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22ème
Dimanche ordinaire B
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Dt.4, 1-2;6-8 |
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L'essentiel.
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31
août 97
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Le génie de la Bible, c'est de nous initier à ce que nous nommons nous-mêmes Dieu. Il fait parler Dieu pour qu'il se défende de ce que les hommes pensent de lui. Il corrige, rectifie, cherche des moyens pour se faire comprendre. Chaque prophète, chaque écrit de la bible apporte son correctif que Dieu inspire. " En effet, comme les cieux sont élevés au-dessus de la terre, ainsi mes voies sont élevées au-dessus de vos voies." Is;55,9 Ainsi, à la place du mot "Dieu" la bible préfère l'appeler l'Imprononçable, l'Eternel, le Béni-soit-Il. Il est à la fois hors de notre atteinte mais il est aussi le tout proche. Il faut seulement beaucoup d'amour, beaucoup d'attention pour l'écouter comme on écoute le silence, pour guetter le moindre signe de la vie. La vie que propose la Bible, c'est "Ecoute". Rester toujours dans la disposition de l'écoute, c'est se concentrer pour distinguer sa voix qui parle dans le silence. Dans le passage du Deutéronome, Moïse propose au peuple d'Israël de se garder de la façon dont pense le monde. Le monde pense au pouvoir, à l'argent, au plaisir immédiat, sensible. Pour saisir la voix de Dieu qui parle à l'intérieur de l'homme, il faut penser autrement. St Jacques, dans sa deuxième lettre, rappelle que ce qu'il y a de meilleur dans l'homme, c'est son aptitude à distinguer la conscience de la présence de Dieu et du parapsychologique, de l'irrationnel et de la magie, du pouvoir des choses sur l'esprit. Comment distinguer l'illusoire des phénomènes "aux frontières du réel" qui provoquent une résonance émotionnelle et suscitent chez l'homme des sentiments qui leur font croire qu'un ailleurs existe ? Dans ce cas, on ne rencontre que soi-même et sa propre imagination. Tout au long de la bible, les prophètes ne cessent de donner des avertissements.
Ici, St Jacques nous donne le meilleur moyen de nous mettre à l'écoute de Dieu : c'est de se comporter comme lui qui fait attention aux pauvres, à ceux qui sont faibles, aux enfants, aux veuves, aux personnes âgées. En donnant notre attention aux plus petits de la terre, nous rendons le vrai culte à Dieu. La meilleure façon de l'honorer est d'honorer les pauvres, les faibles, ceux qui sont démunis dans la vie.
L'Evangile reprend ce thème de l'intériorité. Les gestes extérieurs ne sont importants que s'ils montrent l'expression de notre intériorité. Dieu est spirituel: on ne peut l'atteindre que par une attitude de vérité, une correspondance de ce qui est à l'intérieur avec ce qui est de l'extérieur. Dieu ne fait pas partie de la légion des génies que l'on peut satisfaire par des sacrifices et des cultes. Le vrai culte, disent le prophète et le psalmiste, c'est le coeur qui sait qu'il n'est pas digne de se présenter devant Dieu. Selon notre façon usuelle de voir et de vivre, le geste religieux se définit par une fidélité inconditionnelle à une loi, à ces mille façons de faire le culte. Quand nous pratiquons certaines exigences du culte, nous croyons vivre la foi. Désormais, avec le Christ annoncé et proclamé par les prophètes, le vrai culte est une adhésion intérieure, totale à sa Personne. Saint Paul a employé une formule intraduisible, je suis " ennormos Christu" J'ai le Christ en moi comme une Loi. (1Co.9,21)
Avoir comme référence un homme tel que Jésus, Norme de Dieu, Verbe de Dieu, c'est avoir un comportement qui corresponde à la vie intime en Dieu. On peut l'observer chez les saints. Ils ont ceci en commun qu'ils ont tous Dieu pour priorité. De ce fait, ils sont divinement humains, proches des hommes. On ne trouve pas de saints méchants ou inhumains. En approchant de Dieu, par l'enseignement de l'évangile, ils ont le sens de la personne humaine, le sens de la conscience, de la liberté, de la fraternité, de l'égalité. Chacun, d'après sa personnalité, son milieu d'origine, apporte les nuances propres de toutes ces valeurs en les confrontant en permanence à leurs sources. On doit toujours approfondir pour trouver l'essentiel. C'est toute une aventure qui, par répétition, devient tradition. La tradition est une aventure réussie. Faut-il encore être prêt à la quitter pour que la recherche de l'essentiel soit continue. La portée de l'évangile d'aujourd'hui va très loin. Elle nous pousse à tout quitter pour nous rattacher à l'essentiel. D.L. |
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