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Messe de Saint Pierre et saint Paul, 13ème Dimanche B
 
 
Ac 12,  1-11
2 Tm 4,  6..18
Mt 16,  13-19
 
     
 
PIERRE et PAUL.
 
     
 
29 Juin 97
 
     
 

En les mettant ensemble et en les rendant inséparables, les chrétiens d’occident ont exprimé un choix et une orientation pour organiser leurs diverses communautés. Il n’y pas de personnages plus symboliques pour fonder l’Eglise de Rome et ses institutions.

Pierre représente l’autorité, Paul le charisme, les deux éléments qui forment le noyau vital de L’Eglise. On ne peut les séparer sans tout faire éclater, disent les théologiens. L’autorité est ce qui confère une charge. "  Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église... Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux. "

Le charisme est ce qui permet de la réaliser. C’est le souffle de l’Esprit qui éclaire, qui informe et qui enseigne. Il doit en être rempli, l’auteur des quatorze épîtres qui font la suite des quatre évangiles. C’est l’évangile médité, assimilé et exprimé en des réflexions personnelles et solides. Sans les écrits de Paul, la Bonne Nouvelle annoncée n’est pas celle que nous vivons aujourd’hui.

Mais nous savons que le symbole est sélectif et ne dit pas tout de ce qui est le concret de la vie de l’un et de l’autre. Pierre, dans sa relation personnelle avec le christ est tout autre que l’homme d’autorité. Homme du terroir, mais homme de coeur, avec lui, tout est plus que facile. Au premier appel de Jésus, il a tout laissé et sa barque et ses filets et sa famille pour le suivre. Il va être "pêcheurs d’homme " ! Comment comprendre ce qu’il a compris de ce nouveau métier ? Homme d’attachement, il lui suffit d’écouter un confrère qui lui souffle que : "  le maître est là " pour qu’il se jette à l’eau pour le rejoindre plus vite. Il suffit qu’un coq chante pour qu’il se mette à pleurer. Quelle figure d’autorité peut-il y avoir dans tous ses comportements ?

Quant à Paul, le pharisien qui gardait les vêtements des gens qui lapidaient Etienne à mort, il ne semble pas avoir coutume de se laisser prendre facilement. Il faut qu’il soit terrassé sur le chemin de Damas pour être convaincu d’une autre orientation à suivre et immédiatement engagé comme Hérault de Jésus mort et ressuscité pour tous.

Après ces premiers traits de la personnalité de Pierre et de Paul, comment ne pas remarquer la présence de l’un et de l’autre dans la vie des premiers chrétiens. C’est Pierre qui, entouré de ses onze collègues, donne le ton dans ses premières interventions : "  Que toute la maison d’Israël le sache avec certitude, Dieu l’a fait et Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous aviez crucifié. " Act. 2, 36. Pierre est respecté, reconnu comme le premier des disciples. C’est autour de lui que se forme la communauté d’église. On l’appelle très tôt prince des apôtres. La communauté laisse voir son besoin de s’instituer autour d’un chef.

Mais plus fort encore que le besoin d’avoir une hiérarchie, une aspiration nouvelle travaille cette jeune communauté  : le besoin de s’informer, de connaître, de comprendre qui est Jésus, de savoir comment se comporter vis à vis de la tradition ancienne. Ici, Paul, le nouveau converti, s’est imposé en maître et a pris tout le devant de la scène de cette église naissante. Il revendique lui-même que sa rencontre avec Jésus sur le chemin de Damas est la même que les douze ont eue après la résurrection du Seigneur. On relève dans les Actes des apôtres 135 récits sur Paul, sur sa vie et ses activités, alors qu’il n’apparaît qu’à partir du chapitre 8. Quant à Pierre, il n’est mentionné que 59 fois pour disparaître ensuite dès le chapitre 15. Les 13 chapitres restant ne parlent que de Paul, de ses réflexions et de ses missions itinérantes à travers tous les coins de l’empire.

Ces quelques lignes très succinctes sur la vie de Pierre et de Paul nous invitent à mieux connaître les témoignages qu’ils nous ont laissés et que l’Eglise ne cesse d’approfondir. Il suffit de remarquer comment les successeurs de Pierre sont appelés ou se font appeler depuis le début jusqu’à ce jour, comment l’Eglise évolue vers le centre du message de l’Evangile. Après la dénomination de Prince des apôtres, c’est le Souverain Pontife, puis le Serviteur des Serviteurs, appellation strictement réservée au Pape, et à l’heure actuelle, c’est plutôt l’Evêque de Rome qui est officiellement utilisé.

Nous retenons, en cette fête de Pierre et de Paul, l’émouvant attachement de l’un et de l’autre à Jésus, le Seigneur, leur esprit d’ouverture à la dimension universelle du projet de Dieu en Jésus Christ pour la communauté humaine tout entière, et enfin leur souci de travailler, de travailler encore pour trouver et dire à chacun dans sa culture respective, le mot qui fait comprendre ce qu’ ils ont compris. Je vous laisse le soin de lire l’introduction de la première lettre de Pierre, l’introduction de la lettre de Paul aux éphésiens pour vous en convaincre.

Pierre a reçu de Jésus les clefs du Royaume, mais il comprend ce que Jésus a dit : "  Je suis la porte. " Quelles clefs pourrait-on forger pour les fixer sur la personne de Jésus ? " Pais mes brebis ; Pais mes brebis ; Pais mes brebis. " Pierre, interrogé trois fois de suite par le Seigneur sur son attachement à lui, ne peut pas ne pas savoir ce que le maître a désiré. Ses deux lettres écrites à l’Eglise universelle témoignent de ses efforts étonnants pour faire connaître à tous, ce qu’il a dans son coeur, quitte à se faire aider par son disciple Sylvain, l’helléniste

Dans ses multiples lettres à toutes les églises naissantes et à ses trois disciples Timothée, Tite et Philemon, Paul nous communique la seule aspiration valable pour notre vie : connaître Jésus, celui qui est rejeté, non par les mécréants de son temps, mais par une élite religieuse prisonnière de ses privilèges. Ils ne peuvent pas accepter qu’il communique la communion et le pardon de Dieu aux réprouvés, aux déclassés, à tous, librement et gratuitement, sans aucun préalable de leur part, si ce n’est la foi.

La fête de Pierre et de Paul n’est pas seulement un mouvement de piété, mais une interpellation qui interroge notre connaissance personnelle de l’Evangile, notre souci de trouver des mots pour le dire. De le dire à qui, là encore, en avons-nous une idée précise ? A nos enfants, à nos amis et proches. N’est-ce pas là le passionnant défi à nous-mêmes ?