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Noël
2004 | ||
Luc 2, 1-14 | ||
Noël, Engendre,
Naître | ||
25
décembre 2004 | ||
Et nous sommes émerveillés par le récit de l'évangile de Saint Luc. Tout ce qu'il raconte n'est que luminosité, fluidité et avec quelle fraîcheur d'inspiration. On ne sait si les parents, spécialement les mamans qui aiment leurs enfants pourraient leur raconter la naissance de chacun avec autant de mémoire. Qui donc a pu raconter ainsi ces souvenirs sinon la Mère du nouveau né ? St Luc a rédigé cette
mémoire fascinante, mémoire méditée dans le coeur
de la mère qui a tout retenu dans son coeur. Mais on y trouve aussi les
traces des premiers chrétiens, tout émerveillés de la rencontre
du Seigneur mort et ressuscité. Ils se penchaient sur le berceau du Seigneur,
le contemplaient dans la lumière nouvelle, jaillie de son Corps de Ressuscité.
Tout le récit est illuminé de cette lumière de Pâques.
C'est aussi le privilège qui nous est donné en cette nuit, de célébrer
Noël, en la présence de Celui qui nous a promis d'être là
jusqu'à la fin des temps, au milieu de nous. Le grand Mystère que nous vivons à Noël proclame l'enfant de Bethléem comme Parole créatrice, Verbe de Dieu. Plus qu'un simple son vocal, le verbe est le mot qui donne le sens à la phrase construite. Le Verbe est le mot en action. Je… Je quoi ? Je vois, j'écoute, je comprends. Les verbes voir, écouter, comprendre ont mis le "Je" en action, en vie.
La Parole, en hébreu se dit " Davar ". Et le désert, Midvar, le lieu " hors de la parole ", le désert, le lieu sauvage, sans vie qui attend une parole. Par la parole qui crie, le désert va de la voix au réel. Le désert est le vide à partir duquel Dieu appelle à la vie tout ce qui existe dans l'univers. Il dit : " que la lumière soit, et la lumière fut. " Noël, c'est l'histoire de cette Parole créatrice qui se fait Enfant, le " non-parlant ", in-fans, la Parole qui ne fait pas de bruit. Née d'une mère que l'Esprit de Dieu a couverte de son ombre, elle fait fleurir le désert. Avez-vous entendu autour de vous le gémissement des déserts ? Désert d'absence de culture, humaine, religieuse, désert de mémoire où l'homme n'a aucun repère pour savoir d'où il vient, ni où il va. Il se croit comme une évidence, venu de nulle part. Le plus osé voit même l'évidence comme la nausée. " Et pourtant, rien de ce qui existe ne s'est fait sans le Verbe de Dieu. " Et lorsque le Nom, Béni-Soit-Il, voulut créer le monde, il n'y avait pas de place pour le créer, car le tout était infini, tout ne peut être que Dieu. De ce fait, le Seigneur contracta (Tsimtsèm) la "lumière" sur les côtés. Et par l'intermédiaire de ce retrait (Tsimtsoum) se forma un "espace vide" (Hallal hapanoui). Et à l'intérieur de cet "espace vide" sont venus à l'existence, les jours [le temps] et les mesures [l'espace] qui constituent l'essentiel de la création du monde - ainsi qu'il est mentionné au début du livre de la Genèse en son début. "*Le livre Brûlé Cet " espace
vide" était nécessaire existentiellement pour permettre à
toutes choses d'exister sans être Dieu. Sans cet "espace vide",
il n'y aurait eu aucune place pour la création du monde comme on vient
de le dire. Dieu laisse ainsi, à nous, au monde, la grâce d'exister,
si pleinement qu'il semble absent. La merveille de cette nuit que nous raconte St Luc ce n'est pas de nous dire que Dieu existe. Il nous montre qu'Il est là. Il ne faut pas avoir peur ! Les anges ont montré le signe qui authentifie la Présence de Dieu : le bébé " emmailloté, couché dans un mangeoire ". Il y avait donc quelqu'un qui était là avant que l'Enfant-Dieu arrive. Le seul mot "emmailloté" fait découvrir tout l'amour le silence et l'attention de sa mère. Elle avait tout pensé, tout préparé pour l'arrivée de son enfant. " Il est né le Divin Enfant ". Avec ce Nouveu Né, toute naissance, est un commencement. Naître, c'est laisser venir de la nouveauté, de la gratuité. C'est introduire du neuf, c'est faire advenir ce qui n'était pas encore. L'univers existe avant nous, mais venir au monde fait venir de l'inédit dans le monde. Naître, n'est plus une condamnation à mort, ni une réalité à vomir. Naître, c'est recevoir le Béni-Soit-Il et tout son univers en cadeau. Il faut créer beaucoup de vide en soi pour naître au don de Dieu. Et rien n'est plus proche de l'absolu qu'un amour en train de naître.
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