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30ème
dimanche Année A | ||
Exode 22,20-26 - Thessaloniciens 1,5c-10 - Matthieu 22,34-40 | ||
"Tu aimeras..." | ||
23 octobre 2005 | ||
"Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme, de tout ton esprit." (Mat 22,40) Dans le contexte des tueries au nom d'idéologie religieuse, qui n'a pas peur de cette façon de parler ? Au nom de Dieu, au nom d'une croyance au superlatif, toutes les audaces de mécréance, de laïcité, de blasphème, suscitent des sanctions équivalentes, d'ordre absolu. Des régions entières dans le monde sont habitées par les gens qui s'entre-tuent à cause d'idées diverses sur Dieu ? Notre monde moderne est bien loin encore de cette parole première de Dieu ! Dieu n'a pas besoin que les gens s'entre-tuent pour défendre ce que l'on pense de lui. Dieu n'est pas dans l'imaginaire de l'homme. Il ne peut pas être imaginé sinon quand il devient image, il est une idole. Le commandement est un appel, une invitation à s'élargir à la dimension de son infinité. Aimer Dieu à la façon qu'Il demande, c'est avoir le coeur de Dieu. La première lecture tirée du Livre de l'Exode est le code de l'Alliance qui règle, avec le décalogue, la relation qu'Israël a à entretenir avec Dieu et le prochain. Le Seigneur proclame les devoirs de ses enfants envers les sans défenses, les sans ressources. Il s'arrête à trois classes les plus défavorisées : l'immigré arraché à son milieu naturel de sécurité, la veuve et l'orphelin, parce que, dans une société où tout repose sur le mari, sur le père, la disparition de celui-ci est catastrophique. La prévenance à l'égard de ces démunis se base sur une double expérience : historique, car le peuple de Dieu doit se souvenir qu'il fut lui-même étranger en Egypte, et religieuse, car il sait comment la bonté de Dieu s'est manifestée à son égard: " J'ai vu la misère de mon peuple et je l'ai entendu crier sa souffrance. " (Ex 22) La Bible a une idée très claire sur " l'Ailleurs ", sur " l'Autre au dessus de tout ". Il est impossible de le nommer, il ne faut pas même le faire, mais l'Autre est l'omniprésent, Celui qui inspire, qui parle, qui provoque des dialogues, qui interpelle comme l'auteur central du Livre. C'est sous la seule tutelle de " Celui qui dit : je suis qui je suis " que les hébreux cherchent à se placer. Libérés de la servitude, ils tournent leur dos à l'univers égyptien fondé sur la multiplicité des dieux et l'inégalité sociale. Le royaume pharaonique a pour fondement l'immense panthéon des dieux. La sortie de l'Egypte a été vécue comme la rupture définitive avec le monde du polythéisme, de l'esclavage et le commencement d'une ère d'écoute des Paroles données. Elles sont au nombre de dix comme les dix doigts de la main." Les cinq doigts de la main droite, main de miséricorde représentent les cinq commandements régissant les rapports de l'homme à l'Être créateur du ciel, de la terre et du couple géniteur de l'humanité. Les cinq doigts de la gauche, main de rigueurs, représentent les cinq derniers commandements. Ceux-ci interdisent le meurtre, l'adultère, le vol, le mensonge et la concupiscence, régissent les rapports des hommes entre eux. Ils désignent l'homme en tant que responsable de l'avenir de l'humanité mise en demeure de choisir la vie ou la mort. Ces lois fondamentales ne sont pas proclamées au nom des droits de l'homme, de l'ordre public, de la justice sociale ou de la morale, mais par Adonaï-YHVH Lui-même, au nom de l'Être de tout être, source unique et lumineuse du Réel. " * Un peuple ainsi gracié par Dieu ne peut qu'être gracieux envers les autres. L'Ancien Testament a su lire les pensées de Dieu sur son peuple. Mais il reste à savoir qui sont les autres, qui est le prochain ? La nouveauté de l'enseignement du Christ est la découverte de celui qui est le prochain, et le devoir de lier le premier au second commandement, de joindre la main droite à la main gauche. Il a ainsi détruit à la racine toute tentative fanatique d'utiliser l'idée de Dieu et le droit de Dieu. Jésus
va même plus loin, infiniment plus loin. Ce qu'il veut nous dire reste à
jamais la nouveauté absolue. " Tout homme, c'est Moi-même".
Et si nous voulons savoir à qui de préférence il s'identifie,
allons l'écouter au tribunal qu'il préside (Mt 25,31-46). "
J'avais faim. Vous m'avez nourri. J'étais au cachot. Vous êtes venu
me voir. " Dès lors, mon appartenance au Royaume ou mon exclusion
se décide aujourd'hui d'après l'attitude que je prends à
l'égard des victimes de toute injustice. Au dernier repas, la veille de
sa mort, en cette agapè suprême, Jésus a donné un comportement
nouveau au précepte biblique: " Tu aimeras ton prochain comme toi-même
". Voici son commandement: "Aimez-vous comme je vous ai aimés
" (Jn. 13,34-35). L'amour est la plénitude de la Loi. En cette loi
seule, le projet actuel qui court de part le monde, la mondialisation peut trouver
un ressourcement aussi riche qu'il dépasse les rêves de tous les
hommes. D.L. | ||