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4ème
dimanche A | ||
Sophonie2,3;3,12-13
- 1Corinthiens
1,26-31- Mathieu 5,1-12 | ||
Bienheureux êtes-vous ! | ||
30
janvier 2005 | ||
L'admiration nous vient, toute naturelle, quand nous voyons de près ou de loin, les hommes, les femmes les enfants, les personnes âgées, handicapées n'ayant plus de larmes pour pleurer leurs disparus, leurs maisons détruites de fond en comble. Ils sont formidables ! Ils nous apprennent à nous tenir debout. Il y a en eux cette dignité d'homme devant les malheurs et les souffrances inimaginables. Nous savons par cœur les béatitudes de l'Evangile. Nous les avons trouvées merveilleuses. Sans oser le dire tout haut, nous avons du mal à comprendre, à accepter la pauvreté, la faim, la soif comme ce qui fait notre bonheur. Nous savons qu'on a dû réaliser des tours de force pour nous convaincre que c'est bienheureux de rester pauvre, de rester dans la faim et la soif. Il nous faut revenir à cette
foule que Jésus trouve devant lui. C'est le début de sa vie consacrée
à annoncer le Royaume des Cieux. Il voit tous ces hommes et ces femmes
qui le suivent depuis un bout de temps, oubliant leur condition sociale, quittant
leur maison, tous, ensemble, formant cette foule qui l'écoute, le suit.
Il voit sur leur visage cette soif de joie, de bonheur, de justice, mais aussi
cette inquiétude, cette angoisse qui lui dit combien ils sont déçus,
humiliés, désespérés de la vie. Il trouve dans leur
regard ce dépouillement, ce vide intérieur qui crie, qui appelle
et attend quelque chose de plus sûr, de plus solide, qui respecte davantage
leur condition humaine. André Chouraqui, le premier écrivain juif qui a traduit les textes originaux des évangiles en langue française, a trouvé que le mot "heureux" ou "bienheureux" a plutôt la signification d'un commentaire que celle d'une traduction fidèle. On aurait dû suivre le mot hébreu "Iashar" qui exprime une exclamation devant quelqu'un plein de dynamisme et de souffle. Quelle force, quel souffle vous anime, vous les humiliés, vous qui avez faim, vous qui avez soif, vous les miséricordieux, vous les artisans de paix ! Il y a dans cette façon de dire et l'admiration et la compréhension exacte de la situation de ces personnes qui nous font passer au-delà des richesses, des bonheurs de ce monde. Tout est ici dans la nuance des mots. On peut dire les béatitudes de l'évangile à tous les éprouvés de la Dafour, de l'Ethiopie, du Sud Est d'Asie, du monde entier, sans les choquer. Vous êtes en marche vers un monde où la richesse est dans ce qu'on est et non pas dans ce qu'on a. Un petit rien suffit pour vous faire retrouver le sourire. Nous le voyons chez les enfants qui retrouvent, une table, un banc au milieu des gravats pour reconstituer leur école. L'ensemble de ces admirations pour les pauvres, les humbles, les petits forment le "Sermon" sur la montagne, la charte du Royaume. Le tout donne une description émouvante et très forte de ce que fut la vie de Jésus de Nazareth, le chemin royal qui nous mène au mystère de la vie. Jésus a prêché le Royaume et c'est l'Eglise qui est venue*. L'Eglise n'est pas le Règne dans son achèvement. Elle reste diversifiée, divisée par les différences de la liturgie, des pratiques et des distinctions entre les personnes. Les béatitudes sont vraiment cette manière de vivre la vie d'homme qui laisse voir ce qui est divin dans tout homme, la présence de Dieu dans le monde, son Royaume.
Denis LUONG. Grand Merci
à vous tous. | ||