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Assomption de marie
 
 
Apocalypse 11,19-12,10 - 1 Corinthiens 15,20-27 - Luc 1,39-56
 
     
 
La femme aux douze étoiles
 
     
 
15 Aout 2000
 
     
 
« Les parfums de toutes les fleurs du monde ne remontent pas le cours du vent qui souffle là où il veut, qui les disperse, qui les rend inodores, mais la renommée de l'homme le peut, elle remonte, elle s’amplifie, même au delà du temps et de l'espace. "

On ne sait qui a écrit cette pensée, à qui l'auteur a voulu nous faire penser, mais nous pouvons profiter de ce proverbe pour entrer dans le mystère de la fête de l'Assomption de la Mère du Seigneur. Parfums et couleurs sont le langage de l'Orient. Nous avons dès le début de la célébration, cette immense tapisserie tissée avec des fils bibliques, anecdotes, symboles ou récits mythiques, matière brute que Dieu utilise comme langage de ce qu'il veut communiquer à l'homme. C'est le message du voyant de Patmos vers la fin de sa vie, St Jean, celui à qui le Seigneur a confié sa mère au pied de la croix. Il essaie de rendre avec tout l'éclat des couleurs sémitiques le drame gigantesque qui secoue la création depuis ses origines. Avons-nous assez contemplé la Femme, ayant le soleil comme manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête, une couronne de douze étoiles?

La Femme, c'est la communauté humaine, aimée de Dieu. Elle est parée de toute la beauté sidérale, car elle est sortie de la main de Dieu. Elle enfante dans la douleur, car cette communauté a l'habitude de prendre la tangente, peuple de pécheurs, peuple menacé par le Mal. Mais le plus glorieux de ses enfants est l'Envoyé de Dieu, le Messie. La mère et l'enfant ont fini par écraser la Bête, la même qui avait induit en erreur le premier couple dans le jardin de l'Eden: le Serpent, la négation de Dieu et de sa création (Gn 3,15). La Femme de l'Apocalypse est la Nouvelle Eve à qui Dieu annonça la victoire. Elle est l'humanité nouvelle. Elle est, à l'intérieur de cette communauté humaine, cette Femme pleine de grâce qui sera la mère de l'Emmanuel (Is 7,14).

Et comment saint Jean ne verrait-il pas en cette Femme " la mère de Jésus " ? Aux deux extrémités de la vie publique du Christ, Jean nous présente en effet " la mère de Jésus " à qui Jésus s'adresse en l'appelant Femme, car elle est associée à l'Homme pour commencer (2,1-12) et achever (19,26-27) son activité d'Envoyé de Dieu, de Celui qui doit venir. Et Marie, en plein ciel de l'Assomption, est l'icône du peuple de Dieu, l'image glorieuse de l'Eglise qui connaît, comme Marie, l'épreuve de la foi, la traversée du désert, la contradiction de la Croix. Comme Marie, l'Eglise aura son Assomption.

En proclamant le dogme de l'Assomption, Pie XII, en 1950, n'a pas voulu trancher cette question librement discutée par les théologiens : Marie est-elle morte? " L'Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours Vierge, déclare le Pape, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été enlevée en corps et en âme à la gloire céleste ".

La lettre de saint Paul écrite aux Corinthiens, en l'an 56, essaie de nous en donner une explication en nous montrant comment Jésus nous entraîne tous dans sa vie en Dieu, vie de Ressuscité. Marie à ce moment là aurait dû être encore vivante à Jérusalem. On y voit bien que tout l'effort de la catéchèse des apôtres porte sur le mystère central du salut, la mort et la résurrection du Christ. Il faudra attendre la seconde génération chrétienne pour voir apparaître les germes du culte de la Mère du Seigneur avec les évangiles de l'enfance, à partir de l'an 60.

St Paul mentionne que le Christ est " né de la femme " (Ga 4,4), il ne voit que Jésus mort et ressuscité pour notre vraie relation avec Dieu Vivant. Mais alors, si Jésus est ressuscité corporellement, tous ceux qui auront cru en lui participeront à sa glorification. Pourquoi n'aurait-il pas devancé pour sa mère l'heure de la gloire ? Ne convenait-il pas que celle qui lui a donné la lignée de sang pour qu'il soit comme nous au milieu des hommes, fut la première à le rejoindre là où il est en Dieu, Ressuscité? La tradition de l'Eglise de Jérusalem l'a toujours affirmé. Les chrétiens de toutes les générations l'ont toujours cru . L'Eglise universelle, par la voix du Pape, l'a proclamé.

On peut s'étonner que la liturgie, en cette fête de l'Assomption, nous propose le récit de la Visitation. Mais dans cette montée de la jeune Marie " vers le haut pays ", Luc, qui écrit longtemps après l'assomption de " la mère du Seigneur ", ne veut-il pas diriger nos coeurs vers d'autres hauteurs que celles du faubourg de Nazareth, Aïn Karem en Juda ? Le Magnificat, le cantique improvisé par la jeune fille devant sa cousine Elisabeth semble aussi bien être l'hymne d'admiration de l'Eglise primitive pour celle qu'on appelait " bienheureuse parce qu'elle avait cru en la parole du Seigneur ".

Plus que le chant de l'aube, le chant au petit matin, au moment où Jean et Jésus ne sont encore qu'un germe dans le sein maternel, le Magnificat est le chant du soir qui célèbre l'arrivée en pleine gloire de Marie auprès de son Fils ressuscité. Son chant est le résumé de toutes les histoire humaines. Il y a eu bien des gens malins, méchants qui croyaient doués de tout pouvoir pour faire du bon et du mauvais temps et qui, à la fin, ont été balayés de la mémoire, disparus à jamais de la terre des hommes.

Aujourd'hui, en plein ciel, Marie chante le Magnificat pour tout ce que le Tout-Puissant a fait par elle depuis le début jusqu'à la fin des temps. Aujourd'hui, Marie apparaît comme le chef-d’oeuvre de l'humanité et le témoin de la fidélité de Dieu : " Il s'est souvenu de son amour ". Aujourd'hui, se réalise la prophétie de Marie : " Tous les âges me diront bienheureuse ".Et avec Elle, nous sommes tous dans cette bénédiction du Très-Haut.
D.L.