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1er Dimanche de Carême B
 
 
Genèse 9,8-15 - 1 Pierre 3,18-22 - Marc 1, 12-15
 
     
 
La mémoire de l'Alliance.
 
     
 
12 Mars 2000
 
     
 

 

La première lecture nous replace dans le contexte du peuple d’Israël qui remonte au premier temps de l’Alliance. Il nous permet d’aborder ainsi le thème que notre communauté a choisi pour vivre l’année du Jubilé. Le fondement de notre joie est de découvrir le désir de Dieu de se mêler aux affaires des hommes. On peut d’abord apprécier ce premier logo d’arc-en-ciel qui se dessine dans le ciel, en multicolore et qui dit que Dieu prendra soin de remettre à neuf chaque fois qu’il y aura des dégradations dans l’univers.L’homme et le cosmos sont saisis dans la même sollicitude de Dieu

A travers la parole qui affirme ce que Dieu dit, on voit encore ici la trace de la volonté de l’homme de prendre Dieu comme l’assureur de sa sécurité.  L’homme ne prend pas aussitôt d’engagement. Il laisse Dieu parler seul, en insinuant qu’il faudrait qu’il n’y eût plus de fléaux naturels. L’Alliance que Dieu propose est d’un autre ordre. L’homme a à apprendre lui-même comment vivre dans son environnement, comment respecter la nature et se défendre contre les ses intempéries.

Dieu qui est à l’origine de toutes les initiatives de relations avec les hommes respecte le cheminement de l’homme, sa prise conscience de la présence de l’Autre. Il laisse l’homme défendre d’abord instinctivement ses intérêts. Son alliance se fait lentement avec les générations qui viennent, qui ont bénéficié des expériences de leurs pères. Après Noé, alliance « verte », viennent, Abraham, Alliance qui assure sa lignée de sang,  Moïse, Alliance sinaïtique : don des dix paroles avec engagements réciproques, David, Alliance messianique : de sa maison viendra l’Envoyé de Dieu.

Ces grandes étapes de l’alliance sont reprises par les prophètes pour peaufiner les engagements respectifs des deux côtés.   « Tu seras mon peuple, je serai ton Dieu. » «  Ton créateur sera ton épouse » est la proposition qui va jusqu’au sommet de l’initiative de Dieu. 

      Le portrait de Jésus, Fils de Dieu, poussé par l’Esprit au désert, tenté par Satan, nous replace dans la vraie position de l’homme face à l’Eternel. A son baptême, Dieu le présente comme la figure de son Alliance, son « Fils bien aimé ». Déjà, au même moment, Jean le baptiste dit de lui, qu’il est « l’Epoux », alors que lui n’est que l’ami de l’époux.

Sans entrer dans les détails des trois tentations types durant le séjour de Jésus dans le désert, comme le font St Matthieu et St Luc, St Marc nous montre l’aspect plus concret de la tentation à laquelle il a confronté. On se plaint parfois de nos jours d’être obligé de vivre dans une attention permanente pour discerner les vraies promotions qui ne défigurent pas l’homme, qui ne détruisent pas la relation qui est à la base de tout contact humain. La vie de Jésus est un discernement qui nous fait découvrir le projet de Dieu et le chemin vers les autres.

Jésus vit dans une époque déboussolante. En politique, le pays est occupé par les Romains. Collaborateurs et résistants s’opposent et chacun veut attirer Jésus dans son camp. Au plan religieux, on vit dans une période d’attente d’un messie glorieux qui va rétablir le pouvoir d’Israël. On a voulu un jour, faire de Jésus un roi. En théologie, les groupes s’affrontent, pharisiens, sadducéens s’approchent de lui pour  «  le tenter » en lui posant des objections qui le disqualifieront.

Ses disciples eux-mêmes qui ne comprennent rien à son mystère veulent le détourner de sa voie tragique. On sait comment Jésus a repoussé durement les propositions de Pierre : « arrière de moi tentateur. » C’est au long d’une vie parsemée de tous genres de tentations que Jésus nous apprend à vivre tel que Dieu peut y trouver, en priorité,  sa place  de Dieu qui s’est mêlé à la vie des hommes. La personne de Jésus est pour le monde, la Bonne Nouvelle ; son comportement est l’enseignement évangélique et  sa vie est l’alliance nouvelle.

 En ce premier dimanche, la première étape du cheminement vers la Pâque, Jésus nous met avec lui dans l’environnement originel de l’homme religieux: le désert . Toute la Tradition biblique a opté le désert comme le lieu de la Parole, lieu des premiers amours de Dieu et de son Peuple.  Le désert  se dit en hébreu « Mid-Bar », le lieu vide de parole, le champ premier du monde, le tohu-bohu, tout est encore à l’état informe.

Avec le Christ « poussé par l’Esprit au désert », nous sommes initiés au désert de notre monde, au désert qui se trouve en nous, notre solitude intérieure, avec ce merveilleux passage de l’évangile de St Matthieu au chapitre VI. Seul quelqu’un qui a vécu et découvert le lieu privilégié qu’est le désert, peut nous parler ainsi de la solitude. « Ton Père voit ce que tu fais en secret : il te le revaudra. »

Le carême nous rappelle les engagements de Dieu envers la communauté humaine, envers chacun de nous. En prenant connaissance de ce qui a été déjà fait nous réalisons la consigne de Jésus : « convertissez-vous et croyez à l’Evangile. » Durant deux mille ans de vie, l’Evangile a contribué à rendre l’homme plus humain. Ses valeurs ont permis que « les questions éternelles se jouent au niveau de la terre, dans l’expérience humaine, dans la chair, dans le souffle de l’homme. »

D.L.