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{calendrier liturgique}
 
 
Is 52,  13--53,12
He 4,  14...5,9
Jn 18,  1--19,42
 
     
 
Prière du Vendredi Saint
 
     
 
28 mars 1997
 
     
 

Seigneur, tu viens d'endurer les souffrances que nous redoutons, telles qu'elles sont liées à notre condition humaine. Nous avons toujours peur de tout ce qui vient de t'arriver.. La haine avec toutes les séquelles qu'elle entraîne, qu'elle invente : tortures physiques, avec leurs effets immédiats, tout ce qui fait mal à l'autre, dans son corps, pour le défigurer, l'abîmer - tortures morales, injures, calomnie, désinformations, mépris, tout ce qui peut précipiter l'autre dans le chemin du non-retour de l'angoisse, du néant, de la mort dans l'âme. Laissez-nous rester un moment avec les premiers instants de ta Gloire, devant ton corps apparemment inanimé.

Toi qui te sais aimé de Dieu, Fils de Dieu, né avant le temps, conscient de la mission que le Père t'as confiée, tu attends de Lui la reconnaissance de ce que tu as dit, de ce que tu as fait comme la glorification de son Nom, ta propre glorification. Et tu as tremblé de tout ton être, tu as transpiré de sang; ton corps n'a pas pu tenir le choc de l'angoisse. Tu es humilié à ce point que depuis, les humiliés de la terre trouvent en toi l'homme le plus proche de leur destin.

Nous venons de revivre ensemble les derniers instants de ta vie. Nous ne devons pas connaître le désarroi des apôtres à cette heure du Vendredi Saint. Le temps, la souffrance des hommes, profonde, immense comme les eaux des océans, cette souffrance qui est toujours là dans la chair, dans l'âme de toute une humanité, de générations en générations, toutes ces épreuves doivent nous initier un peu plus au mystère de ta mort. Nous savons maintenant que c'est le premier moment de ta Gloire.

Quelle grâce pour nous d'être nés vingt siècles plus tard après ta mort ! Nous avons vu beaucoup de morts, depuis. A ce moment là, ils sont tous pareils, les hommes. Qu'ils soient moines ou chrétiens dans le monde, prêtres, religieux, croyants ou non croyants, tous doivent entrer dans le grand silence de la vie, ton grand silence. C'est le moment sacré, incontournable devant lequel on se tait.

Il faut tout quitter, et partir seul, chacun son tour, pour entrer dans ce monde totalement inconnu qu'on appelle diversement, l'absurdité, le néant, l'au-delà, ou le paradis, la Maison du Père. C'est le grand passage dont la fête de la Pâque juive n'est qu'un symbole.

Heureux ceux qui ont pu écouter le témoignage de ta mort ! Heureux sommes-nous qui, ce soir, pouvons célébrer le mémorial de ta mort ! C'est ici que se révèle tout le mystère de la vie. "  On est né pour mourir, on meurt pour être" . C'est ta mort qui est la source de toute espérance qui va au-delà des absurdités de la vie. Nous pouvons observer cette lueur de vie dans le silence de tous ceux qui ont quitté cette terre.

Nous avons mis beaucoup de temps pour nous en apercevoir. Il nous faut encore plus de recueillement, de prières, pour arriver à ce point où la Vierge Marie y a été déjà quand elle a reçu dans ses bras le corps inanimé de son Fils. C'est le mystère du coeur de Mère du Seigneur. En elle, il y a déjà tous les détails de la vie de Jésus, Fils de Dieu, son Fils à elle, et qui vont devenir les pages des Evangiles.

Chacun selon sa personnalité, Matthieu, Marc, Luc, Jean se sont relayés pour mettre par écrit ce que ta maman gardait dans son coeur à ce moment-là. Mais comme dit Jean : si l'on relatait par le détail, je ne crois pas que le monde entier puisse contenir les livres qu'il faudrait écrire.

On a essayé par d'autres moyens d'expression. Il y a des tableaux de " PIETA " pour nous faire assister au drame d'une mère devant le corps de son enfant mort. Mais jusqu'ici aucun pinceau n'a pu peindre la Mère en contemplation de la Gloire de Dieu dans ce corps né de sa chair, de son sang, porté dans son sein qui est en réalité le Verbe de Dieu dans le destin de la vie d'un homme, fils de Marie, Jésus-Christ Ressuscité, le Vivant.

Donne-nous, Seigneur, ce soir, la grâce de révéler cette " PIETA " de la Splendeur de l'amour de Dieu jamais encore peinte par les hommes, d'arriver à l'exprimer par notre façon de voir, de penser et de vivre, par notre foi en ta Parole. Toi qui pries pour nous : " Père, je leur fais connaître ton nom, afin que l'amour, dont tu m'as aimé, demeure en eux, et que je demeure moi-même en eux. "

D.L.