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28ème dimanche A
 
 

Isaïe 25,6-9 - Philippiens 4,12-14.19-20
- Matthieu 22,1-14
 
   
 
Le banquet de noce{titre homelie}
 
   
 
9 octobre 2005
 
   
 



Le banquet de noce.

 

Quand Dieu invite, son invitation prend la dimension de son cœur. Il s'adresse à tous. Il y a de la place et du bonheur en abondance pour tout le monde et pour chacun personnellement. Une confidence de Paul aux Philippiens, qui l'avaient aidé quand il était dans le dénuement leur dit en toute simplicité ce qui le fait vivre. Un aveu aussi beau que touchant, et qui donne à réfléchir.

Le rêve éternel de toute culture antique, philosophique ou religieuse, est un banquet qui ne finirait pas. Cette symbolique a été choisie comme le poème inséré dans le livre d'Isaïe. C'est ainsi qu'il imagine l'intervention ultime de Dieu dans l'histoire des hommes. Dans les visions de ses porte-parole, décidément, Dieu rêve d'une fête universelle et d'un festin somptueux pour l'humanité.

Le festin se tient sur la montagne de Dieu, dans le Temple de Jérusalem. Mais on voit bien que, tout comme aujourd'hui, c'était le lieu de réunion de toutes les nations qui s'entredéchiraient naguère. On s'y repaît de "viandes grasses", les meilleurs morceaux qu'on réservait à Dieu dans les sacrifices. On y savoure les vins sur lie les plus fins.

Plus d'une fois, Jésus reprend l'allégorie du banquet pour initier les gens à l'idée du Royaume. Il est venu pour en annoncer la venue. Il en a parlé en paraboles. On en dénombre une quarantaine. Ce sont des récits allégoriques, qui s'expriment généralement sous une forme courte et facile à retenir. Le discours procède par analogie, s'appuie sur des contextes de situations aisément compréhensibles au plus grand nombre. Ce genre de discours est au centre de l'Evangile. Il est pour Jésus, le maître, comme le terrain de rencontre et de dialogue entre son message à délivrer et ses interlocuteurs. Il vient les chercher là où ils sont pour les amener sur un autre terrain que celui qui leur est familier. C'est le propre de la Bonne Nouvelle que de créer " cet exode " qui entraîne ailleurs, qui transforme, en raison même de la nouveauté qui advient. C'est la venue du Royaume.

Au moment où Matthieu collectionne les traditions de sa communauté pour rédiger son évangile, juifs et nouveaux chrétiens s'affrontent. Nous avons proclamé dès le début : " Evangile de Jésus Christ selon St Matthieu. " L'idée est de Jésus lui-même, mais la mise en scène est de Matthieu. Ecrit pour les juifs d'abord, l'évangile de Matthieu garde le face à face des disciples de Jésus et d'Israël. Dans le récit, se reflète l'affrontement de deux frères devenus subitement ennemis, fragiles l'un comme l'autre: l'Église et la Synagogue.

Matthieu reporte sur les chrétiens la menace du jugement de Dieu: la catastrophe qui a frappé Israël atteindra l'Église si elle déroge à sa vocation d'appelée. L'essentiel tient en ce verdict: "Les invités n'étaient pas dignes." Dieu invite au Royaume, gratuitement, largement. Refuser l'invitation, c'est s'en révéler indigne et insulter la générosité du Roi.

Le roi se retourne contre l'invité dépourvu d'habit de noce (22, 11-13, lisez : le chrétien qui n'est pas engagé dans le comportement des gens gracieusement appelés. Matthieu modifie la parabole des invités chez Luc, en ajoutant un épilogue déconcertant (le motif de l'habit de noce).

Par opposition à Luc, il ne s'agit plus d'un quelconque banquet, mais des noces du fils du roi. L'Ancien Testament promettait l'union nuptiale entre Dieu et son peuple, et l'évangile voit en Jésus l'Époux des noces attendu (Matthieu 9, 15).

Les chrétiens, dit Matthieu, ont honoré l'invitation. Mais qu'ils ne prennent pas comme un droit l'immense don qui leur est fait. Large est l'appel au Royaume, et le chrétien se sait appelé par la libéralité de Dieu. Le Royaume est au-dedans de chacun de nous. " Voici : je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu'un entend ma voix et ouvre ma porte, j'entrerai chez lui et je dînerai avec lui et lui avec moi. " Apoc. 3, 20

Les exigences de l'évangile d'aujourd'hui invitent chacun à "revêtir Jésus-Christ", comme dit St Paul, pour entrer dans l'appel de Dieu. C'est la grande nouveauté de la Nouvelle Alliance. Tout ce qui est culte, doit se vivre à l'intérieur de la personne de Jésus, le fils de Dieu, le seul qui peut nous faire vivre la vie qui se vit dans le Père.

Désormais, chaque moment fort de la vie nous le vivons comme un sacrement, le geste qui réalise la présence de Dieu, à partir de ce moment précis de notre vie. Naissance, éveil à la vie, rencontre avec le mal, rencontre avec l'amour, rencontre avec la maladie, la vieillesse, voire la mort, tout devient l'occasion de rencontrer Dieu .

Denis LUONG