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7ème Dimanche après Pâques B
 
 
Ac 1,  15-26
1Jn 4,  11-16
Jn 17,  11-19
 
     
 
L’Absence 
 
     
 
11 Mai 97
 
     
 

D’années en années, et voici de semaines en semaines, nous célébrons le Christ ressuscité. Il est dit que cette reconnaissance est ce qu’il y a d’essentiel de ce que nous croyons. Et quand nous arrivons à dire de notre propre conviction :" ce que je crois c’est que le Christ est vraiment ressuscité, il est presque inévitable qu’un jour nous nous demanderons, ou les enfants nous demanderont : en réalité, dans notre vie, autour de nous ou un peu plus loin, qu’est ce qu’il y a de changé ?

Tout semble rester banalement pareil. Les gens continuent de mourir. Notre corps ne cesse de dépérir. La mort reste violente. Le silence et la séparation provoquée par la mort font le grand vide fatal qu’on redoute. Le Christ est Ressuscité. Il doit y avoir des changements dans le monde depuis.

Les témoignages recueillis à chaque célébration dominicale depuis Pâques ne cessent de nous initier à ces changements. Ce 7ème dimanche après Pâques, le premier après l’Ascension est marqué par le vide et le silence. Le Seigneur est entré dans le mystère de Dieu. Et c’est admirable que la liturgie nous propose de célébrer ce silence et ce vide qui ne nous sont pas étrangers. Dans la vie, qui ne souffre pas d’une séparation, d’une absence. ?

  Nos parents, sans le savoir, font partie des grands maîtres: et nous après eux, nous le devenons pour nos enfants. Dès son premier âge, tout enfant connaît l’épreuve de l’absence. Les parents attentifs essaient d’y remédier en l’initiant au jeu de symbole.

  Toute maman sait bien le faire. Fut-ce un petit bout de coton que l’enfant garde sur son nez, c’est la vraie présence de quelqu’un qui l’aime et qui le rassure. Ainsi, toute forme d’accompagnement, d’éducation ou d’éveil parmi les hommes n’a de sens, de valeur, que si elle ne constitue pas ni un envoûtement, ni une aliénation, mais un chemin préparant ( à l’intériorisation, à la sublimation, à la spiritualisation,) à une vie personnelle, intérieure, spirituelle, autonome.

  Nous apprécions mieux maintenant la pédagogie du Ressuscité qui, durant quarante jours a côtoyé ses disciples, leur montrant ses mains, ses pieds, son côté transpercés. Il a mangé avec eux discutant avec eux, alors qu’il est déjà le tout-autre. Il peut leur demander après, une intériorisation autre qu’allumer leur lanterne. Vivre le Royaume de Dieu qui est en vous. Mon Père et moi nous y viendrons établir notre demeure. Moi en eux, toi en moi. Être présent à la venue de l’Esprit.

  Dans la chambre haute, tous ensemble, autour de la Mère du Seigneur, ils se remémorent la prière du Maître : "  Père, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu’il contemplent ma gloire. " Ils sont dans la prière du Seigneur. Le grand changement de la grâce de la résurrection s’opère depuis dans tout homme qui croit en Lui.

Avec Lui, le visible et l’invisible sont les aspects de la même vie en plénitude. Il n’y a plus de différence entre proximité et éloignement, présence et absence, parole et silence. Cette perception de la vie est déjà possible à tous ceux qui essaient de vivre le silence, à tous ceux qui sont éprouvés par la vie, par la solitude. C’est le lieu commun de la condition humaine où croyant ou non croyant, pratiquant ou non pratiquant peuvent se rencontrer au-delà de toutes différences.

A l’intérieur du plus délaissé, inconnu, démuni de tout, il y a une aspiration forte comme la vie qui tend vers son origine et sa source. " l’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! " C’est la prière qui se prie dans le coeur de tout homme.  

D.L.