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21ème Dimanche A}
 
 
Isaïe 22,19-23 - Romains 11,33-36 - Matthieu 16,13-20
 
     
 
Pour toi, qui suis-je ?
 
     
 
21 août 2005
 
     
 



Pour toi, qui suis-je?


Cette simple question de Jésus posée à ses disciples, il y a deux mille ans, représente pour notre monde, et spécialement pour ceux qui s'intéressent à sa vie, à ce qu'il dit, à ce qu'il fait. Le désir de savoir ce que pense l'autre, à propos de soi-même représente ici comme un comportement hautement humain. Il crée le lien entre les hommes, suscite l'intérêt des uns vis-à-vis des autres.

Quand l'homme entend même les choses inertes lui poser la même question," pour toi, qui suis-je ? ", il enrichit sa qualité d'homme, enrichit sa culture et élargit sa vision sur le monde. Il est spirituel, religieux. Il est prêt à parler et laisser à l'autre sa parole, il dialogue même avec des inconnus, des invisibles.

La question n'est-elle pas à la deuxième et à la première personne : Pour toi, qui suis-je ? Elle s'adresse directement à l'autre et entend établir une relation avec lui, elle dépasse la curiosité.

Qui suis-je pour toi ? C'est une invitation au dialogue entre le je et le tu, dans une ambiance d'intimité. Ici seuls le Je et le Tu existent et n'ont d'autres intérêts que la connaissance intime de l'un et de l'autre. Le reste n'existe pas ou reste en dehors du regard de l'un et de l'autre, pour le moment.

Pour nous, ici maintenant, le fait de rester ensemble pour écouter la question posée à Pierre, il y a deux mille ans, nous place devant Jésus le Vivant. Il est là, autrement, mais pleinement comme la vie qui se vit en nous, la Présence de Dieu dans notre vie. Ne nous pressons pas de lui répondre ! Ce n'est pas une réponse de citation que Jésus attend de nous. Prenons soin de relever tout ce que Jésus porte en lui pour chacun de nous quand il s'adresse ainsi à Pierre. La réponse sera extrêmement personnelle, riche de connaissances qui ennoblissent l'homme.

D'ordinaire, on ne pose pas ainsi de question sur soi-même, ni même sur un ami. Soit qu'il va vous dire du bien, soit qu'il vous redit ce qu'il a entendu de moins bien : dans les deux cas, ce n'est pas facile d'écouter la réponse. Surtout pour Jésus, car il est écrit que " lui, il ne se fiait pas à eux, parce qu'il les connaissait tous, et qu'il n'avait pas besoin d'être renseigné sur personne : lui savait ce qu'il y a dans l'homme. " Jean 2,24-25.

Et Jésus, expressément, aime et cherche à savoir ce que Pierre pense de lui. Ce n'est pas sa vie privée qui l'intéresse. Il veut connaître si son disciple arrive à saisir son identité d'Envoyé de Dieu, de Fils de Dieu qu'il ne cesse proclamer.

Le dialogue qu'il veut établir va au-delà du Je et du Tu, et nous amène jusqu'à son Père. Sa Mission est de nous faire connaître le Père et de pouvoir lui parler comme notre Père. Il a réalisé cette Mission au milieu de nous au prix de sa vie. Pierre est entré vraiment dans l'identité de son Maître quand il dit : " Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. "

La vraie personne de Jésus est d'être le Fils. A aucun moment il ne laisse entendre qu'il est autre que " Fils ". Il n'est ni le père, ni le roi, ni le prophète, ni le leader, ni parmi les appellations que ses disciples utiliseront plus tard, pour se nommer ou pour se faire nommer, au nom des missions qu'ils remplissent dans son Eglise. Jésus ignore l'appellation révérencielle des ecclésiastiques : révérend père, révérendissime père, son excellence, sa sainteté.

En Matthieu chapitre 23, il donne un conseil, comme en suppliant qu'on l'écoute : " Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n'avez qu'un seul enseignant, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est aux cieux. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. " Ce conseil est un enseignement qui résume la mission de sa venue dans le monde. Seul le Fils peut nous apprend à comprendre et à vivre la filiation divine. Si ce conseil a été compris et vécu, le visage de notre Eglise aurait été différent.

Chaque parole de Jésus dans les Evangiles est un élément de réponse à ce que Jésus est pour nous, pour notre monde. Il n'y a pas une seule réponse pour dire qui est Jésus. Il y a surtout, la vie actuelle de chaque homme, chrétien ou non, mais qui a dans son cœur une attention pour l'autre. La façon d'être ouvert à l'autre est la réponse vivante que le monde actuel peut donner ce qui est de plus beau. St Jean a raison de dire que si on écrivait tout ce que l'on peut dire de Jésus, le monde entier ne saurait avoir de place pour le contenir.

Seigneur, dans les cœurs de chacun, il y a des réponses non dites et que tu es le seul à savoir. Tu es la Présence de Dieu dans notre chair, dans notre monde. Les signes de sa présence sont donnés par milliers. C'est dans la manière que tu te comportais avec les hommes de toutes situations, dans la façon que tu avais de les prendre en main et d'apprendre à tous les autres d'en faire autant. L'Evangile nous en parle à satiété. Quand on a le cœur sur la main, comment dire que Dieu est absent de notre vie. Quand nous arrivons à vivre devant cette Présence, nous sommes amenés dans l'abîme de Dieu. L'abîme de mon esprit ne cesse d'invoquer l'abîme de Dieu que tu nous as fait découvrir. Avec les cris de mon cœur devant les souffrances de ce monde : dis, lequel des deux abîmes est plus profond ?

Denis LUONG