retour à la page d'accueilretour à la page d'accueil
retour à la page d'accueilarchives des homéliespetit germinal, informations pratiquesla vie de la communautédernières conférencesparticipez à germinal
retour page accueilhomelies 2005archives :20042003200220012000199919981997
 
29ème Dimanche A }
 
 
Isaïe 45,1.4-6a - Thessaloniciens 1,1-5b - Matthieu 22,15-21
 
   
 
Il enseigne le vrai chemin de Dieu.
 
   
 
16 Octobre 2005
 
   
 


II enseigne le vrai chemin de Dieu.


La concertation des phrarisiens en vue de mettre Jésus en difficulté, cherche à le pousser sur le terrain politique. La gravité de la situation est la situation spéciale des Juifs, tributaires d'un Etat étranger, et toujours prêts à la révolte. Ils veulent un Messie qui soit un roi temporel, exterminateur des Romains.Dans le même temps ils cherchent à éliminer Jésus, qui se refuse à ce rôle d'émeutier. Ils pensent jeter une pierre à deux coups : on se débarrasse, sans compromis, de ce Messie encombrant, qui répond si peu à leur façon de pratiquer la religion. C'est affaire entre " le bras séculier " et l'imprudent bavard. contre le gouvernement romain : " Payerons-nous ou ne payerons-nous pas l'impôt à César ? "

Ils commencent imprudemment par un éloge de son interlocuteur. Plusieurs qualités lui sont reconnues : son authenticité d'abord: "Tu es vrai." Il ne cherche pas à donner de lui la meilleure image possible. Il est lui-même, il respire la franchise, il vit ce qu'il dit. Sa clairvoyance : à chaque instant il reste maître de l'événement Il ne se laisse jamais entraîner où il ne veut pas aller, surpassant les échecs et fidèle à son projet de vie. " Il enseigne le vrai chemin de Dieu.", d'une manière vivante, avec des exemples concrets.

Puisqu'on doit vivre sous le système administratif de Rome en bénéficiant ses services, Jésus n'a pas peur de leur dire qu'ils ont à rendre à César cette monnaie, frappée d'ailleurs à son effigie comme leur dû. Sans le savoir, ils ont donné à Jésus la pièce à conviction. Ils ont en poche la monnaie de Rome, au lieu d'utiliser leur propre monnaie locale du Temple. C'est à Jésus de leur rappeler un devoir plus important encore: puisqu'eux-mêmes ont été créés à l'effigie de Dieu, Dieu doit être en tout le premier servi.

Rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu paraît une distinction claire et nette. En réalité, elle n'est pas évidente et sans problème. C'est une des questions les plus embarrassantes posées aux chrétiens actuels : la foi n'a-t-elle rien à dire à propos du fonctionnement de nos sociétés laïques ? La " religion " est-elle une affaire totalement privée ?
À première vue, Jésus a l'air de parler en ce sens-là. Les problèmes d'impôt, de législation sociale sont des problèmes d'ordre temporel et ne concernent pas la foi. Plus d'un ont vu ici la séparation de l'Église et de l'État. Le risque est d'imaginer deux domaines totalement séparés,d'un côté l'univers de la foi, d'un autre côté un univers totalement profane. Or toute chose parle de Dieu.
Mais pour que cela sonne vrai, nous devons dire qu'il n'y a pas de valeurs uniquement chrétiennes, ou plutôt que ces valeurs ne sont chrétiennes que dans la mesure où elles sont en même temps humaines, ce qui nous met de plain pied avec tous les hommes de bonne volonté. César n'a aucun pouvoir qui ne lui soit donné " d'en haut " (Jean 19,11) mais il doit se fier à son jugement et décider en sa liberté pour agir selon Dieu. Dès lors, rendant à César ce qui est à César, dans un même acte nous rendrons à Dieu ce qui est à Dieu.
Ainsi, les chrétiens ont à travailler pour que la société se construise sur l'amour tel qu'il leur a été révélé dans le Christ, mais sans prendre argument de la foi, de la religion, bref, d'une quelconque volonté de Dieu. Ils sont au service de Dieu en servant les autres, mais ils ne pouvent se servir de Dieu pour justifier et imposer leurs. Il y a toujours risque de confusion entre la souveraineté de Dieu et la souveraineté de l'Église. L'anticléricalisme est le fruit direct du cléricalisme.
Parce que son diocèse est le siège de la plupart des institutions politiques nationales, l'archevêque de Paris a toujours exercé une responsabilité particulière vis-à-vis des responsables politiques.Traditionnellement investi dans les relations Église-État, Mgr Vingt trois participe ainsi aux différentes réunions entre les pouvoirs publics et la Conférence épiscopale ; c'est aussi lui qui, selon l'usage, représente l'Église catholique lors des voeux annuels des autorités religieuses au président de la République., à la " messe des responsables politiques ", comme on désigne aujourd'hui ce qui était autrefois la " messe des parlementaires ".

L'Église veut avant tout saluer, respecter et soutenir la responsabilité dans la cité des hommes politiques chrétiens. Elle leur demande certes une cohérence, le courage des idées, le discernement surtout. On ne peut pas enfermer la vie chrétienne en une vision " à part " de la politique, alors qu'elle se veut un ferment d'humanité et de justice utile à l'ensemble de la société.

Malgré les intentions ambigues des pharisiens, le visage du Christ, reconnu par ses adversaires, reste un témoignage ad hominem en l'honneur de Jésus. C'est un rappel pour tous les lecteur de l'Evangile à chercher en premier lieu la personne de Jésus avant d'essayer à expliciter son enseignement ou à expliquer ses paraboles. " Il enseigne le vrai chemin de Dieu."


Denis LUONG