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2ème dimanche de Pâques
 
 
Ac.2, 42-47 - 1 Pierre.1, 3-9 - Jean 20,19-31
 
   
 
{titre homelie}
 
   
 
3 Avril 2005
 
   
 
Les marques des clous
sur le corps du Ressuscité

Les actualités disent et redisent l'incapacité de la communauté humaine à endiguer les méchancetés, arrêter les mains qui frappent, avoir assez d'imagination pour refermer les blessures. Comment guérir les blessures qui tuent, qui ouvrent d'autres blessures ? L'annonce de l'Evangile de la Résurrection montre dans ce contexte toute sa nouveauté, sa force de guérir toutes blessures.

Tant que les blessures ne sont pas refermées, aucune paix n'est possible. Les premiers mots du Christ ressuscité sont des mots de paix : " La paix soit avec vous". Pour dissiper les doutes de ses disciples, il leur dit bonjour, "leur montre ses mains et son côté ". Ses blessures sont cicatrisées. Les exactions dont il a été victime a subies sont pardonnées, oubliées. Elles sont transfigurées.

Mais pour Thomas, que veut-on qu'il dise d'autre que son scepticisme quand ses confrères affirment avoir vu le Seigneur vivant, alors que lui, il ne l'a pas vu mort et crucifié ? Comment peut-il oublier tout ce que son maître a dû endurer quand lui-même et les autres l'ont laissé souffrir et mourir loin de leur regard ? Chacun a piteusement pensé d'abord à sauver sa peau.

Pour le moment, il ne peut se fier à ce que les autres ont rapporté. Ce n'est pas parce que les autres sont des femmes, mais à cette heure-là, personne ne croit en personne dans cette affaire, si chacun n'en a pas fait soi-même l'expérience.
Il veut d'abord voir lui-même "la marque des clous, et mettre son doigt à l'endroit des clous". Il ne peut pas faire le deuil sans qu'il prenne connaissance de ce qui s'est passé. S'il est vivant, il doit en porter des traces. En voyant comment le corps du maître a été torturé, il espère raviver la bravoure de ses autres pour une éventuelle protestation tardive.

Il a obtenu ce qu'il désire. Il n'a pas vu seulement les marques des clous, il a rencontré le Maître vivant. Il a compris que la résurrection est la blessure qui se guérit. Ce que les hommes n'arrivent pas à faire, Dieu l'a fait en Jésus-Christ. Thomas finit par comprendre le mystère de la Pâques nouvelle. Il va au-delà de ce qu'il a vu. Et le cri de Thomas est le plus beau cri de reconnaissance que nous trouvons dans l'Evangile. " Mon Seigneur et mon Dieu. "


En clamant que Jésus est ressuscité "le troisième jour", les chrétiens ont contribué à faire du lendemain du Sabbat, le jour le plus important de la semaine. La foi chrétienne en la Résurrection du Seigneur a changé le cours des temps.
C'est au matin du premier jour de la semaine que les femmes trouvent le tombeau vide. C'est au soir de ce même premier jour que Jésus ressuscité marche jusqu'à Emmaüs et qu'il apparaît à ses disciples à Jérusalem, selon le récit de l'évangile de ce dimanche. Très tôt les chrétiens vont marquer ce jour par une assemblée autour du pain rompu, l'eucharistie, comme racontent les actes des apôtres dans la première lecture.
Au second siècle, St Justin atteste le lien entre Création et Résurrection. " Nous nous rassemblons le jour du soleil parce que c'est le premier jour où Dieu, tirant la matière des ténèbres, créa le monde, et le jour où Jésus-Christ, notre Sauveur ressuscita des morts. "

En effet, c'est à partir du vide que le monde est créé et recréé : le vide "au commencement " de la première page de la Bible et le vide du tombeau. La célébration de la Pâques entre ainsi dans le cycle des sept jours de la création. Le dimanche, en russe, se dit "résurrection ", jour où la vie a repris le dessus.
Pour arriver à ce niveau de profondeur, la vie chrétienne dépasse tout ce que l'homme peut prendre par ses sens : Ecouter, sentir, goûter, toucher, voir. Il y a un regard qui voit avec les yeux de la chair, il y en a un autre qui regarde en profondeur, à un niveau où seule une lumière qui vient d'ailleurs peut nous faire voir jusqu'à la vie en Dieu où aucune blessure ne laisse plus de trace.
Jésus Ressuscité a pris soin de le dire à chacun de ses disciples. Il a tenu à les voir tous, ensemble et personnellement, quand Il les invite à toucher ses plaies. Jésus est Seigneur, le Christ. C'est la seule homélie que font les apôtres. Nous avons ici l'origine de la spiritualité nouvelle du dimanche : le jour de la rencontre du Seigneur et de sa communauté pour célébrer le don parfait de Dieu, le Pardon, le don de la vie au-delà de la mort, la guérison complète de tout mal.
Denis Luong