retour à la page d'accueilretour à la page d'accueil
retour à la page d'accueilarchives des homéliespetit germinal, informations pratiquesla vie de la communautédernières conférencesparticipez à germinal
retour page accueilhomelies 2007archives :2006200520042003200220012000199919981997
 
Dimanche de Pâques - La Résurrection du Seigneur
 
   
   
 
Rabbouni
 
   
 
23 mars 2008
 
   
 

Rabbouni


La pierre tombale roulée est à côté, le suaire qui recouvre la tête du Seigneur, n’est pas posé avec le linceul, c'est tout ce qu'ils ont vu et retenu. Ils ont plutôt des têtes qui observent et qui raisonnent. Et, ici, il n'y a rien à dire. C'est perdu, le corps. Mais l'autre disciple qui garde encore bien des images du Maître de la veille, il vit et crut. Le jeune entraîne ainsi le plus âgé dans sa déduction des Ecritures, des confidences du Maître.

Le témoignage des évangiles sur la rencontre avec le Christ au-delà de sa mort n'est pas seulement une déduction théorique. Nous avons en tout, douze récits, deux de Matthieu, deux de Marc, trois de Luc et quatre de Jean. Tous, ils ont vu d'abord la disparition du corps, puis le visage rayonnant de Jésus vivant. Les évangiles sont nés de ces rencontres avec le Christ vivant.

C'est à la suite du récit que commence la vraie entrée de Jésus dans l'histoire. Le Jésus de Matthieu, de Marc, de Luc, de Jean, le Fils de l'homme, le transfiguré sur le Thabor, le Maître qui guérit, qui ressuscite les morts, qui dit qu'avant Abraham ne vienne, il est déjà là, ce Jésus qui a été vu pour la première fois par Marie Madeleine.

Il n'y a que Marie Madeleine qui reste, au lieu de retourner chez elle, comme les deux disciples. Elle se tient debout dehors, seule, et elle pleure. Elle est venue voir le visage de celui qu'elle aime. Comment s'en aller sans le voir ? Et elle l'a vu. Il est transfiguré au point qu'elle ne le reconnaît pas. L'amour plus fort que la mort lui faire croire qu'elle peut le porter si elle le retrouve.

Jésus reconnaît dans cette demande, le même amour, le même attachement de Marie Madeleine, et il l'appelle : " Marie. " La voix, celle-là, comment ne pas la reconnaître, et à Marie de répondre : " Rabbouni ! "

L'annonce de la Pâques nouvelle commence avec cette rencontre. Les apôtres vont le voir comme elle l'a vu. D'autres générations après eux, peuvent le voir aussi, avec les yeux du cœur. Leurs façons de dire celui qu'ils ont vu et rencontré, sont d'une telle intensité que l'annonce arrive jusqu'à nous et jusqu'à la fin des temps.

Un homme de notre communauté humaine est entré dans ce monde nouveau, où il n'y a plus ni déchéance, ni mort. Il vit en Dieu avec son corps humain. C'est le contenu de la prédication des apôtres : Jésus est mort pour nous, et il est ressuscité. Nous l'avons vu.

Nous avons à connaître, un jour au l'autre, le deuil de ceux ou celles qui nous sont chers. Mais le deuil a ceci de grand : il transforme le monde qui nous entoure. Rien n'est comme auparavant. Si le monde n'est pas dépeuplé, il est vraiment changé pour nous. Et le monde est en perpétuel changement à cause des deuils que nous avons à porter.

L'Evangile nous dit comment le monde nouveau est né. Désormais, à cause de la mort et de la résurrection de cet homme nommé Jésus de Nazareth, il est possible que l'homme passe l'homme. Il est possible de déplacer nos intérêts ailleurs que de les garder en nous-mêmes.

C'est la spiritualité chrétienne, la nôtre. Elle est le fondement de notre civilisation. Ce n'est pas de la récupération, mais le retour à la source de nos valeurs.

Je célèbre la Pâques, je ferme le Livre, je ferme les yeux, et je trouve le visage de mon Seigneur, au fond de mon cœur. Je célèbre la Pâques, j'ouvre les yeux et je te vois partout dans notre monde, dans notre vie. Depuis notre entrée dans ce monde, à travers tous les âges de notre vie, ta présence rayonne comme les sacrements qui nous vivifient et nous prennent comme témoins de ta résurrection. " Rabbouni ! "

Denis Luong