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33ème Dimanche A
 
 
Proverbe 31,10-13.19-20.30-31 - 1Thes. 3,1-6 - Lc.18,35-43
 
   
 
De la comptabilité au devoir de Mémoire.
 
   
 

13 Novembre 2005
 
   
 



De la comptabilité
au devoir de Mémoire.


Avec la liturgie, le rythme de notre vie chrétienne épouse les mutations des saisons. La fin de l'une, vécue comme le sommet d'un temps révolu, introduit le commencement de l'autre. Le sommet de notre liturgie, c'est le Christ Roi de l'Univers, homme de l'éternel printemps, louange éternelle du Verbe de Dieu et de toute la communauté humaine.

Avec les vécus de notre vie, moments de joie et de peine, moments de recevoir et moments de donner, l'Eglise veut vivre son identité, sa mission d'appartenance au Christ dans le temps et l'espace. L'automne avec ses feuilles d'or, de toutes nuances, annonce le changement en cours.

La nature va entrer dans le temps du silence dans lequel la vie hiberne, se cache pour se revitaliser et s'épanouir de nouveau. Au lieu de retenir l'idée de changement pour un renouveau, le choix de l'évangile préfère nous proposer en parabole, la mémoire de la vie reçue. Dieu n'est pas patron investisseur et revendicateur.

La parabole des talents rappelle des réalités plus positives que ce que pouvait attendre la Cour des comptes. Il y aura la fin des temps que nous connaîtrons un jour et qui sera le sommet de notre vie. Dieu se donnera à nous comme l'accomplissement de notre vie. Alors, on se rappelle les dons, des bienfaits reçus. On entre dans le domaine de mémoire et non de comptabilité.

Les dons reçus font penser à la Source de toute existence, nous aident à l'aimer, à l'adorer et à entrer lentement dans le mystère de la Vie. Avant même que nous ne soyons conçus dans le monde, une image personnelle nous a été donnée, reflet de Celui qui nous a façonnés. Tout ce que nous faisons durant notre vie contribue à faire ressortir cette image divine. Elle est la consistance de notre personnalité devant les hommes, devant l'Eternel. Quand la notion de l'Eternel, le sens de Dieu se rétrécit, à la dimension de nos calculs, aux performances de nos productivités, on est l'étroit, il y a la peur. C'est l'angoisse.


Le mot "âme" en hébreu doit avoir ici une place: nefesh, du verbe nafash, " être au large ", " souffler ", " se reposer ". Peut-être que la première fois qu'un Hébreu avait ressenti cet espace intérieur agrandi, cet " être-au-large " dans le souffle, il avait dit : nefesh. Ame. Ce mot se respire, il est souffle de Dieu.

S'il y a un inventaire à faire, ce sera cette question à formuler au fond de nous mêmes : Où est l'image que l'Eternel insuffle en moi comme force de vie ? A quoi va t-elle ressembler ? Où trouver l'Image Source pour trouver des retouches à faire ? L'image originelle de notre existence est la rencontre d'un homme et d'une femme qui s'aiment. De leur amour puisé à la source de l'Amour, nous sommes entrés dans l'existence. Où en est le bonheur de trouver la Présence du Très Haut dans notre propre présence ?

Souvent, un grand silence règne sur cette question. Plusieurs paraboles essaient de nous en donner des idées, mais toutes semblent insuffisantes. L'infini, l'éternel, sont des mots qu'aucune image ne peut représenter. Ce qui est sûr pourtant, c'est qu'un jour, comme nos aînés, nous entrerons dans le grand silence de la vie que nous appelons, la mort, le décès, la fin, le jugement dernier. Croire en Dieu n'est-il pas d'abord accepter, comprendre que le grand silence de la vie n'est pas le vide, ni le néant, mais la plénitude de vie qui nous dépasse ?


Grâce et beauté dans la vie ne sont que des reflets éphémères pour soi-même et une énigme pour les autres, quand elles ne peuvent pas nous donner le rayonnement de la Présence de l'Eternel. L'Evangile a son langage de parabole, collé à l'état brut de nos vécus humains : parabole du méchant débiteur, du juge inique, de l'aveugle qui conduit aveugles… Mais l'Evangile sait aussi s'épancher en poème. Le compte rendu fait à la demande du maître ne peut pas être qu'une simple affaire de comptabilité, mais la mémoire des largesses du maître, exprimée en prière de louange.

L'investissement du capital du maître a été compris comme la mission de travailler pour le Royaume. Les talents sont des Paroles de Dieu à proclamer sur tous les toits. On réalise cette mission dans sa propre vie, avant de la prendre comme l'éducation permanente de pères en fils pour des générations encore.

D.L.

D.L.

Prière : Seigneur notre Dieu, depuis toujours nous sommes dans ta pensée. C'est toi qui nous appelles à l'existence en donnant à chacun du début jusqu'à la fin de notre vie, tout ce qui nous est nécessaire pour réaliser, mettre en oeuvre la part qui nous a été donnée pour nous approcher chaque jour plus près de Toi. Donnes-nous la conscience de ta Présence qui nous inspire le comportement qui convient à ta Sainteté. Forts de ta Présence, nous ferons prospérer les dons reçus, en faisant resplendir ton image incrustée en nous, pour la gloire de ton Nom et le bien des autres.