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2ème dimanche de Carême B
 
 
Genèse 22,1..18 - Romains 8,31-34 Marc 9,2-10
 
     
 
Mémoire de l'incarnation. Le Verbe s'est fait chaire et la chaire est transfigurée.
 
     
 
19 Mars 2000
 
     
 

Le Jubilé , comme la mémoire de 2000 ans de rédemption, nous fait vivre le carême dans une longue histoire de relation entre Dieu et les hommes. Nous retrouvons le désir de Dieu de se mêler aux affaires des hommes.  Après l’alliance avec Noé, le voici en négociation avec Abraham. La pacification d’un environnement une fois acquise, Dieu prendra soin de remettre l’alliance à un autre niveau. Comme les étoiles dans le ciel, comme les grains de sable au bord de la mer, ainsi seront ses descendances. Pour être au niveau de l’incommensurable du nombre, la qualité de la relation avec Dieu gagnera en profondeur. La relation « paternité-filiation », quittera le terrain confusionnel, fusse-t-elle au prix d’une déchirure, pour devenir des relations personnelles, uniques. C’est l’histoire du sacrifice d’Isaac.

A chaque étape de l’alliance, l’homme se rapproche de Dieu, se dépouille un peu plus, et Dieu entre dans tout ce qui est humain, son esprit, son cœur, son langage, ses coutumes, sa vie. La rencontre de l’homme avec Dieu se voit dans le regard de l’homme. Désormais, au cœur des absurdités de la vie, l’homme peut voir au-delà des événements, dire son espoir, et se mettre au travail pour faire évoluer le monde. Devant la mort, il pense à la naissance, à la vie. Il témoigne de la présence rencontrée. Le symbole de la foi des chrétiens n’est pas d’abord la croix, mais un poisson, « ictus », christ, signe de celui qui est plus fort que la mort.

A écouter l’Evangile qui  raconte ce que dit Jésus, ce que fait Jésus, on garde l’impression que sa vie est relation, celle avec le Père, celle avec les hommes. Il laisse entendre qu’il est venu comme l’Alliance du Père avec les hommes, et les hommes avec le Père. La mémoire de l’Incarnation regarde Jésus qui vient vivre au milieu de la communauté humaine.

Depuis quelques jours, Jésus ne cesse de parler de la mort, sa mort, de ses souffrances. Cette absurdité qu’est la mort, serait-ce pour que nous tombions tous dedans que la vie nous a été donnée  ?

Six jours après l’annonce de sa mort précise Marc, Jésus  gravit  une haute montagne avec quelques disciples. Il est à l’écart, le lieu habituel de sa prière. Dans ce lieu de Dieu, il laisse voir ce qu’il a déjà dit quand il parle de sa mort. Il n’y a pas de mort sans naissance à la vie. « Le Fils de l’homme devait souffrir, être rejeté par les anciens, les grands prêtre et le scribes, être mis à mort et, après trois jours, ressusciter. »

Le récit de la Transfiguration de Jésus  dit  ce sentiment d’émerveillement et de frayeur des trois apôtres devant le vrai visage de Jésus. Ils voient sur ce visage transfiguré la vraie identité de Jésus. Dans cet homme de Nazareth qu’ils ont suivi depuis un moment, ils découvrent le Fils de Dieu tel qu’il doit être dans son Père, ils entendent ce que Jésus a entendu lui-même, lors de son baptême : « Celui-ci est mon  Fils bien-aimé. Ecoutez-Le ».

 
 

La plus grande consigne que les enfants d’Israël ont reçue jusqu’ici  comme la parole essentielle de l’Alliance :« Shema Israël », « Ecoute Israël », se précise à la transfiguration. Il n’y pas seulement les commandements  à écouter. En Jésus, il y a la Parole de Dieu à regarder, car ici, la parole ne se prononce pas, elle se laisse voir. A le voir, on sait parler à Dieu, on sait qui on devient. « Dieu s’est  fait porteur de la chair pour que l’homme puisse devenir porteur de l’Esprit, « pneumatophore ». L’homme transfiguré  laisse paraître à travers son corps opaque, la même lumière vue par les trois disciples sur les vêtements de son maître. Ils sont « resplendissants, d’une telle blancheur qu’aucun foulon sur terre ne peut blanchir de la sorte ».

La mémoire de l’Incarnation découvre qu’en Jésus, le monde est secrètement « buisson ardent ». Il brûle sans être consumé.  La transfiguration du corps, de tout corps, se voit même sur un visage défiguré, dans la lueur de son regard angoissé. La souffrance crie le désir secret d’être transfiguré, d’être passé au-delà de la condition de tous les jours. Ce qu’on appelle l’évolution de la nature est la lente intégration de l’homme et du monde dans le mystère « mort-résurrection »que nous trouvons dans le mystère pascal.

Elie et Moïse, deux têtes de lignes, la Loi et les prophètes, qui ont contribué à éduquer le peuple de Dieu et à faire avancer l’Alliance, sont là, comme sur le Sinaï et l’Horeb, pour témoigner de la continuité de l’engagement de Dieu en Jésus. L’Alliance continue. Sa vie dans le monde entraîne tout avec lui, vers son retour  dans la gloire, la Parousie. C’est le jour où l’humanité, où chacun de nous s’incorpore dans le corps glorieux de Dieu-homme, Jésus à la transfiguration.   D.L.