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Pentecôte 2005
 
 
Actes des apôtres 2,1-11 - 1Corinthiens 12,3b-7.12-13 - Jean 20,19-23
 
   
 
Proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu...
 
   
 
15 mai 2005
 
   
 

Proclamer dans nos langues,
les merveilles de Dieu…

Pentecôte, à son origine, est la fête juive de Chavouot, fête des moissons, surtout, fête du don de la Loi à Moïse sur le mont Sinaï. L'Eternel a donné à Moïse la mission de faire sortir d'Egypte les enfants de Jacob. La libération d'Egypte a un but précis: être libre, pour vivre la relation que l'Eternel propose à son peuple. Quand les anciens protégés de Joseph sortent du pays de l'esclavage, ils ne sont pas encore à proprement parler un peuple. Beaucoup d'esclaves d'origines très différentes ont profité de l'occasion pour partir avec les enfants d'Israël. La cacophonie de leurs opinions et de leurs propos ne met pas longtemps à se faire connaître. L'autorité de Moïse a été vite contestée.

La Pentecôte les a sauvés pour la seconde fois en un espace de cinquante jours. L'indépendance ne leur sert à rien s'ils n'arrivent pas à vivre ensemble, s'ils ne trouvent qu'un veau d'or pour les rassembler dans une sorte de défoulement collectif. Ils sont habitués à l'esclavage. Au départ, être libre c'est rester devant le vide. Quel choix faut-il faire pour vivre en liberté ?

Ce vide, les disciples de Jésus l'ont connu après le départ de Jésus. Comment la poignée d'hommes tout peureux encore, réunis autour d'une femme, peut-elle envisager de modifier complètement le contenu de la fête ? Sous l'égide de qui peuvent-ils prétendre mener le Livre, tel qu'il existe jusque là, à son accomplissement, comme si son message restait à parfaire? Comment rédiger le complément d'une œuvre inspirée par l'Esprit reconnue comme l'œuvre unique ? Comment peuvent-ils dire que tout ce qui a été écrit a eu pour but de préparer et d'éclairer la venue de leur maître ?

La première Pâque est le passage de l'esclavage à la liberté. La Pâque nouvelle est le passage de toute la communauté humaine en la personne de Jésus, de la mort à la vie en Dieu. A la Pâque nouvelle, la Pentecôte nouvelle, le Don de la Torah est complété par le Don de l'Esprit. Seul l'Esprit peut parfaire ce qu'il a fait. C'est l'Esprit qui est mentionné dès la première page de la Bible, sous la forme de la ruah hébraïque: il "planait sur les eaux" au commencement, lorsque "Dieu créa le ciel et la terre" (Genèse, I, 1-2).

Il resurgit aux toutes dernières lignes du Nouveau Testament sous la désignation grecque de pneuma, comme celui qui oriente le regard et la prière de l'Église vers le retour du Christ à la fin des temps: "L'Esprit et l'Épouse disent: Viens ! " (Apocalypse, XXII, 17). L'Esprit de Dieu, à l'étape de l'accomplissement, est la force divine qui témoigne de la mission transcendante du Christ.

L'Esprit est responsable de la conception de Jésus en Marie (Matth., I, 18), il descend sur Jésus à son baptême (Matth., III, 16; Luc, III, 22), le guide au désert (Matth., IV, 1), lui donne le don de chasser les démons (Matth., XII, 28). Cet esprit sera donné aux disciples (Luc, XI, 13) dans le baptême opéré par le Christ (Matth., III, 11) et il leur permettra de confesser leur foi en toute assurance à l'heure de l'épreuve (Matth., X, 19-20). La finale de l'Évangile de Matthieu joint le Père, le Fils et le Saint-Esprit dans une même invocation: "Allez donc à toutes les nations, faites-en des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit" (Matth., XXVIII, 19).

Cet envoi en mission est l'invitation universelle de Dieu à rejoindre la vie en Dieu comme Jésus Ressuscité. L'Esprit qui est à l'origine de toutes les langues parle d'une " voix plus ample et libre que le vent qui tout à la fois embrase l'univers et vient chuchoter au cœur de chaque homme, dans le réduit intérieur de la pensée, pour révéler la Vérité qui n'est ni hébraïque, ni grecque, ni latine, ni barbare. Il parle sans l'aide d'une bouche ni d'une langue, sans bruit de syllabes. "

L'Esprit est à l'œuvre comme le vent qui souffle où il veut, souvent hors de toutes enceintes. Grâce à son souffle, l'homme quitte le domaine de l'instinct et devient plus humain. Dieu seul est humain. L'homme le devient par son Esprit qui lui insuffle la Crainte de Dieu, la Piété, le Conseil, la Force, l'Intelligence, la Sagesse et la Science.

Denis LUONG