Le Nouveau Voyant
Devant le signe prodigieux aussi clair aux yeux de tous, tout le
monde se demande, est-ce bien lui, le nouveau voyant ? On commence
à douter du bienfait reçu. Comment ce fait peut-il
se produire chez un simple mendiant ? Il est aveugle et voilà
qu’il voit ! On se précipite sur lui pour demander qui
il est vraiment. On doute même sur sa personne : ce n’est
pas le mendiant de la porte du Temple, ce doit être un autre.
Mais l’aveugle-né affirme que c’est bien lui le mendiant
de Siloé.
Alors une autre question surgit : si guérison il y a,
qui en est l’auteur ? La foule, les pharisiens découvrent
que Jésus est celui qui a guéri l’aveugle. Cette guérison
intervient un jour de Sabbat. Jésus a donc transgressé
la Loi.
Or les pharisiens se donnent le pouvoir de défendre la Loi
et Dieu qui la dicte. Quand on n’observe pas la loi, on n’est pas
de Dieu. On voit là les signes avant-coureurs qui mèneront
Jésus à la Croix.
Cependant la Loi soi-disant transgressée est celle qui fait
avancer l’amour, la compassion plutôt que son observation
restreinte.
Guérir un aveugle est plus grand que de ne rien faire devant
le malheur des autres sous prétexte d’observer un commandement
qui fait honneur à Dieu. Ici, Jésus fait tout pour
l’autre.
La défense de la Loi dans cet épisode est une méchanceté
qui jette le trouble chez l’aveugle qui n’a pas vu celui qui l’a
guéri.
Malgré l’hostilité des pharisiens, Jésus revient
vers l’aveugle pour lui donner une précision plus merveilleuse
encore que la guérison : la connaissance de Celui qui
l’a guéri. Il peut voir, il peut maintenant écouter.
Voir et écouter se rejoignent pour faire que la guérison
soit parfaite.
Les observateurs du miracle sont des gens qui peuvent voir mais
leur passion de l’observance stricte les aveugle. Ils ne voient
rien et s’égarent de la réalité. Ils ont raté
la rencontre avec le Maître de la Loi qui seul fait comprendre
que l’amour devance la Loi. Seul le mendiant aveugle au cœur simple
a su mettre sa confiance dans le Maître du Sabbat et faire
acte de foi.
Denis Luong