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Dimanche de paques, Année B
 
 
Ac10, 34..43
Col 3, 1-4 ou Co 5, 6-8
Jn 20, 1-9
 
     
 
Il vit et il crut .
 
     
 
30 mars 1997
 
     
 

C'est le premier des cinq récits de St Jean sur la résurrection de Jésus. St Matthieu nous en donne deux, St Marc, deux, et St Luc, trois. Des douze évangiles de la résurrection, nous pouvons relever les variantes de la visite au tombeau de Marie Madeleine, au petit matin. Ici, Madeleine est seule, alors que dans les évangiles synop-tiques, elle était là avec Marie, mère de Jacques et Salomé. Et toutes les trois sont entrées dans le tombeau.

Matthieu leur fait même voir l'ange descendu du ciel rouler la pierre tombale, alors que la terre se met à trembler. Marc trouve que la pierre a déjà été roulée à côté, à leur arrivée. Elles entrent toutes dans le tombeau et bavardent avec le jeune homme vêtu d'une robe blanche. Luc ne précise pas le nombre des femmes. Elles sont, dit-il, celles qui l'accompagnaient depuis la Galilée jusqu'à sa mort et sa mise au tombeau.

Une vue parallèle du même récit de ce " premier jour de la semaine " nous fait goûter " la saveur du témoignage direct de Jean ". C'est du plus pur saint Jean, témoin oculaire de l'événement.

A la vue de la pierre tombale qui n'est plus à sa place, sans entrer dans le tombeau, Marie Madeleine affirme tout haut qu'on a volé le Seigneur et, chose curieuse, elle qui est seule, se dit nous. " Nous ne savons pas où on l'a mis. "

L'événement du Dimanche de Pâque n'a pas la même réalité que celle du vendredi qui se déroule sous nos yeux, tangible avec toutes ses cruautés. Ici, au contraire, tout se dit et se raconte avec les yeux du cœur qui constatent, et s'étonnent, non pas de ce que le cadavre ne soit plus là, mais de ce que les linges soient restés sur place, " affaissés ", le corps s'étant évadé des linges. Ils sont surpris de voir le " soudarion " ou la mentonnière qu'on passait sur la tête et sous le menton du cadavre pour lui maintenir la bouche fermée, resté là comme une couronne entourant une tête qui n'est plus là !

Ce que Pierre a vu en premier, Jean l'a vu aussi, étant entré après. Et Jean raconte tout de suite ce qui se passe en lui, comme un éclair, à ce moment précis. " Il vit et il crut. " Tout ce que Jésus a dit et a fait revient en force à sa mémoire, plus fort, plus clair qu'il ne l'a jamais vu et entendu, en voyant ces linges " affaissés ". C'est comme la signature du Maître qui dit qu'il est là, vivant

Comme ils sont parlants ces linges funéraires! Les disciples, les uns après les autres, retrouvent toutes les expériences vécues avec le Maître durant ces trois dernières années. La figure de Jésus que nous trouvons dans chaque page des quatre évangiles est le visage de Jésus qu'ils ont vu après sa mort.

Ils se souviennent jusqu'aux premiers mots qu'ils ont entendus à la première rencontre avec Jésus. " Que cherchez-vous ? " disait-il. " Venez et vous verrez ", c'était environ à la dixième heure, remarque St Jean.

Puis, c'est la profusion des témoignages. Jamais, on ne connaît autant de détails sur une personne vivant à une époque pareille. Quatre reportages rédigés par quatre auteurs différents, autant par leur personnalité, leur style, que par les destinataires de leur ouvrage.

Et nous découvrons à travers ces témoignages, Jésus qui cherche à dire qui il est, qui est Dieu, qui sont les hommes, par des paraboles qu'il invente lui-même, à partir de ce qu'il a vu autour de lui, dans la vie des gens ; Jésus qui guérit, qui enseigne, qui informe sur le royaume de Dieu, le royaume de son Père ; Jésus qui trouve des gens qui lui inspire les paroles de béatitudes. Vers les derniers jours de sa vie, il s'épanche en confidence, pour nous faire entrer dans sa vie intime avec le Père. Jean a tout retenu pour nous dans cinq chapitres, du douzième jusqu'au dix-septième, cent soixante-dix-sept versets .

" En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham fût, je suis. "Jn 8,58 . Ma royauté n'est pas de ce monde. Jn 18,36 .. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité...Jn 8,37...Je vous le déclare, désormais vous verrez le Fils de l'homme siégeant à la droite du Tout-Puissant et venant sur les nuées du ciel "; Mat. 26, 64. Ce sont quelques paroles-clés du Maître qui dit à tous qu'il ne peut être que vivant. La mort ne peut détruire quelqu'un qui a pu tenir de telles paroles.

En ce jour de Pâque, si nous voulons voir le visage du Seigneur comme Marie Madeleine, Jean, Pierre et les autres l'ont vu , laissons monter à la mémoire tout ce Jésus a dit, tout ce que Jésus a fait.

Nous pouvons fermer nos yeux pour mieux imaginer la nuit de l'autre. Il n'a jamais vu le ciel et la terre ni la nature en fête de couleurs, " les doigts roses de l'aurore, les caresses empourprées qui font les crépuscules. " Un jour, Jésus vient : et pour la première fois ses yeux découvrent ce que nous voyons depuis toujours. Avec l'aveugle, nous crions alors de joie ! C'est Pâque. Le Seigneur est passé par là.

" Il suffit de si peu... Et nous verrons qu'aux frontières de l'autre surgira " l'Etrange ". Celui qu'on n'attendait pas, celui qu'on n'attendait plus. Et pourtant, il est là, cet Autre, tellement là, tellement présent à moi, à toi, à nous que nous pouvons dire comme Jacob : " Il était là et je ne savais pas. "

Pâques , aujourd'hui, c'est aller jusque-là, jusqu'aux limites du meilleur de soi, justement là où l'on peut guetter le passage de Dieu. " *
D.L
* Mille textes - Robert RIBER