'Homme Nouveau, Homme et Dieu, tous estiment qu'il est indispensable d'ajouter à leur identité chrétienne d'autre qualificatif pour mieux affirmer le caractère universel de leur foi, catholique, orthodoxe, protestant.


En réalité, l'universalité imaginée par chacun les confine dans ses propres frontières. On se sent alors " étranger " les uns aux autres.

Au retour de l'Exil (538), la notion de frontière a été totalement bouleversée. Existe-il encore les lignes de démarcation entre le pays dévasté et le pays d'exil. Après un telle destruction totale de la terre promise, on ne pouvait plus garder le monopole de Dieu. L'universalisme religieux franchit un seuil important. Il y va de la nature crédible même de Dieu.

L'accès à la maison de Dieu n'est pas réservé aux seuls dispersés d'Israël, mais elle sera " une maison de prière pour tous les peuples ". Il fallut du courage au prophète pour annoncer à sa petite communauté regroupée autour du Temple, sous le régime de l'occupation étrangère après celui de la déportation, qu'elle n'était plus le seul peuple privilégié de Dieu.

La famille et les apôtres de Jésus sont tous des juifs, les premières communautés de Jérusalem, Damas, Antioche, ne comprennent que des judéo-chrétiens. Le peuple juif, dans ses chefs et ses communautés, depuis vingt siècles, refuse le messianisme de Jésus de Nazareth. Quel est le sens de la rupture entre l'Eglise et la Synagogue ?

Arrêtons-nous pas un instant sur ce fait que Jésus a périodiquement besoin de repos et de retraite ? Pour ses disciples, mais aussi pour lui-même. Il connaît la fatigue nerveuse et physique que cause tout ministère spirituel.

Pour ses jours de détente, seul ou en communauté, Jésus sait choisir des sites reposants et que le bruit des foules ne vient pas le troubler : le belvédère merveilleux du Thabor (Mt 17,1), les falaises chatoyantes du Golan au-dessus de la mer de Galilée (8,28), les frais ombrages et les cascades de Césarée de Philippe au pied de l'Hermon. Cette fois, il a choisi comme oasis de paix et de prière la blonde côte phénicienne ou libanaise avec ses rochers sur la mer et ses vergers " dans la région de Tyr et de Sidon.

Mais, de plus, en signalant cette escapade en terre païenne, Matthieu n'oublie pas qu'il est l'évangéliste d'une Eglise sans frontière. En contraste avec Jésus se séparant à regret de son peuple obstiné dans le refus, il montre le monde païen venant à lui dans la personne d'une mère éplorée. S'il l'appelle une " Cananéenne ", c'est pour évoquer les premiers ennemis d'Israël en Terre Sainte, un monde impur qu'il fallait exterminer !

L'expression, depuis l'époque la plus ancienne, est devenue proverbiale : " la foi de la Cananéenne ". L'intérêt du récit est dans le dialogue. Le double refus de Jésus à la demande de la femme paraît dur. Souvent, il est également vrai que Jésus aime provoquer les quémandeurs par une parole un peu sèche pour voir leurs réactions (Jn 2,4 ; 4,48 ; Mt 9,24 ; 12,10 ; 14,16). Notre Cananéenne a non seulement une idée fixe de sa démarche, mais encore de l'humour.

Elle saisit au mot, la réponse de Jésus : " Justement, Seigneur, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ". Sa réplique bouleverse le coeur du Christ. " Femme, que ta foi est grande ! Qu'il t'arrive comme tu le veux ! " Décidément, la femme sait mieux demander que l'homme ! Il lui est plus facile et comme connaturel de se mettre en attitude de communication. Et puis, que ne tenterait-elle pas quand il y va de la vie du " fruit de ses entrailles " ? Mais la foi de la Cananéenne, si elle est confiance totale en Celui qui peut tout, elle est aussi confiance en sa mission de mère qu'elle réalisera malgré tous les obstacles.

Que de mamans a ainsi rencontrées Jésus ! D'abord, la sienne, Marie de Nazareth, qui n'hésite pas à lui demander du vin aux noces de Cana. Et ces nombreuses mères anonymes qui lui envoyaient ou lui apportaient leurs petits pour un baiser ou une bénédiction. Et cette mère de Naïm ! Elle a perdu son mari et, le jour de sa rencontre avec Jésus, elle enterre son enfant ! Quand tout est désespéré, une mère espère encore. Chose surprenante : la foi de la Cananéenne ouvre le coeur du Christ aux païens ! Si l'homme est plus apte à creuser la pensée de Dieu, personne, autant que la femme, surtout la mère, ne connaît le coeur de Dieu. " Femme, que ta foi est grande!"

Nous allons célébrer demain le Mystère de la Femme que nous avons à peine connu, celui de la Mère du Seigneur.