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3ème
dimanche de Carême B
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Ex
20, 1-17
1 Co 1, 22-25 Jn 2, 13-25 |
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JESUS,
Temple de Dieu.
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2
mars 1997
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On arrive à estimer maintenant la date de l'évangile
de St Jean. Il se situe vers l'an 100, c'est à dire 30 ans après
la destruction du Temple. Au moment où ces lignes sont écrites,
Jérusalem est une ville interdite aux juifs. Ils sont chassés
de la Palestine . Le Temple n'est qu'un amas de ruines. Plus de prêtres
ni de scribes, plus de pèlerins ni de vendeurs dans le Temple.
St Jean, avancé en âge, revoit la scène que nous
venons d'entendre avec les yeux de ses 20 ans, et l'expérience
peut-être du dernier témoin qui a vu le Christ vivant au
matin de Pâques. Il a vu, il a touché le Christ ressuscité,
le Christ avec son corps transfiguré dans la nature de Dieu .
C'est à la lumière de la résurrection qu 'il a
saisi le sens de la parole de Jésus : " Détruisez
ce temple et en 3 jours je le relèverai ". L'incident avec les marchands du Temple n'est pas relevé dans
l'évangile comme l'histoire d'un conflit. St Jean veut nous faire
rencontrer Jésus qui sait déjà ce qui va lui arriver.
Retrouver le visage de Jésus avant sa Passion, au milieu d'une
Jérusalem en ruines, c'est la force de la mémoire qui
vit désormais au-delà des changements de ce monde . Il est loin déjà le temps où Israël a reçu
de Moise les Dix Commandements. C'était, au départ, une
sorte de consensus pour vivre ensemble en qualité de peuple :
on respecte les autres et leurs biens, on respecte celui qui a inspiré
ces paroles de sagesse . Après ces dix paroles de Dieu, Israël a possédé
une terre, un roi, un système politique qui l'a mis au rang des
peuples des alentours. Enfin il a pensé à offrir un lieu
de rendez-vous, considéré comme la Maison de Dieu, le
lieu de l'Alliance, le Temple . Mais c'est avec réticence que Dieu accepte la proposition,
car Dieu ne peut se laisser lier à un lieu où il n'y a
pas de vie . On ne peut pas assigner Dieu à résidence,
l'enfermer dans des prisons dorées, des sanctuaires où
il est mis à part, hors de nos vies. Israël a mis beaucoup de temps pour comprendre ce refus de Dieu
. Le Temple de Jérusalem construit par Salomon au Xème
siècle avant Jésus-Christ sera détruit et reconstruit
plusieurs fois pour être enfin réduit à l'état
actuel. De tous les fastes des temps anciens, il en reste un mur de
soutènement appelé mur des lamentations. C'est le drame
de tout un peuple que Jésus a prédit et pleuré.
Le Temple ne sera plus jamais comme avaient rêvé les rois
d'Israël. Et c'est dans cet état de dépouillement,
devant un mur, la tête en plein air, qu'aujourd'hui les enfants
d'Israël viennent trouver et adorer le shekina, la présence
de Dieu . Pour prier Dieu, pour l'adorer, nous avons besoin d'un lieu . Mais
ce lieu, le vrai temple, le lieu de rendez-vous véritable, ce
sera le coeur de chacun de nous. Cette construction à l'intérieur
de l'homme est l'oeuvre du Seigneur . Il a commencé à
partir de son propre corps : " Détruisez ce temple
et je le rebâtirai en trois jours." Il faudra l 'expérience
des apôtres devant le Christ glorifié pour que le monde
comprenne que désormais le lieu de la Présence de Dieu
n'est plus un édifice, mais c'est une personne. C'est le Christ.
Toute la liturgie chrétienne n'existe qu'autour de son Corps
Transfiguré. La liturgie a pour mission de nous introduire dans
ce mystère . " Vous êtes le Temple de Dieu ...
vous êtes le Corps du Christ . " Nous découvrons
avec le Christ tout au long de son cheminement vers Jérusalem
pour y mourir, l'éminente dignité de l'homme appelé
à vivre dès maintenant sa vie, dans le mystère
de Dieu. D.L. |
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