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  3ème Dimanche Avent B
 
 
Isaïe 61,1-11 1 Thessaloniciens 5,16-24 Jean 1,6-28
 
     
 
La joie de l'ami de l'Époux.
 
     
 
12 Décembre 1999
 
     
 

 

 

 

Depuis deux semaines, nous sommes entrés dans le Jubilé de l'An 2000, en suivant la spiritualité de l’Avent. Rester en éveil, changer le regard, préparer le chemin du Seigneur, la consigne est mémorisée dans la vie de notre communauté comme une lampe, comme un ruisseau ou le chemin qui se veut vivant.

La Bonne Nouvelle reste d'actualité au cœur des duretés de la vie. Face à toutes les épreuves et les souffrances, Isaïe avance dix expressions en quatre phrases de sa prophétie qui actionnent et revitalisent la vie, comme ce bouton de fleur en plein hiver, symbole que retient notre communauté pour ce dimanche de "Gaudete".

"Consacrer par l'onction, porter la bonne nouvelle, annoncer la délivrance, annoncer une année de bienfaits, tressaillir de joie, exulter en Dieu, envelopper de l'innocence, se parer de bijoux, éclore ses germes, germer ses semences. ", clamait Isaïe.

La joie est donnée à ceux qui savent apprécier d'abord la présence de l'autre et la désirer, comme le cultivateur qui travaille, qui sème et qui attend. C’est la conséquence du dépassement de soi-même en dégageant de l’horizon de sa vie, de ses relations, tout repliement sur soi. On est à l’étroit dans sa tête et dans son cœur. Il n’y a alors plus de place, ni pour soi, ni pour les autres. On est dans la joie quand on est au large, sauvé de tout monopole, d’idées fixes qui nous cloisonnent et détruisent nos relations.

C’est la joie de Jean, le précurseur. Il est apparu avec notre lecture de dimanche dernier, au début de l'évangile de Marc sous le signe du lion, l'animal du désert. Il est comme le messager qui crie dans le désert.

Dans le quatrième évangile, Jean le baptiste est sous le signe de l'aigle. Il apparaît dans le prologue de son homonyme, Jean l'évangéliste. Sa mission d'envoyé de Dieu, de témoin de la Lumière, le héraut du Verbe qui s'est fait chair, est dans toute la splendeur et la transparence du ciel où plane l'aigle, signe de Jean, évangéliste.

Écoutons ce que doit être ce ciel qui descend sur terre avec le Verbe de Dieu, Vie, Vérité et Lumière de tout être vivant. Il est décrit par un autre précurseur sous un autre ciel. C'est l'Esprit qui souffle où il veut.

" Voici, ô bikhui, ô disciples, la Vérité Sainte sur la suppression des souffrances, l'aplanissement des ravins et des chemins tortueux : L'extinction de cette soif en vous, par l'extinction complète du désir, en bannissant le désir, en y renonçant, en s'en délivrant, en ne lui laissant pas de place. "

" Voici, ô disciples, la Vérité Sainte sur le chemin qui mène à la suppression des souffrances : c'est ce chemin sacré à huit branches qui s'appellent : foi pure, volonté pure, langage pur, action pure, moyens d'existence purs, application pure, mémoire pure, méditation pure. "

C'est le message de Jean le baptiste, conçu et exprimé par un dénommé Siddhârta. On l'appelle le Grand Éveil, Bouddha. Il a trouvé son chemin de Précurseur : préparer le chemin et rester en éveil. Il n'a pas rencontré, comme Jean, celui qui est plus grand que lui pour dire qu'il n'est pas digne de défaire la courroie de sa sandale. Il n'a pas la joie d'être l'ami de l'époux. Avec le rôle de précurseur, il a su apporter la sérénité, l'attente de la joie.

C'est une étape de la vie de Jean. Son attente est comblée quand, même en prison, il se sent délivré de l’image du Messie qu’il a cru bon d’annoncer au début aux gens qui sont venus vers lui. Jésus n’est pas le justicier qui tient dans ses mains la pelle à vanner. Il est celui qui cherche à guérir tous les handicaps des hommes. Avec son regard bloqué, l’homme ne peut plus voir. Avec sa langue de bois, il ne peut plus parler. Avec des baladeurs collés aux oreilles, les gens n’entendent plus.

Jésus les guérit et donne à ceux qui le désirent ce même pouvoir de guérison. Et il fait l’éloge de Jean, comme le plus grand parmi les hommes. Il n’est pas idolâtre de ses propres idées. Il cherche à comprendre, il réajuste son regard lui qui a annoncé la venue de Jésus et maintenant il se renseigne : " Qui es-tu ? ".

Combien de sages, de philosophes, de fondateurs de religions dans le monde sont capables de se reconnaître comme des précurseurs ? On apprécie davantage la grandeur de Jean quand il dit sa joie comme celle du "garçon d’honneur ". "  Celui qui a l’épouse est l’époux ; quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il l’écoute, et la voix de l’époux le comble de joie. Telle est ma joie, elle est parfaite. "

Les signes de la joie d’hier sont les signes de la joie d’aujourd’hui. Nous vivons dans le même contexte où les gens se demandent comment il faut faire pour sortir de la crise.

Dans un lycée de banlieue, des terminales ont inventé pour les classes plus jeunes un rôle de précurseurs : ils sont pour les autres en difficultés de relation, des "relais ados". Les relations entre les adultes et les adolescents sont inévitablement prises comme des leçons de morale. Les relais ados écoutent, placent un mot de compréhension, suggèrent un comportement qui fait grandir l'autre. Ils ont inventé ensemble la joie de savoir qu’il y a quelqu’un qui est là et qui peut venir à la rescousse d'un déficit d’imagination.

Le monde observe, en impuissant, la destruction systématique d'un peuple, d'un tout petit pays. Sous prétexte de lutte contre les terroristes, on tue à l'échelle d'un génocide alors que la guerre est déclenchée pour régler des problèmes de politique intérieure entre des clans candidats au pouvoir. Là où l'on aurait dû être précurseur, on s'affiche impertinemment dominateur.

L'Esprit souffle où il veut, fait éclore la joie, la paix. Il en manque dans bien des coins de notre monde. L'Avent continue. Où sont-ils les précurseurs de notre temps ?

D.L.