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3ème
dimanche de Carême B
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Exode 20,1-17 1 Corinthiens
1,22-25 Jean 2,13-25
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Dimanche
C.C.F.D.
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26
Mars 2000
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On arrive à estimer maintenant la date de l’évangile de St Jean. Il se situe vers l’an 100, c’est à dire 30 ans après la destruction du Temple . Au moment où ces lignes sont écrites, Jérusalem est une ville interdite aux juifs. Ils sont chassés de la Palestine. Le Temple n’est qu ‘un amas de ruines. Plus de prêtres ni de scribes, plus de pèlerins ni de vendeurs dans le Temple. St Jean, avancé en âge, revoit la scène que nous venons d’entendre avec les yeux de ses 20 ans, et l’expérience peut-être du dernier témoin qui a vu le Christ vivant au matin de Pâques. Il a vu, il a touché le Christ ressuscité, le Christ avec son corps transfiguré dans la nature de Dieu . C’est à la lumière de la résurrection qu ‘il a saisi le sens de la parole de Jésus : « Détruisez ce temple et en 3 jours je le relèverai ». L’incident avec les marchands du Temple
n’est pas relevé dans l’évangile comme l’histoire d’un conflit. St
Jean veut nous faire rencontrer Jésus qui sait déjà ce qui va lui
arriver. Retrouver le visage de Jésus avant sa Passion, au milieu
d’une Jérusalem en ruines, c’est la force de la mémoire qui vit désormais
au-delà des changements de ce monde . Il est loin déjà le temps où Israël
a reçu de Moise les Dix Commandements. C’était, au départ, une sorte
de consensus pour vivre ensemble en qualité de peuple : on respecte
les autres et leurs biens, on respecte celui qui a inspiré ces paroles
de sagesse . Après ces dix paroles de Dieu, Israël
a possédé une terre, un roi, un système politique qui l’a mis au rang
des peuples des alentours. Enfin il a pensé à offrir un lieu de rendez-vous,
considéré comme la Maison de Dieu, le lieu de l’Alliance, le Temple
. Mais c’est avec réticence que Dieu
accepte la proposition, car Dieu ne peut se laisser lié à un lieu où il
n’y a pas de vie . On ne peut pas assigner Dieu à résidence, l’enfermer
dans des prisons dorées, des sanctuaires où il est mis à part, hors de nos vies. Israël a mis beaucoup de temps pour
comprendre ce refus de Dieu . Le Temple de Jérusalem construit par
Salomon au Xème siècle avant Jésus-Christ sera détruit et reconstruit
plusieurs fois pour être
enfin réduit à l’état actuel. De tous les fastes des temps anciens,
il en reste un mur de soutenement appelé mur des lamentations. C’est
le drame de tout un peuple que Jésus a prédit et pleuré. Le Temple
ne sera plus jamais comme
l’avaient rêvé les rois d’Israël. Et c’est dans cet état de dépouillement,
devant un mur, la tête en plein air, qu ‘aujourd’hui les enfants d’Israël
viennent trouver et adorer le shekina, c’est-à-dire la présence de
Dieu . Pour prier Dieu, pour l’adorer,
nous avons besoin d’un lieu . Mais ce lieu, le vrai temple, le lieu
de rendez-vous véritable, ce sera le coeur de chacun de nous. Cette
construction à l’intérieur de l’homme est l’oeuvre du Seigneur . Il
a commencé à partir de son propre corps : « Détruisez ce temple
et je le rebâtirai en trois jours.» Il faudra l ‘expérience des apôtres
devant le Christ glorifié pour que le monde comprenne que désormais
le lieu de la Présence de Dieu n’est plus un édifice, mais c’est Quelqu‘Un. C’est le Corps du Christ.
Toute la liturgie chrétienne n’existe qu‘autour de ce Corps. La liturgie
a pour mission de nous introduire dans ce mystère . « Vous êtes
le Temple de Dieu ... vous êtes le Corps du Christ . » Nous découvrons
avec le Christ tout au long de son cheminement vers Jérusalem pour
y mourir, l‘éminente dignité de l’homme appelé à vivre dès maintenant
sa vie, dans le mystère de Dieu. |
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