Le Carême est le grand mouvement de la vie intérieure
de l’Eglise, de tous les chrétiens et de ceux qui veulent
bien les rejoindre : passer de la normalité quotidienne
à l’anormalité de Dieu où se révèle
l’avancement de son projet de vie. « Trans » :
passer au-delà.
Les aspirations humaines sont paradoxales : l’homme veut tout
à la fois se tourner vers l’avenir, tendre à réaliser
le projet de Dieu et en même temps, il veut rester sur place
dans la normalité du quotidien de peur d’être bousculé,
dérangé !
Tel est le cas de Pierre : il veut arrêter le temps,
ce temps privilégié où il voit le Seigneur
transfiguré ayant dépassé tous les dangers
dont Pierre a eu peur pour son Maître. Jésus est auprès
du Père. Il est sa gloire.
Qui ne souhaiterait arrêter le cours du temps quand il atteint
le sommet spirituel et relationnel tel que la transfiguration du
corps de Jésus ?
Voir et écouter Dieu, son Maître, devenir le Messie
glorieux sans passer par les souffrances et les épreuves
que Jésus a prédites… !
On ne peut pas parler d’égoïsme de Pierre quand il veut
construire des tentes pour que son Maître transfiguré
s’y retire. Ce que désire Pierre, ce n’est pas de rester
tout le temps avec son Maître glorifié. Il veut que
le Maître n’ait pas à retourner aux dangers et aux
épreuves dont il a tant parlé.
Mais le Christ veut respecter le cours du temps. La transfiguration
n’est qu’un arrêt sur l’image du projet qu’il va réaliser
pour tous.
Même si Pierre tient à garder son Maître à
l’écart des dangers et des difficultés, il n’en demeure
pas moins qu’il y a une évolution, un projet en mouvement
dans ces rencontres de Jésus avec ses disciples et avec le
monde.
Rencontrer Dieu et se préparer à aller au devant de
ses frères qui ont besoin de présence et d’écouter
la vraie parole du Maître.
« C’est de vous qu’il dépend que la Parole de
Dieu retentisse ou ne retentisse pas « (Charles Péguy)
Denis LUONG
La Martinière, 13 février 2008