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27ème
Dimanche A | ||
La saison
de vendange. Isaïe 5,1-7 - Philippiens 4,6-9 - Matthieu 21,33-43 | ||
La saison de vendange. | ||
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Octobre 2005 | ||
La saison de vendange. La liturgie de la Parole suit le regard de Dieu sur la saison des vendanges. Les vignes deviennent les images de l'amour pour son peuple. Les prophètes, porte paroles de Dieu, ont pu voir de leurs yeux le symbole de toutes les attentions de Dieu pour sa nation. Israël était la vigne de Dieu. La chanson de la vigne en vers dans la langue hébraïque va jusqu'à imiter les glouglous du vin qui coule. Un pays dont les vignes donnent des appellations contrôlées en multiple prestigieux châteaux est bien le mieux placé du monde pour apprécier les vignerons palestiniens qui soignent leurs vignes depuis des millénaires. Noé, le cultivateur, après le déluge, commença de planter la vigne sur la terre nouvelle (Gen.9, 20); à travers les rêves d'un pays de froment et d'orge, de vigne, de figuiers et de grenadiers, pays d'oliviers, d'huile et de miel (Deutéronome 8:8), jusqu'à la vigne ensanglantée de Nabot, Israël, vigne choyée, vigne ingrate, vigne ravagée (Jér.2, 21), est la fille et la fiancée de Dieu, " le maître de la vigne ". Isaïe, en un petit poème comme un verre de cristal, chante le destin d'Israël, telle la vigne. Tout est dit admirablement sur la vocation d'Israël. Toute sa vie cachée de trente ans, Jésus vit comme un rural, le charpentier de son village. Il n'est pas rare que le même artisan soit l'homme de métier polyvalent. Comment ne pas noter la variété de ses observations sur le travail des champs, sur la construction d'une maison, sur des centaines d'objets divers qui meublent la vie quotidienne et que l'on retrouve dans les paraboles tout au long de l'évangile ? A-t-il été vigneron ? Toujours est-il qu'il parle volontiers de la vigne que l'on vient de planter, de la clôture qui l'entoure, du pressoir qu'on y a creusé, de la tour d'où l'on veille sur elle (Mt 21,33), et il parle mieux encore du cep et du sarment, de la taille qui seule permet d'heureuses vendanges (Jn 15,1-3), du vin nouveau qu'il ne faut pas mettre dans de vieilles outres, parce qu'elles ne résisteront pas à la fermentation : " ... les outres éclatent, le vin se répand et les outres sont perdues " (Mt 9,17). En vrai connaisseur de la culture de la vigne, de son histoire dans les Ecritures, Jésus résume les étapes dramatiques du peuple de Dieu avec ses protagonistes, ses alternatives et son dénouement. Il sait qu'il est fixé sur sa destinée : sa mort est décidée dans l'ombre. Une dernière fois, il veut adresser un appel suprême au peuple et à ses chefs dans le temple de Jérusalem. Dieu n'a pas loué mais confié sa vigne, Israël, à certains responsables. Pour les laisser gérer en toute confiance, il s'est discrètement retiré. A une telle discrétion, une telle marque de confiance, les vignerons se sont appropriés la vigne en massacrant tous les envoyés du Maître de la vigne, y compris son propre fils. Jamais Jésus ne fut aussi grave et aussi clair. Il livre son identité : il est le Fils. Jésus savoure l'image qui a inspiré les prophètes
et qu'il a reprise pour dire le travail de son père, ses projets, sa patience,
son choix, sa personne même. Il se dit la vigne de Dieu et nous regarde
comme ses sarments. Il résume ainsi, dans le rôle que son Père
lui a confié, les étapes de l'histoire de son peuple, celles aussi
de l'histoire de la communauté humaine. " Je suis la vigne ; vous,
les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup
de fruit ; car hors de moi vous ne pouvez rien faire ". (Jean 15:5) La première communauté chrétienne s'est longtemps heurtée au double scandale du meurtre du Fils de Dieu et du rejet de l'Israël officiel. C'est en priant avec l'Ecriture qu'elle a trouvé un psaume qui illustre à merveille le drame (Ps 118,23) : " La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la tête de l'angle ; c'est là l'oeuvre du Seigneur, merveille à nos yeux. ". L'image biblique de la pierre d'angle évoque à la fois la victoire pascale et la présence de Jésus dans la vie chrétienne. Désormais, c'est Jésus Christ, le Fils, venu parmi nous comme le serviteur qui est Jésus est à la fois la pierre de fondation et la clé de voûte, le point de départ et le point d'arrivée de l'Eglise.
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